Développement : Pourquoi attendre tout de l’Etat et des projets

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Nonobstant la pauvreté dont mon pays est taxé par les grands économistes de la planète, j’ai toujours eu de la peine à admettre à quel degré,  l’assistanat y a trouvé un terreau fertile dans la mentalité des citoyens. Le terme est certes péjoratif et même lourd à porter, mais tout porte à croire que cette mauvaise idéologie ancrée sur l’attentisme et sur l’aide a plongé pour longtemps nos perspectives légitimes de progrès et d’indépendance économique.

S’il est vrai que l’Etat, c’est-à-dire l’organisation sociale et juridique pour laquelle la communauté a optée, a l’obligation d’assurer le bien-être de chacun et de tous, il est aussi frappant de reconnaitre que ce contrat  pèse autant sur lui que sur les autres entités qui en découlent : collectivités, communautés, villages, quartiers, citoyens. Ce devoir est constitutionnel et un homme d’Etat américain nous encourage à aider nos pays à nous aider. 

Or, il me semble que l’application du fonctionnement de ce système fonctionne mal dans notre pays. On a la pénible impression de réaliser que tout le monde ou presque attend tout de l’Etat ou au delà des ONG et des pays étrangers. Comme si nous n’étions capables de rien : incapables de répertorier nos besoins, incapables de nous organiser, incapables de faire face nous-mêmes à nos problèmes de compétences ou de financement. L’Etat lui-même, qui devient de facto la vache nourricière déshydratée est tellement débordé de demandes et de sollicitations tout azimut, qu’il ploie sous le fardeau de charges, de dettes et d’engagements qui s’accumulent jour après jour et année après année. Les produits de ses propres richesses étant nettement insuffisants à faire face à ses charges, il peine à véritablement décoller. Certains économistes plaident pour le déficit comme vecteur négligeable de la dynamique économique, mais ils font malheureusement abstraction du gonflement de la dette publique, du solde négatif des comptes, de la récession et de l’indignité  qu’il entraine dans son sillage graduellement, mettant les Etats dans un cercle vicieux de transfusé et d’Etat de second degré à la table des nations. Or, pour un Etat qui a très peu de moyens d’agir sur ce phénomène, la sortie de l’auberge n’est pas pour demain. La création monétaire pour faire face aux déficits crée l’inflation et l’emprunt aggrave la dette publique intérieure et extérieure.

Au delà de ces dédales dans lesquels l’Etat se démêle, les infrastructures réalisées et la gestion efficiente des ressources humaines, matérielles et financières interpellent. J’ai constaté dans un village environnant de Bamako que le marché moderne à poissons réalisé grâce au financement d’un pays ami était délaissé au seul motif que les vendeuses préfèrent frôler la voie publique que de vendre à 15m de là. Idem pour les marchés à volaille de Bamako où les entrées et abords sont bouchés pendant que l’espace marchand intérieur est inoccupé sous prétexte qu’il faut être le premier à accoster le client. Les routes, les écoles, l’éclairage public, les forages, les retenues d’eau, les édifices et monuments ne sont pas mieux lotis. Ils ne semblent disposer d’aucune précaution d’usage auprès des usagers qui les dégradent sans vergogne. L’Etat doit tout faire jusqu’au puits du village, le dispensaire, l’école, la piste, l’assainissement, etc. L’Etat pour construire et réparer, et restaurer encore s’il le faut. Dans les villes comme dans les villages, les bras valides préfèrent attendre, les bras croisés, tout de l’Etat que de demander le minimum pour réaliser le maximum à telle enseigne même que toute capacité d’analyse du moindre problème s’avère superflu ; si le reproche n’est pas maladroitement colporté vers un régime ou un homme politique : le maire, le député, j’en passe. Mieux, les nouvelles générations grandissent avec cette mentalité de pitié avec la hantise de se serrer la ceinture en permanence pour la nation, pas l’individualité. 

Or, le Mali de 2011 compte suffisamment de compétences, dans tous les domaines, pour s’en sortir si la notion d’assistanat, d’assistés et de projets n’a pas fini d’installer chez nous la paresse intellectuelle, le refus de changer le visage de notre pays et surtout la négation du progrès. L’aide n’est qu’un  système qui maintient  ses adhérents dans une situation de dépendance peu enviable. Pensons-y.

 

S DEMBELE


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