La polémique continue de faire rage sur la scène publique, depuis la surprenante sortie du président de la Transition sur les raisons du retard accusé dans le démarrage des projets solaires annoncés en grande pompe par les autorités. En recevant les vœux de nouvel an des forces vives de la Nation, Assimi Goïta s’est autorisé en effet une restitution de l’évolution des installations solaires prévues à Safo, plusieurs mois après la pose de la première pierre du projet. On en déduit, par les explications du chef de l’Etat, que le décollage des travaux s’est heurté à une grossière spéculation foncière sur le site devant abriter lesdites installations. De quoi intriguer une opinion apparemment moins crédule que d’habitude. Et pour cause : pour une justification de l’empiètement sur les délais d’exécution, l’explication paraît pour le moins assez maladroite pour indigner les nombreuses victimes de la crise énergétique désabusées tant par sa persistance ainsi que par la multitude de rendez-vous manqués pour la juguler. L’opinion avale digère difficilement, en définitive, les tentatives du chef de l’Etat de charger une autorité communale d’une telle témérité, pas plus qu’elle n’accueille avec circonspection la célérité avec laquelle des occupants illégaux et opportunistes pourraient avoir colonisé un site réservé et déclaré d’utilité publique. Comment en l’espace de quelques mois des pauvres bénéficiaires de parcelles vendues par les maires ont pu ériger des bâtiments au point d’obstruer le projet présidentiel de la centrale solaire de Safo ? Les questionnements n’ont de cesse d’affluer de glutens parts et une parole présidentielle n’a jamais inspiré aux Maliens autant de scepticisme que justifie pour le moins les témoignages recueillis sur le terrain. Il nous revient, en effet, qu’aucun maire n’a vendu de terrain dans les circonstances décrites par le chef de l’Etat. L’endroit a certes fait l’objet d’un morcellement, mais il s’agit, selon nos sources, d’une démarche qui remonte à une quinzaine d’années au cours desquelles des bâtisses ont été progressivement érigées par les détenteurs de bulletins émis par la Mairie, pour le compte des légitimités du village de Torodo, qui en avaient fait la demande au nom de leur prétention à la propriété coutumière de la zone. La mairie n’en est d’ailleurs pas la seule émettrice. Les mêmes sources rapportent, par ailleurs, que la zone regorge de titres fonciers ainsi que de lettres d’attribution émanant de la préfecture ou des domaines de Kati et qu’EDM était depuis plus d’une année en pourparlers très avancés avec les occupants pour les besoins d’une ligne de haute tension. Beaucoup de détenteurs de titres de propriété ont été même identifiés et répertoriés pour d’éventuelles indemnisations, nous a-t-on confié, de sources concordantes. Autant dire que c’est sur le même site que le projet solaire d’Assimi Goïta est venu se superposer au vieux projet d’EDM, probablement à cause des besoins stratégiques de transport de l’énergie attendue de Safo. Quoi qu’il en soit, une occupation ayant cours depuis tant d’années ne peut-être qu’antérieure à la toute récente pose de la première pierre – dont la cérémonie s’est déroulée sur un site différent et mieux adapté, justement à cause de l’indisponibilité de la zone retenue, occupée en son temps par des bâtisses dont l’expropriation n’était pas encore effective.
Tout porte à croire, en définitive, que la confusion a été entretenue à dessein pour dissimuler les contours réels du faramineux projet solaire à son propre porteur, le chef de l’Etat, lequel semble n’en maîtriser que la seule expression d’une volonté politique. Il en résulte une dimension inédite de perte de confiance dans la parole d’Etat, à cause de cet écheveau de mensonges sur fond d’opportunisme et d’opacité autour des contraintes qui empêchent le projet solaire de décoller en tant qu’alternative au déficit énergétique à moyen terme. La nébuleuse s’était pourtant annoncée depuis les promesses épiques d’en finir dans un délai de quatre mois, avant que l’intrigue ne prenne corps avec le lancement symbolique des travaux (pose de la première pierre) avant même l’attribution du marché en conseil des ministres. Il y a peut-être lieu de s’interroger si les décaissements n’ont pas commencé alors que le site n’est pas encore disponible.
A. KEÏTA
Concrètement, le président de la transition, le maréchal Goïta, a posé la première pierre d’une centrale solaire sur un terrain appartenant à autrui. Lors de cette cérémonie de première pierre, il exerçait le pouvoir depuis trois ans: un temps insuffisant pour s’informer sur la propriété du terrain ? Qu’en est il des autres premières pierres: raffinerie d’or, centrales nucléaires, etc ?
la vérité finit toujours par se savoir