Localité très riche de son sous-sol, mais aussi et surtout de son patrimoine culturel, la Commune rurale de Faléa est devenue en si peu de temps le point de convergence des sociétés d’exploitation minière. La Commune, qui doit faire face aux conséquences dévastatrices de cette exploitation, est laissée à son triste sort. Ici, l’absence de perspectives en termes de développement est évidente. Pour les populations, il faut agir, et vite. Réunis pendant trois jours pour un forum multiculturel, les militants de l’Association des ressortissants et amis de la Faléa, ont adopté des résolutions pour donner un nouveau souffle au développement de la localité.
Faléa, une commune de 21 villages et 18 000 habitants environ, dans la région de Kayes à près de 500 kilomètres de la capitale malienne. Tous les jours, sur le plateau deux foreuses creusent le sol en quête d’uranium. 5000 tonnes de minerais se trouveraient là. En cinq ans, des dizaines de puits de carottage sont apparus sur ces terres de cultures vivrières. L’exploitation minière proprement dite n’y a pas encore débuté. Mais le groupe canadien Rockgate poursuit la phase d’exploration, pour déterminer les meilleurs gisements et leur profondeur. Mais ce n’est plus qu’une question de mois, dit-on.
Ici, l’exploitation minière bat son plein. Car, l’or est partout. Plusieurs sociétés minières ont déjà posé leurs valises et la vente à tour de bras des permis d’exploitation, ont bouffé les champs et la végétation risque d’en pâtir.
Faléa est une zone riche, extrêmement riche de son sous-sol, mais également de sa diversité culturelle et de son patrimoine. Mais de nombreux sites touristiques, pouvant être conservés pour le développement du tourisme, sont fortement menacés. Et certains sont déjà victimes de la furie des multinationales à la recherche de minerais.
Pour les habitants, mobilisés contre cette exploitation sauvage du sous-sol, il y a péril en la demeure. Et si rien n’est fait, Faléa risque de disparaître dans les prochaines années. Regroupés au sein de l’ARACF (Association des ressortissants et amis de la Commune de Faléa), les habitants sonnent la mobilisation. Et pour eux, le temps presse.
Dans le cadre de ses activités de plaidoyer et de renforcement des capacités, l’Association a noué un partenariat avec la Fondation Rosa Luxemburg.
Du 25 au 27 mai derniers, un Forum multiculturel a réuni les représentants des 21 villages de la commune pour trouver les voies et moyens de promouvoir le développement de la localité, et sortir de la malédiction de l’exploitation minière. Le forum de Faléa se voulait une plate-forme de rassemblement et de mobilisation pour la préservation du patrimoine culturel.
Interpellation des autorités
Pour le porte-parole des 21 villages, la Commune de Faléa ne pouvait rêver mieux. L’exploitation aurifère a fait disparaitre les champs, et des sites du patrimoine culturel ont été détruits par les sociétés minières. En clair, pour Boukary Kéita, Faléa ne profite pas de sa richesse.
Parrainé par le Pr. Many Camara, le forum de Faléa a été la tribune de partage des expériences, de la formation d’une trentaine de para-juristes, et autant sur la problématique de la conservation des sites culturels, etc. Au terme des trois jours débats et d’échanges fructueux autour des questions inscrites à l’ordre du jour, les participants ont adopté plusieurs recommandations.
Les participants exigent des sociétés minières des garanties de protection de l’environnement, et du patrimoine culturel, l’apport au développement de la Commune dans les travaux d’exploitation du sous-sol. Aussi, ils ont sollicité les institutions nationales pour la mise en place d’un système de classement, de protection et de définition de projets concrets de valorisation de la localité.
Pour le coordonnateur du projet de renforcement des capacités de l’ARACF, ces recommandations feront l’objet de mise en œuvre et de suivi régulier. Selon Nouhoun Kéita, l’enjeu du développement de Faléa impose une mobilisation générale. Il annonce d’ores et déjà la mise en place très prochaine d’une équipe opérationnelle avec du matériel pour recenser les doléances et amorcer une démarche de concertation et de négociation locale autour des litiges, puis éventuellement des démarches juridiques en cas d’échec.
Le Forum multiculturel de Faléa a été sanctionné par la remise d’un véhicule aux populations des 21 villages par l’ARACF. D’une valeur de près 40 millions de F CFA, l’arrivée de cet engin sonne comme un réel motif de satisfaction pour les habitants. Ici, le trafic routier entre les villages est presque inexistant.
Le mauvais état des routes a dissuadé les transporteurs vers cette destination. La présence de ce véhicule permet donc, entre autres, un acheminement rapide des malades vers les centres urbains pour des soins et autres courses d’intérêt général pour la Commune.
Bref, pour les populations de Faléa, la pauvreté n’est pas une fatalité. Elles comptent prendre leur destin en main.
Issa Fakaba Sissoko
Envoyé spécial
Patrimoine culturel de Faléa :
Richesse inexploitée et menacée de disparition
La boulimie des multinationales, à la recherche minerais, a détruit de nombreux sites du patrimoine culturel. Les quelques sites existants sont dans un état de conservation amateur. Pour les anciens du village et les spécialistes du patrimoine, il faut agir maintenant.
Vendredi 24 mai 2013, au petit soir sous une pluie battante, une délégation de journalistes débarque à Faléa, une sous-préfecture située à une centaine de kilomètres de Kéniéba dans la région de Kayes.
Fondée par Dalisanga Kéita, Faléa est une zone riche de sa culture. Ici, l’hospitalité est une des vertus fondamentales. Les participants au Forum multiculturel, tenu du 25 au 27 juillet derniers, ont pu apprécier ce qui constitue la fierté d’une localité en Afrique traditionnelle. Commune cosmopolite, Faléa est majoritairement composée de Diallonké, Malinké, Diakanké et Peuls.
Dans cette Commune, les sites culturels (non encore détruits par les sociétés multinationales) sont nombreux, et tous représentent un symbole bien utile pour la localité. C’est le cas par exemple du site “Kotorè”, une place sacrée où les anciens du village procèdent à des sacrifices pour surmonter les difficultés du moment : envahissement des groupes armés, déficit pluviométrique, etc.
Depuis les années 1800, c’est ici que le village organisait ses sacrifices pour avoir la force de vaincre l’ennemi lorsque la guerre lui était déclarée. Pour le vieux Kéita, “Kotorè” fait partie de l’histoire de Faléa. C’est ici, explique-t-il, que nous avons imploré nos aïeux pour le retour de la paix au Mali. “Nous avons foi que nous serons entendus”, a déclaré le détenteur de la tradition dans le village.
Un site d’une importance capitale, mais menacé par l’action de l’homme, surtout avec l’avancée des travaux d’exploration de l’uranium par la société Rockegate.
Le tunnel, de plus de 200 m, construit par les générations anciennes servait de moyen efficace de protection des femmes et des enfants du village contre d’éventuelles agressions de l’ennemi. Aujourd’hui, ce patrimoine est en passe de disparaître.
A la sortie du village de Faléa, une rivière banale coupe la trajectoire à la piste d’atterrissage construit par la société Rockegate. Ici, peu de gens connaissent son histoire. Pourtant, nous explique le vieux Kéita, c’était ici la frontière entre le territoire peul et celui des Diallonké. Autrefois théâtre des opérations des conquêtes des royautés et des tribus, cette rivière est aujourd’hui abandonnée à son triste sort.
Tout comme “le bois sacré”, ou encore la “Place de Dalisanga” (qui a consacré l’acte de création du village de Faléa), plusieurs sites ont presque disparu de la carte. Pour les anciens du village et les spécialistes du patrimoine, il faut agir vite et maintenant !
I. F. Sissoko
Élections de juillet
Le sous-préfet de Faléa sonne la mobilisation
Pour la tenue de l’élection présidentielle du 28 juillet prochain, le sous-préfet de Faléa veut gagner le pari de la mobilisation et de l’accroissement du taux de participation. Profitant de la tribune de la cérémonie d’ouverture des travaux du Forum multiculturel, Soumaïla Sangaré a invité les populations à retirer leurs cartes Nina (numéro d’identification nationale).
“Ces élections sont les vôtres, et vous devez vous mobiliser fortement pour choisir le candidat de votre choix. Pour cela, votre carte est instrument indispensable”, a déclaré le sous-préfet de Faléa. Pour qui l’administration est à pied d’œuvre pour réussir le pari de la bonne organisation.
Un journaliste qui ne sait pas faire la différence entre un permis d’exploitation et un permis de recherche ne doit pas se permettre de porter des jugements. Mr le scribouillard, vous devez preuve de déontologie quand vous rédigez un article car son impact peut être désastreux. Vous “journalistes de seconde zone” êtes les mêmes qui ont mis le feu aux poudres sous ATT quand vous avez affirmer que l’exploitation avait commencer à Falea alors que ce n’était que des forages de définition. Il est grand temps que les gens assument leur responsabilités et arrêtent de blamer les sociétés minières. Comment croyez vous que l’Etat malien arrive à survivre si ce n’est grâce à l’or et au coton. Bref, l’Etat a des moyens de contrôle qui lui permettent de mettre fin à toute destruction de patrimoine culturel. “La volonté de vaincre est le premier pas vers la victoire” et il est temps que nous prenions notre destin en main. Que Dieu nous protège tous !!!
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