Le Mali a célébré la journée de l’industrialisation de l’Afrique le 20 novembre dernier. La direction nationale des Industries que dirige Adama Konaté a fait une communication par rapport à l’industrialisation de l’Afrique.
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Selon le conférencier, l’Afrique peut bien s’industrialiser. Il fonde son argumentation sur certains constats. Cette communication que nous vous proposons, met l’accent sur l’industrialisation comme moteur de croissance.
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Lisez plutôt l’exposé fait par le directeur national des Industries du Mali, M. Adama Konaté : « Oui ; sans aucun doute. L’Afrique peut bien s’industrialiser !
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Pourquoi s’industrialiser ? En effet, la performance économique mondiale, ces dernières années, montre que l’industrialisation, et en particulier l’industrie manufacturière joue un rôle capital dans le développement général des nations. Les pays dotés de secteurs hautement industrialisés, connaissent une croissance économique plus grande, créent des emplois en plus grand nombre et réduisent considérablement l’incidence de la pauvreté.
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A cet égard, l’industrialisation est conçue, pas seulement comme un moteur de la croissance, mais un élément de la transformation socio-économique, technologique et financière qui permet à un pays en développement d’accéder au statut d’économie de marché développée.
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Aperçu sur le développement industriel en Afrique
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La plupart des dirigeants africains, au lendemain des indépendances, ont adopté diverses stratégies et politiques au niveau national afin de favoriser le développement industriel de leur pays : politiques de substitution de productions nationales aux produits importés, développement des sociétés et entreprises d’Etat, développement du secteur privé. Le constat aujourd’hui est que ces stratégies des années 60 et 70 reposaient dans de nombreux cas sur des hypothèses qui se sont révélées inadaptées car les pays africains dans l’ensemble, quelle que soit l’option choisie (socialiste, libérale, sans option affichée) se sont la plupart du temps, trouvés sous programme d’ajustement structurel à partir des années 80 à cause des difficultés économiques rencontrées.
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Par ailleurs, tandis que la part des pays en développement dans la production manufacturière passait de 11% en 1975 à 26% aujourd’hui, celle de l’Afrique subsaharienne tombait de 1,5% à 0,3%. En termes de revenus les disparités entre pays développés et pays en développement continuent de se creuser : le rapport, qui était de 33 pour 1 en 1960, est passé à 74 pour 1 en 1997.
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La plupart des pays sous-industrialisés souffrent de leur manque de compétitivité, en particulier, les pays enclavés où les coûts de production handicapent les filières locales face à la concurrence internationale. Les infrastructures de base (routes, télécommunications, énergie) ne sont pas fiables et les approvisionnements sont irréguliers. Ne dit-on pas très souvent, quand on fait la commande d’une matière première africaine, on ne sait pas ce qu’on va recevoir, quand et comment on va la recevoir. Même les opportunités offertes par les marchés des pays industrialisés ne sont pas mises à profit par les entreprises de nos pays. L’industrie traditionnelle basée sur les ressources perd peu à peu de sa part de marché par rapport aux industries à forte intensité de savoir et d’information et de technologies. C’est ce qu’on appelle la nouvelle économie.
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Quant aux ressources humaines locales, elles sont souvent insuffisamment formées au regard des compétences professionnelles que réclament les transferts technologiques. L’industrie africaine ne semble donc pas performante. Les activités de valorisation cèdent le pas aux échanges commerciaux immédiatement rentables mais créant moins de valeur ajoutée. Depuis les années d’indépendance certains pays continuent à produire et à exporter des matières premières qui pourraient être valorisées sur place. Or le nouveau concept industriel exige la création de valeur ajoutée grâce à la transformation industrielle des produits agricoles. Les pays émergents ne sont-ils pas ceux dont les économies reposent essentiellement sur les exportations de produits finis ?
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Et pourtant notre continent dispose de deux atouts pour s’industrialiser : la rentabilité et les potentialités.
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Selon la plupart des organismes d’appui au développement, en l’occurrence l’ONUDI, la rentabilité des investissements est constamment plus élevée en Afrique que dans toute autre région du monde. Quant au potentiel, notre continent dispose d’immenses ressources naturelles, minérales et humaines encore inexploitées dont la mise en œuvre requiert moins d’investissements que dans les autres régions développées. D’où l’intérêt d’attirer les investissements directs étrangers et impliquer davantage les opérateurs publics et privés.
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Pour le cas spécifique de notre pays, malgré le dispositif législatif et réglementaire mis en place, le taux de réalisation des projets agréés au Code des Investissements demeure encore bas, surtout pour le secteur manufacturier.
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Suggestions et recommandations pour l’industrialisation de l’Afrique
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Face à cette situation, quelles stratégies adopter pour un développement industriel durable des pays africains durant le XXIè siècle ?
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Pour répondre à cette question, il suffit de se référer aux résultats des enquêtes menées par des organisations internationales auprès d’un échantillon représentatif d’investisseurs qui ont défini un certain nombre de critères qui conditionnent leur attrait pour tel ou tel pays. Ces critères se résument comme suit : l’existence d’un marché large ; la disponibilité de partenaires fiables sur le plan local ; la qualité de la main d’œuvre ; la proximité des acheteurs ; la qualité des infrastructures de base ;la confiance entre l’Etat et les investisseurs ; l’accès facile aux marchés financiers ; le traitement national accordé aux investisseurs étrangers ; la garantie de l’expropriation ; le manque de restriction à l’exportation ; la simplification des formalités administratives ; la protection de la propriété industrielle ; la normalisation et la régulation de la qualité ; la sécurité juridique et judiciaire ; la stabilité politique ; la réglementation bancaire et le risque de changes.
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Ces critères montrent qu’aucune action isolée, fut-elle réussie, ne suffit à elle
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seule à garantir une croissance industrielle soutenue. Il est donc indispensable de mettre en œuvre un ensemble de mesures formant une masse critique et permettant de s’attaquer aux faiblesses existantes dans plusieurs domaines simultanément. Des politiques appropriées dans un seul domaine sont une condition nécessaire d’une expansion rapide mais non suffisante. Les incitations fiscales ne suffisent plus pour attirer les investisseurs.
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C’est en s’attaquant simultanément à la satisfaction de l’ensemble de ces critères que les pays africains seront en mesure de transformer leurs avantages comparatifs en avantages de compétitivité. Autrement, les entreprises africaines ne pourraient pas pleinement profiter des opportunités offertes sur les marchés extérieur et local à cause des coûts de transactions élevés (cf. tableaux en annexe). Actuellement les produits manufacturés ne représentent que 19% du total des exportations des pays africains tandis que les importations d’articles manufacturés représentent 70% du total.
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Par ailleurs si durant les années 60, les matières premières représentaient les ¾ des échanges commerciaux mondiaux, de nos jours ces échanges sont constitués au 2/3 par les produits manufacturés procurant plus de valeur ajoutée. A l’instar d’autres continents, le nôtre doit s’orienter vers une maîtrise de ses filières c”est-à-dire procéder à une transformation complète, en d’autres termes, les articles manufacturés en coton devraient se substituer progressivement aux fibres de coton vendues actuellement sur le marché extérieur.
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Sur ce plan, les entrepreneurs locaux sont des partenaires indispensables pour la transformation de petites entreprises en opérations industrielles compétitives. En effet si les investissements étrangers directs contribuent pour une part importante à la formation du stock de capitaux des pays, rien ne peut remplacer la mobilisation de l’épargne et des ressources nationales comme moteur puissant de la croissance. De plus il faut s’efforcer encore davantage de découvrir et de créer de nouvelles ressources nationales. D’où le rôle particulier que le secteur privé peut jouer à cet effet. En définitive il revient aux hommes d’affaires et aux investisseurs africains de témoigner de la confiance qu’ils placent dans l’économie de leur propre pays et d’investir dans l’avenir de leur contient.
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Toutefois les actions du secteur privé doivent être soutenues par la création d’infrastructures de base adéquates : zones industrielles, conçues de plus en plus sous forme de technopoles, énergie, routes, télécommunications. Sans infrastructures, pas d’industrie viable. Les besoins d’investissements sont très importants en matière de réalisation d’équipements collectifs. En l’absence de ressources publiques conséquentes, l’Afrique doit s’inspirer de l’expérience d’autres pays en matière de mobilisation de ressources notamment par le système ‘’Construction Exploitation Transfert de propriété’’.
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Toutefois il convient de signaler que les infrastructures adéquates profiteraient davantage à un pays si le secteur privé local est fort et dynamique. Pour un pays enclavé comme le nôtre, en matière d’infrastructures, l’accent doit particulièrement être mis sur la maîtrise énergétique (base de tout développement économique) et la construction de routes bien aménagées pour favoriser et sécuriser les échanges avec les pays limitrophes et le reste du monde.
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Dans certains domaines des progrès significatifs ont été réalisés mais pour d’autres, beaucoup reste à faire surtout au niveau de l’amélioration des compétences et l’instauration de la confiance entre les secteurs public et privé pour un développement industriel durable.
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Conclusion
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Le développement économique d’un pays est aujourd’hui basé sur le dynamisme de son secteur industriel. Aussi l’industrie doit-elle être classée au premier plan de tout programme d’action en faveur du développement d’un pays. Elle ne doit pas être considérée comme une priorité mais la priorité car les pays développés sont tous industrialisés et les pays en développement le sont moins.
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En outre, le secteur industriel, de par ses effets induits sur l’économie, notamment sa contribution au Budget national, permet à l’Etat de promouvoir des secteurs sociaux, en l’occurrence, l’éducation et la santé.
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23 novembre 2007
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