Développement durable : L’approche Tostan pour guider les communautés du Sahel

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Depuis plus de 28 ans, l’ONG internationale Tostan, basée au Sénégal, s’investie dans le renforcement des capacités des communautés afin qu’elles puissent développer et réaliser leur vision et inspirer des mouvements à grande échelle en faveur de la dignité pour tous. L’ONG, créée par Molly Melching, œuvre dans la promotion du bien-être et pour cela, elle travaille dans tous les secteurs impactant sur l’homme.

La dignité pour tous. C’est le slogan de Tostan qui, depuis sa création, a soutenu des milliers de communautés dans huit pays de l’Afrique subsaharienne y compris le Mali. Le résultat est incomparable : plus de 8830 communautés dans ces pays ont déclaré l’abandon de l’excision et du mariage des enfants, des milliers d’enfants ont été inscrits à l’école, des centres de santé communautaires ont vu le jour dans des zones très enclavées, des milliers de femmes ont été formées et initiées aux bonnes pratiques, etc. Les communautés ont retrouvé espoir.

Ce n’est pas tout. A cause du Programme de renforcement des capacités communautaires (PRCC), mis en œuvre à partir de 1991, l’ONG a pu impliquer les communautés dans la réalisation de leur propre aspiration et développement. C’est ainsi qu’il y a eu des déclarations publiques d’abandon de l’excision et du mariage précoce, la promotion de la démocratie de proximité, l’amélioration des possibilités économiques locales, l’émergence de leadership féminin dans la communauté et le gouvernement, l’amélioration des aptitudes en lecture, écriture et calcul des participants, l’amélioration des comportements pour réduire la propagation du paludisme, du VIH/SIDA et d’autres maladies, l’accroissement de l’inscription des filles à l’école formelle, etc.

 

Le PRCC, une approche innovante et participative

Pourquoi cette réussite ? Selon sa fondatrice, Molly Melching, l’approche de son ONG est basée sur le renforcement des capacités des communautés à travers une stratégie spéciale qui met en valeur l’individu. Elle explique que c’est en collaboration avec une équipe de spécialistes culturels sénégalais qu’elle a créé des supports d’enseignement fondés sur les méthodes d’apprentissage et les traditions africaines. Ainsi, un programme d’éducation basique comprenant six modules a vu le jour en 1982 grâce à la participation et aux commentaires des participants provenant d’un petit village situé à proximité de la ville de Thiès.

A partir de 1988, Molly et son équipe ont formé des animateurs locaux, appelés facilitateurs, afin de mettre en place un programme d’éducation non-formelle de 30 mois, appelé Programme de renforcement des capacités communautaires (PRCC), dans les régions de Thiès et Kolda. À l’origine, le PRCC ciblait les filles et les femmes. Aujourd’hui, il comprend également les garçons et les hommes. Le programme d’étude non-formel, initialement fondé sur les problèmes et l’alphabétisation, a été révisé en 1995 afin d’inclure des modules consacrés à la démocratie et les droits de l’Homme, mais aussi une orientation spécifique sur la santé des femmes, explique-t-elle. Les participants au PRCC appartiennent à différents groupes ethniques et proviennent de différents niveaux socio-économiques au sein de leurs villages. Certains n’ont jamais été à l’école formelle, contrairement à d’autres qui l’ont abandonnée à un très jeune âge.

Le PRCC a véritablement exploité l’essence des programmes participatifs afin d’entamer un dialogue avec les villageois et de les inciter à envisager leur avenir tant individuel que collectif. Ainsi, leurs espoirs et leurs aspirations servent de point de référence pour le PRCC dont le programme d’étude a été conçu ou adapté en conséquence. Par exemple, les techniques africaines traditionnelles, comme les chansons, la danse, la poésie et les récits ont été intégrées au programme.

Le PRCC comprend deux étapes : une étape orale appelée Kobi (ce qui signifie préparer le sol pour les plantations en manding), suivie d’une étape axée sur l’alphabétisation baptisée Aawde (ce qui signifie planter la graine en peul). Suite à sa réussite au Sénégal, le programme d’étude révisé du PRCC est actuellement mis en œuvre dans huit pays de l’Afrique subsaharienne dont le Djibouti, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la Somalie.

 

La promotion du PRCC en marche

Pour renforcer le programme et pérenniser ses acquis, l’ONG Tostan a commencé à ouvrir ses portes aux participants externes à partir de 2015. Depuis, le centre a déjà partagé son approche avec des acteurs de la société civile, notamment les leaders communautaires, les agents de développement, les ONG et des journalistes, etc. Au total, 547 acteurs ont été formés depuis le lancement en 48 sessions. Le but selon Dame Gueye, responsable de programme senior à l’ONG, est de promouvoir l’approche et instaurer un dialogue au tour du PRCC en vue de le renforcer. Rien n’est parfait. C’est la perpétuelle construction. Nous avons compris qu’il fallait partager notre méthode pour aider d’autres à mieux orienter leur stratégie, mais aussi d’apprendre d’eux, précise Molly.

Ainsi, d’une manière fréquente, l’ONG organise dans son centre de Thiés des séminaires durant lesquels, elle partage sa méthodologie, son approche, ses techniques de suivi et évaluation, ses grands projets et ses échecs avec les participants. Aussi, au cours de ces formations, elle organise des visites dans quelques villages bénéficiaires du programme et permet à des leaders religieux de partager leur expérience avec les participants. Une stratégie efficace qui, selon Molly Melching, permet de renforcer les acquis de Tostan.

Les programmes de Tostan, éclosion en wolof, sont mis en œuvre dans 22 langues à travers 10 pays. Ainsi, ils ont influé de manière positive sur la vie de centaines de milliers de personnes.

Sory I. Konaté

(envoyé spécial à Thiès, Sénégal)

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