En procédant, le mardi 17 décembre à l’inauguration de la centrale hydroélectrique de Félou (Mali) et à la pose de la première pierre du barrage de Gouina, deux complexes, relevant de la Société de Gestion de l’Energie de Manantali (SOGEM), les pays qui composent l’OMVS, viennent de prouver que cette organisation est véritablement un exemple de coopération régionale réussie. Il faut rappeler que ces deux réalisations entrent dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique Energétique Commune (PEC) des Etats membres de l’Organisation de Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS).
Situé à 250 km à l’aval du barrage de Manantali et à 15 km au sud-ouest de Kayes, le complexe de Félou a couté la coquette somme de 221 milliards de F CFA (125.734.129 d’euros). Cet ouvrage est cofinancé par les gouvernements du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal ainsi que l’Association internationale pour le développement (IDA) et la Banque européenne d’investissement (BEI). Cette importante infrastructure hydroélectrique devra permettre aux quatre pays de l’OMVS d’améliorer significativement leurs capacités énergétiques. Longue de 945 mètres et d’une hauteur de 2 mètres, la centrale de Félou est équipée de 3 groupes de type bulbe. La chute maximale est de 13,9 mètres. Elle pourra produire annuellement près de 431 GWH pour une puissance installée de 60 MW.
Cette réalisation est un témoignage supplémentaire de la bonne coopération sino-africaine en ce sens qu’elle est l’œuvre du consortium chinois Sinohydro Corporation, constructeur du barrage des Trois-Gorges en Chine. Outre ces données importantes, le complexe de Félou comporte également plusieurs ouvrages à savoir : le seuil ou barrage, l’ouvrage de tête ou prise d’eau, le canal d’amenée, l’usine, le poste de départ 225 KV et la ligne Haute Tension 225 KV d’évacuation de l’énergie vers le poste de Kayes qui va fournir l’électricité aux sociétés d’électricité des Etats membres suivant un cadre juridique de cession, un protocole tarifaire, un autre d’interconnexion, un mécanisme de concertation…
Ce réseau de transport Haute Tension est long de plus de 1700 km et comprend 12 postes de transformation HT/MT au Mali, en Mauritanie et au Sénégal. Cet aménagement a pour vocation de valoriser les ressources énergétiques du Bassin du fleuve Sénégal, par la production d’électricité en vue d’améliorer les conditions de vie des populations des pays membres de l’OMVS. Il faut préciser que c’est en 2009 que les travaux de cette infrastructure ont débuté pour un coût de 142 millions de dollars. Grâce à cette réalisation bientôt les délestages que connaissent certains pays de l’OMVS ne seront qu’un lointain souvenir, ce qui pourra aussi contribuer à une baisse significative du coût de l’électricité dans ces pays. D’autant plus qu’elle sera bientôt renforcée par le surplus d’électricité que pourra fournir la Mauritanie qui vient de se doter de deux centrales, l’une construite par le groupe finlandais Wärtsila de 120 MW, est financée en partie sur fonds propre pour un coût de 125 millions d’euros qui fonctionne avec le fuel lourd et le gaz et l’autre à l’énergie solaire d’une capacité de 15 MW financée totalement avec 22 millions d’euros. D’ailleurs, des accords sont concluspour permettre au Mali et au Sénégal de bénéficier de ce surplus d’électricité.
Les travaux du barrage de Gouina lancés
Quant au centre hydroélectrique de Gouina dont la pose de la première pierre a eu lieu conjointement avec l’inauguration du complexe de Félou, il est situé à environ 80 km en amont de la ville de Kayes, 195 km à l’aval du barrage de Manantali, et 64 km en amont des chutes de Félou. Ce projet comprend la construction d’un barrage à seuil déversant au droit du lit mineur du fleuve à l’amont immédiat des chutes de Gouina, la création d’un réservoir à la côte de retenue normale 75, et la construction d’un canal de dérivation et d’une usine hydroélectrique de 140 MW de puissance installée sur la rive gauche. Sa production annuelle est estimée à 620 GWh. L’achèvement des travaux est prévu 2018 avec un coût de 50 milliards de FCFA. Parallèlement à cette réalisation, la mise en œuvre d’autres sites de production de l’énergie est également prévue à Gourbassi (25MW), Koukoutamba (280 MW), Bouraya (240MW) et Badoumbé.
L’OMVS un modèle réussi d’intégration
Des ouvrages qui interviennent après la réalisation du barrage anti-sel à Diama (à 27 km en amont de Saint Louis, Sénégal) pour empêcher la montée de la salinité de l’océan Atlantique vers les terres cultivables de la vallée en 1998, et celle du barrage régulateur hydroélectrique de Manantali (Mali) en 2002 qui a permis l’irrigation de 255 000 ha, la navigabilité du fleuve Sénégal de Saint-Louis à Ambidédi et un productible d’environ 807 GWh, en année moyenne d’hydraulicité.
Le barrage de Diama permet de stocker d’immenses quantités d’eau douce de 250 et 500 millions de mètres cubes, ce qui donne la possibilité d’irriguer plus de 100 000 ha et d’assurer la fourniture en eau potable de la ville de Nouakchott à hauteur de 100 % et de Dakar à 60%.
A ceux-ci s’ajoute l’aménagement des terres non encore valorisées le long du fleuve, la promotion et la diversification des activités génératrices de revenus, la réalisation de certains travaux routiers d’envergure pour constituer un système multimodal de transport. Il faut préciser que l’Organisation pour la Mise en valeur du Fleuve Sénégal n’est pas seulement reconnue comme un modèle réussi de coopération et d’intégration régionale en Afrique, c’est aussi un atout économique très important dans la mesure où elle permet d’améliorer les conditions de vie de nombreuses populations.
C’est en 1972 que les Chefs d’Etat du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal se sont réunis à Nouakchott dans un contexte de graves détériorations climatiques pour décider de la création de cette organisation. Ils seront rejoints beaucoup plus tard précisément en 2006 par la Guinée afin de conjuguer mutuellement leurs efforts pour maitriser la disponibilité de l’eau et rechercher les moyens d’une exploitation rationnelle et coordonnée des ressources du bassin du Fleuve Sénégal. C’est dans ce cadre que la SOGEM (société de gestion du barrage de Manantali) a vu le jour avec pour mission la réalisation du Projet Énergie Manantali ainsi que l’exploitation et la maintenance de tout autre ouvrage de production et de transport d’énergie.
La SOGEM a également été chargée de la réalisation de nombreuses infrastructures dans le secteur de l’énergie et des projets d’électrification rurale, notamment, ceux de Mahina/Bafoulabé et des villages en aval du barrage de Manantali au Mali, celui de Bakel-Gouraye-Sélibaby au Sénégal et en Mauritanie. Sa création sera suivie par celle de la SOGED (société de gestion du barrage de Diama) dont la mission essentielle consiste à l’exploitation, l’entretien et le renouvellement des ouvrages communs dont le barrage de Diama. S’y ajoute la création en 2011 de la SOGENAV (société de Gestion et d’Exploitation de la Navigation qui est chargée de gérer et d’administrer les activités de navigation et de transport sur le fleuve, ainsi que l’exploitation, l’entretien et le renouvellement des ouvrages qui lui sont confiés.
Trois structures qui matérialisent donc ce modèle d’intégration, car la SOGEM est dirigée par le Mauritanien, Cheikh Ould Abdellahi Ould BEDDA ; le Sénégalais Tamsir Ndiaye a été récemment installé à la tête de la SOGED et la SOGENAV est dirigée par le Malien Solomani Diakité et c’est le Guinéen Kabiné Komara qui est actuellement le haut commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS).
Masiré DIOP
Voilà une technique vraiment civilisée ! Ils sont vraiment trop fort…
🙄
http://www.dailymotion.com/video/x8ams7_francafrique-l-envers-de-la-dette-1_news
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