Le prêt accordé par l’AFD aide la société à engager un nouveau plan d’investissement portant sur une augmentation des superficies de 2 500 ha par an et un investissement conséquent dans les équipements industriels.
Le 16 octobre est consacré Journée mondiale de l’alimentation. La société Malibiocarburant a choisi cette date symbolique pour marquer un grand coup, avec la signature d’une convention de prêt de 820 millions de Fcfa, entre le directeur de l’Agence française de développement (AFD), Hervé Bougault, et son homologue de Malibiocarburant (MBSA), Hugo Verkuijl. La cérémonie s’est déroulée dans la cour de l’usine de production de biocarburant et dérivées de MBSA à Koulikoro. Elle était présidée par le ministre de l’Energie et de l’Eau, Habib Ouane, accompagné de son homologue français chargé de la Coopération, Henri de Raincourt. C’était en présence de l’ambassadeur de France, Christian Rouyer, du gouverneur de la région, Allaye Tessougué.
L’ancien ministre Nancoma Keïta, membre du conseil d’administration de Malibiocarburant, des représentants des départements de l’agriculture et de l’environnement, des services techniques et des responsables de l’Union locale des sociétés coopératives de pourghère et l’organisation faîtière ont assisté à la signature. Au moment où la polémique enfle sur la concurrence faite aux cultures vivrières par la production d’agro-carburants, l’acteur principal de ce secteur au Mali, Malibiocarburant, veut se montrer rassurant. En choisissant cette date, l’entreprise célèbre à sa façon, l’entente qu’elle a pu créer entre le jatropha, les cultures vivrières et d’autres cultures de rente comme le coton. Depuis des années, la production de biocarburants prend de l’importance dans le monde. Elle se pose en alternative à la flambée progressive du prix de l’énergie fossile et à la persistance de cette hausse.
Aujourd’hui, le spectre du bouleversement climatique impose la prospection de nouvelles sources d’énergies, renouvelables et moins polluantes de l’environnement, appelées « énergies propres ». Dans ce cadre, le développement de filières de biocarburants dans des conditions de production maîtrisée et régulée, présente une réelle opportunité pour les pays africains dont le Mali, a jugé Henri de Raincourt. En louant les vertus du jatropha ou pourghère, l’ancien apiculteur de Bourgognes en France, le présentera comme l’une des plantes les plus prometteuses pour la production de biodiesel. « Cultivé en milieu paysan, le jatropha peut s’insérer dans les systèmes de production et entrer en synergie avec les autres cultures alimentaires de l’exploitation », a-t-il dit. La plante présente beaucoup d’autres avantages : elle permet de préserver l’environnement par la séquestration et la substitution du carbone, combat l’érosion et protège les cultures en formant une haie vive. Le tourteau sert à fertiliser le sol. Il permet également l’accès à l’énergie au niveau local à l’aide de la biomasse.
Le développement de la filière biocarburants à partir de graines de jatropha engage de forts enjeux économiques. La cueillette et la vente des graines, par exemple, accroissent les revenus des paysans, créent de l’emploi en milieu rural et réduisent la pauvreté. C’est tout ce potentiel que Malibiocarburant compte mettre à profit à travers une agriculture contractuelle avec plus de 4000 producteurs. Pour mesurer la tenue de ce partenariat, la délégation ministérielle avait visité auparavant un champ de jatropha de l’Union locale des coopératives de pourghère de la commune rurale de Doumba, à une vingtaine de kilomètres de Koulikoro. La visite était guidée par la présidente de la fondation Malibiocarburant, Elisa Chirinian. Après avoir paraphé les documents de la convention, les personnalités ont visité les différentes structures de l’usine de production de biodiesel. L’unité centrale dispose d’équipements performants qui permettent aujourd’hui de produire du carburant directement consommable par les moteurs diesel. La glycérine (un dérivé de l’exploitation industrielle du jatropha) est une matière première dans la fabrication du savon.
La société produit ainsi du savon industriel dans une unité implantée sur le même site. A quelques mètres de là, les résidus de l’exploitation sont transformés en biomasse pour produire de l’électricité. Grâce à un générateur, on peut aujourd’hui fournir de l’électricité au niveau local, à travers la recharge de batteries électriques, a indiqué Kouressi Touré, le directeur de l’usine. L’accompagnement de la promotion de filières de biocarburants durables et porteuses de développement, par un appui aux investisseurs privés et aux politiques des Etats, constitue tout l’enjeu de l’aide publique au développement, a souligné Henri de Raincourt.
Le Mali, compte tenu des différents défis auxquels il est confronté, s’est lancé inexorablement dans la promotion des énergies renouvelables et du biocarburant comme en témoigne la création de l’Agence nationale pour le développement des biocarburants (ANADEB), a indiqué le ministre Ouane. Aujourd’hui, plus de 4250 hectares de jatropha ont été plantés par 4200 agriculteurs du Mali. La convention de prêt signée dimanche permettra à Malibiocarburant de prendre un nouveau départ grâce à la mise en œuvre de son nouveau plan d’investissement. Celui-ci prévoit une augmentation de 2 500 ha par an et par pays (Mali et Burkina), et un investissement conséquent dans les équipements industriels. L’objectif étant à terme, d’atteindre 12 000 ha de jatropha plantés par pays. Grâce aux activités de ses fondations au Mali et au Burkina Faso, Malibiocarburant fournit des services de conseil agricole aux producteurs. La société veille à l’intégration du jatropha dans les systèmes d’exploitation afin d’assurer une complémentarité avec les productions alimentaires en préservant la sécurité alimentaire.