La contribution du secteur agricole à la stabilité économique et sociale est capitale de par son rôle central dans l’économie nationale, dans la création d’emplois et d’activités génératrices de revenus. A ceci, il faut ajouter la sécurité alimentaire et l’amélioration du cadre de vie des populations.
Le secteur emploie près de 80% des actifs du pays et contribue pour 23% à la balance commerciale. Les pouvoirs publics attachés à promouvoir une agriculture durable, moderne et compétitive reposant prioritairement sur des exploitations familiales sécurisées, ont promulgué la Loi d’orientation agricole (LOA). Celle-ci vise à garantir la souveraineté alimentaire du pays et à faire de l’agriculture le moteur de l’économie nationale et un levier essentiel de la lutte contre la pauvreté.
La politique de développement agricole (PDA) adoptée en août 2013 et dont les orientations sont fixées par la LOA, préconise une mécanisation agricole adaptée aux systèmes de production et aux différentes étapes des chaînes de valeurs. Elle facilite l’accès du plus grand nombre d’exploitants agricoles, notamment les jeunes et les femmes, à la traction animale et à la motorisation.
Cependant, les Etats généraux du monde rural ont noté qu’en dehors des zones engagées dans un processus d’intensification agricole, l’agriculture est pratiquée par des petites exploitations familiales faiblement équipées qui privilégient un système de type extensif. Il s’agit d’une agriculture de subsistance orientée principalement vers l’autoconsommation. La part des excédents commercialisables dépasse rarement 15 à 20% de la production. Seulement 40% des exploitations disposent d’une unité d’attelage.
Pour inverser cette tendance tout en restant fidèle aux orientations de la PDA, le ministère du Développement rural a initié l’implantation de centres ruraux de prestation de services (CRP). Les activités des deux premiers d’entre eux ont été lancées hier à Baguinéda par le ministre du Développement rural, le Dr Bocari Tréta.
Ces centres vont faciliter l’accès d’un plus grand nombre de petits exploitants à la mécanisation agricole afin de rehausser la productivité et créer des emplois en milieu rural. Le CRP est un établissement privé à caractère commercial tenu par des jeunes diplômés sans emploi. Il a le statut de GIE ou de toute autre société commerciale constituée par les membres de regroupements ou d’organisations. Le principe est basé sur le volontariat.
Les activités majeures des CRP sont, entre autres, la fourniture aux producteurs des différentes zones agricoles des services de culture, de récolte et de post récolte avec des équipements adéquats. La vente et la promotion d’intrants de qualité en milieu rural et urbain, le renforcement du plateau technique agricole à travers les financements acquis auprès du système bancaire ainsi que de la microfinance et, enfin, l’insertion des jeunes diplômés sans emploi en vue de résorber le chômage dans notre pays, figurent dans la gamme des activités des CRP.
Les mesures d’accompagnement du ministère du Développement rural à ce programme consistent en la mise en place d’un mécanisme approprié de financement permettant aux promoteurs de bénéficier de prêts auprès des banques et des institutions de micro-finance à des coûts préférentiels (bonification des taux d’intérêt, accès à des fonds de garantie, etc.). Le ministère assure également la promotion du programme en mettant l’accent sur l’information et la sensibilisation des jeunes pour qu’ils s’approprient du projet. Une place de choix sera également donnée à la formation des acteurs et la mise en place d’un mécanisme de suivi-évaluation des centres.
DEUX PHASES. Le programme sera mis en œuvre en deux phases. La phase pilote porte sur la création et l’opérationnalisation de 20 centres pilotes dans les zones encadrées par les Offices (ON, ORS, ODRS, ORM, OHVN, OPIB, CMDT) et quelques communes rurales. Elle sera lancée avant la fin de la présente campagne agricole, assure le ministre Tréta.
La seconde phase concerne la mise en échelle des CRP sur l’ensemble du territoire après une évaluation de la phase pilote. Cette dernière prendra en compte la correction des insuffisances constatées. Cependant, dira le ministre, le programme permettra de faire un maillage suffisant du territoire en CRP qui couvriront l’ensemble des sous-secteurs pêche, élevage, foresterie et agriculture. A moyen terme, le projet s’engage à atteindre 1500 CRP fonctionnels d’ici 4 ans et à élever le taux d’équipements estimé actuellement à 40% à au moins 60% sur l’ensemble du pays.
Bocari Tréta a profité de l’occasion pour signaler une caractéristique du secteur du développement rural qui est la faiblesse de l’entreprenariat agricole. Celle-ci s’explique en partie par la grande attraction des jeunes vers l’emploi salarié, le secteur minier et l’immigration au détriment des opportunités immédiates de l’agriculture. Le ministre du Développement rural a la conviction, qu’à travers la dynamique multi-acteurs, l’on peut potentiellement entamer le passage d’une agriculture de subsistance à une agriculture d’entreprises modernes, créatrice d’emplois et génératrice de prospérité.
Il a remercié les acteurs de la profession agricole qui œuvrent inlassablement à rendre le secteur visible et attractif. Toutes les actions entamées concourent au changement de la perception qu’on portait jadis au secteur agricole et qui consistait à le considérer comme celui réservé à une catégorie de citoyens contraints à vivre dans la précarité, a estimé Bocari Tréta.
Il a remercié tous les partenaires, singulièrement la BNDA grâce au soutien de laquelle les deux premiers centres sont désormais fonctionnels. La visite des deux centres pilotes à Baguinéda a mis fin à la cérémonie.
M. A. TRAORE