La finalité est de faire de notre pays le premier pays producteur d’amandes et de beurre de karité et disposant de la première industrie mondiale du karité.
La Fédération nationale du karité (FNK) a produit un document sur l’analyse de la filière dans notre pays. Ce document présente la filière karité, les contraintes, les propositions de solutions, les perspectives et les recommandations sur la filière karité dans notre pays. Dans son analyse, la FNK révèle que le nombre total de karité dans notre pays est estimé à 408.607.769 pieds pour une superficie estimée à 22.912.500 hectares du bassin du karité. La production moyenne par pied et par an est de 5 à 15 kg de fruits. Il faut 100 kg de fruits frais pour produire 50 kg de noix fraîches et 20 kg d’amandes sèches. Le rapport de la FNK précise aussi que le potentiel de marché en karité donne une estimation de production potentielle de 250.000 tonnes pour une estimation de collecte réelle de 150.000 tonnes et un export total de 53.000 tonnes. La consommation estimée est de 97.000 tonnes. Quant à l’exportation sous forme d’amendes de karité, elle est de 50.000 tonnes et celui sous forme de beurre de karité est de 3.000 tonnes.
Les principales sources d’exportation pour les amandes sont le marché national, sous-régional (le Burkina-Faso et le Ghana) et international (Asie, Pays-Bas et Danemark). Le beurre traditionnel et amélioré sont destinés au marché national, aux mêmes pays du marché sous-régional et pour les marchés internationaux cités. Quant aux produits dérivés (savons et pommade), ils sont consommés par le marché national et exportés sur le marché sous-régional. Malgré ces débouchés, la filière connaît des contraintes de production irrégulière et de dégradation des peuplements, l’existence de parasites végétaux dans les bassins de production, la faible densité des plantations, la faible connaissance du potentiel de production du karité. Les difficultés de collecte des noix et fruits, le ramassage, le transport, le vieillissement des parcs et le faible accès des femmes à la terre constituent d’autres contraintes de la filière. La filière karité connaît aussi des contraintes de transformation, car l’hétérogénéité des amandes collectées favorise la faiblesse des rendements à la transformation, la faible capacité des équipements, les difficultés d’accès aux équipements appropriés, de séchage des produits en saison hivernale.
La faible maîtrise des techniques améliorées, l’insuffisance d’infrastructures pour la conservation des noix bouillies séchées, les coûts des facteurs de production (énergie, main d’œuvre) sont également des difficultés de la transformation. Quant aux contraintes de commercialisation, elles vont des exigences normatives en matière de qualité, aux difficultés d’accès aux emballages appropriés (sacs, pots, fûts et sceaux plastiques), à l’insuffisance d’infrastructures appropriées (espaces de collecte, de vente et de transport), les difficultés d’accès aux informations des marchés, l’instabilité des prix et la multiplicité des intermédiaires. A cela s’ajoutent les contraintes transversales qui ont pour noms la difficulté d’accès au financement, la faible organisation des acteurs, la faible synergie entre les partenaires intervenant dans la filière, l’insuffisance d’informations commerciales, des bases de données et le faible niveau d’alphabétisation.
400 MILLIONS DE KARITE. D’ICI 2027. La FNK a, par ailleurs, proposé des axes d’amélioration du parc par le reboisement et la reforestation, une meilleure protection des peuplements, la mise en place d’un système d’estimation du potentiel de production et une meilleure connaissance du cycle de production pour la filière production. En ce qui concerne, la transformation, elle recommande la mise en place d’une usine de raffinage, le renforcement des capacités des unités existantes, l’élargissement de la base d’encadrement des productions et la diversification des productions à base de karité. La Fédération propose ensuite l’organisation de la mise en marché (aire d’entreposage, logistique transport), la facilitation de l’accès aux emballages appropriés, le développement d’un label « karité du Mali » et d’une stratégie d’accès aux nouveaux marchés asiatique et américain pour la filière commercialisation. La FNK a souhaité également la facilitation du financement des campagnes auprès des unités existantes, l’accès aux crédits d’équipement, le développement de la transformation du produit pour au moins les 2/3, l’amélioration de la qualité des produits (amandes et beurre), l’organisation des acteurs de la filière, l’augmentation et la répartition équitable des revenus des acteurs de la filière.
Le président de la FNK, Mamoutou Djiré a, lui, recommandé la mise en place des mécanismes appropriés de financement de la filière (subvention, ligne de crédit), la création et le développement des micro-entreprises de la filière et la mise en place des organisations de certification et d’accréditation. Il recommande aussi la mise en place d’un système d’information commerciale sur la filière et l’accélération de l’élaboration de la stratégie nationale de promotion de la filière karité. Mamoutou Djiré a enfin demandé la mise en place d’une interprofession, le développement de la synergie entre les acteurs et les structures d’appui. La FNK est une organisation faîtière créée en 2009 évoluant vers une forme interprofessionnelle afin de mieux défendre les intérêts des adhérents dans une approche chaîne de valeur et d’augmentation de la production. La FNK œuvre pour identifier avec les acteurs et les partenaires techniques et financiers des activités génératrices de revenus durables dans la filière karité, apporter une assistance technique aux femmes rurales productrices afin de maximiser le profit tiré dans leurs différentes activités de la filière. Elle lutte contre la désertification plantant des nouveaux pieds, forme des jeunes ruraux professionnels pépiniéristes en karité, initie, forme et finance des exploitants forestiers en karité et ambitionne un programme environnemental avec 400 millions de pieds de karité adultes à planter d’ici à l’an 2027. Les bénéficiaires du projet sont constitués essentiellement de femmes rurales des activités liées aux amandes et au beurre de karité occupant plus de 2 millions de femmes dans le bassin du karité du Mali. La finalité est de faire de notre pays le premier pays producteur d’amandes et de beurre de karité et disposant de la première industrie mondiale du karité.
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Changement climatique : MENACE SUR LES AMENAGEMENTS AGRICOLES
Les chercheurs du Challenge programme sur l’eau et l’alimentation (CPWF) ont tenu récemment en Afrique du Sud leur troisième Forum International sur l’eau et l’alimentation. Ils ont tiré une conclusion alarmante à la fin des échanges. Le changement climatique pourrait modifier le débit des grands bassins fluviaux d’Afrique, menaçant les récents efforts en matière de gestion de l’eau pour une meilleure production alimentaire et une résolution des conflits transfrontaliers, « Le changement climatique introduit un nouvel élément d’incertitudes juste au moment où, les bailleurs de fonds et les gouvernements commencent à discuter de façon ouverte du partage des ressources en eau et d’investissements à long terme visant à favoriser la production alimentaire », constate Alain Vidal, directeur du CPWF. Les chercheurs ont étudié l’impact potentiel des températures en hausse d’ici à 2050, mais aussi, les modifications des schémas de précipitations causés par le hangement climatique sur les bassins fluviaux dans le monde. Il en ressort des scénarios préoccupants pour certaines parties de l’Afrique et plus particulièrement dans le bassin du Limpopo, en Afrique australe. Cette zone est située entre le Botswana, l’Afrique du Sud, le Mozambique et le Zimbabwe et abritant 14 millions de personnes. « Dans certaines parties du Limpopo, même l’adoption massive d’innovations telles le « goutte à goutte » ne suffira pas à surmonter les effets négatifs du changement climatique sur les ressources disponibles en eau », affirme Simon Cook, chercheur au Centre International d’agriculture tropicale (CIAT) et responsable des projets portant sur les bassins fluviaux de CPWF. « Mais à d’autres endroits, des techniques utilisées en agriculture pluviale comme la collecte d’eau de pluie ou les zaï pourraient s’avérer intéressantes parce que les précipitations sont suffisamment importantes, ce qui permettrait de stimuler la production alimentaire ».
Le bassin du Nil pourrait également souffrir des effets du changement climatique, sachant que la hausse des températures pourrait augmenter l’évapotranspiration au point de « modifier l’équilibre hydrique du Haut bassin du Nil bleu », selon les chercheurs. Le bassin de la Volta que se partagent le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali et le Togo ne sera pas épargné. Ces changements doivent être pris en compte dans les stratégies de relance de l’agriculture dans les régions affectées, estiment les chercheurs. Des moyens innovants sont également mis en œuvre pour une utilisation plus productive des eaux de pluie. Actuellement, en Afrique, la gestion des eaux de pluies est perçue comme un élément clé pour l’amélioration de l’agriculture et de l’élevage. Certaines pratiques intelligentes sont pointées du doigt. Par exemple, des petits réservoirs peuvent être utilisés pour conserver l’eau en périodes sèches ou pour aider à contrôler les inondations. L’agriculture utilise 70% des ressources mondiales en eau douce aujourd’hui. Il est indispensable d’allouer et d’utiliser efficacement les ressources en eau pour garantir une production alimentaire en adéquation avec la croissance démographique, souligne l’étude du CPWF. De nombreux experts avancent que le rapport entre changement climatique et sécurité alimentaire devrait permettre à l’agriculture d’avoir une place de choix lors des débats sur le climat.
Synthèse
A.M. CISSE