Le Centre International de Conférences de Bamako a abrité, le 23 janvier, les travaux de la Journée Nationale de la Prospective au Mali. Cette rencontre, dont l’ouverture était présidée par le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, et dont l’éclat a été rehaussé par des sommités dans le domaine des sciences économiques, a été sanctionnée par des recommandations à même de constituer une véritable feuille de route, prenant en compte le long terme, dans le cadre d’une gestion efficace du développement.
Cette Journée répondait à la nécessité de promouvoir et de vulgariser, à tous les niveaux de décision, la démarche et la culture d’analyse prospective. Quant à l’objectif général de la Journée, il consistait à promouvoir un état d’esprit global, systémique, avec une vision à long terme des problèmes de développement, donc de type «Prospectif Stratégique» auprès des décideurs. Il s’agissait de mieux informer et sensibiliser le public cible concerné à l’objet général et à l’utilité de la prospective dans le processus de gestion du développement d’un pays.
Des invités de marque, qui sont autant de sommités dans le domaine des sciences économiques, étaient présents, à l’image du Pr Alioune Sall, l’actuel Directeur de l’Institut des Futurs Africains, qui a développé le thème relatif à «La prospective: défis et enjeux de l’anticipation dans un contexte de mondialisation», de Baba Top du Sénégal et de Constant Zeze, ancien ministre de la Centrafrique, qui ont conjointement exposé sur le thème «Comment passer de la réflexion aux actions : prospective, planification stratégique et gestion du développement : de quelles capacités institutionnelles, méthodologiques et en ressources humaines avons-nous besoin pour mieux concevoir et gérer le développement du Mali? ».
Au niveau national, Ousmane Diallo, le Coordonnateur de «L ‘Etude Nationale Prospective, Mali 2025», qui a eu le don d’être prophète chez soi, a fait une communication sur «L’Etude Nationale Prospective, Mali 2025 et la crise multiforme de 2012: la crise n’aurait-elle pas pu être évitée, ou au moins atténuée?».
Au nombre des invités d’honneur figuraient aussi des experts de renom, comme Mamadou Moustapha Kassé, Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, et Conseiller spécial du Président de la République du Sénégal, Macky Sall, Kako Nabukpo, ministre de la Prospective et de l’évaluation des politiques publiques du Togo, tous deux spécialement recommandés par le Président IBK, à en croire en tout cas, le ministre du Plan et de la Prospective, et l’Ambassadeur José Brito, ancien ministre du Plan du Cap Vert et premier Directeur des «Futurs Africains».
Cette brochette de personnalités a fait des témoignages très enrichissants sur l’expérience de leurs pays et leurs expériences respectives en matière de prospective. Le témoignage du Cap Verdien José Brito pourrait même constituer un véritable bréviaire de bonne gouvernance économique et de bonne gouvernance tout court, dont le Mali devrait s’inspirer. Une réussite servie par la prospective et une stratégie reposant sur quatre piliers: le développement des infrastructures, la bonne gouvernance, le développement des ressources humaines et la nation globale.
«Le ministère du Plan et la Prospective prend toute la mesure de la volonté et des principaux engagements du Président de la République, en particulier celui de donner à notre pays un futur choisi et partagé. Les résultats des travaux de la présente Journée constitueront des éléments importants pour l’élaboration d’une feuille de route pour actualiser le choix des scenarii, tenant compte des changements intervenus depuis 1999, et pour veiller à ce que l’opérationnalisation des recommandations pertinentes qui en découlent soient effective, cette fois-ci. Cela nécessite un renouveau du Système National de Planification pour le développement et une utilisation systématique de la prospective dans tous les secteurs d’activités» avait souligné le ministre du Plan et de la Prospective à l’ouverture des travaux.
Des recommandations ont effectivement sanctionné la Journée. Donner à la Prospective la place qui est la sienne en tant que politique d’orientation, renforcer le leadership politique des fonctions de prospective et de planification stratégique, ne pas déléguer la définition de nos politiques de développement aux partenaires extérieurs, apprendre à innover et à promouvoir la compétitivité, apprendre à concevoir et à conduire un processus de transformation nationale, identifier et évaluer les besoins en capacités institutionnelles et humaines en gestion du développement, former les différents acteurs impliqués dans le processus d’études prospectives, ce sont là les principales recommandations formulées par les participants à l’issue des travaux.
S’y ajoutent la rénovation et le renforcement du système de planification et de statistique et la mise en place d’un système permanent de veille prospective et stratégique. Il s’agit, enfin, d’actualiser l’ENP Mali 2025 ou lancer une nouvelle étude prospective à l’horizon d’une génération et de créer un portail de centralisation des études en matière de développement au niveau de la Direction Nationale de la Planification et du Développement.
Pour le Premier ministre Oumar Tatam Ly, «le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) pour la période 2013-2018 traduit la vision du changement de Son Excellence Monsieur le Président de la République, vision validée par l’électorat à plus de 77%, en un programme opérationnel. Il est conçu de manière cohérente avec le CSCRP, réputé aligné sur la Vision de l’Etude Nationale Prospective (ENP) Mali 2025. Il s’articule également avec le Programme pour la Relance Economique Durable (PRED), que le Président de la République a promis de mettre en œuvre, conformément aux engagements réciproques du Mali et de ses partenaires, suite à la Conférence internationale «Ensemble pour le Renouveau du Mali», tenue à Bruxelles le 15 mai 2013».
Il convient de rappeler ici que le Programme d’Action Gouvernemental s’articule autour de six axes, qui vont de la mise en place d’institutions fortes et crédibles, à celle d’une politique active de développement social, en passant par la restauration de la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national, la mise en place d’une politique active de réconciliation nationale, la reconstruction de l’école malienne et la construction d’une économie émergente.
Le gouvernement est pleinement engagé dans l’opérationnalisation de ce programme, où la mise en place d’institutions fortes et crédibles tient une place essentielle, avait indiqué le Premier ministre Oumar Tatam Ly.
Yaya Sidibé