Croissance économique et développement en Afrique :rnL’étude des chiffres de ces trente dernières années montre une réelle amélioration au Mali pour la décennie 1995-2005

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Les derniers indicateurs du développement en Afrique de la Banque Mondiale (ADI, selon leur acronyme en anglais), ont été rendus publics le 14 novembre 2007 en Afrique du Sud. Ces chiffres très détaillés, tirés de la base de données de la Banque ont fait l’objet d’une session de dissémination animée par Jorge Abache, Economiste Principal en charge de l’ADI, à l’hôtel Kempinski. La cérémonie regroupait, en plus de la presse, des officiels, des partenaires au développement et des universitaires.

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e Rapport ADI 2007 évalue et analyse les performances économiques des Etats d’Afrique Sub-saharienne sur une période de trente ans, de 1975 à 2005.  La base complète de données ADI couvre plus de mille indicateurs sur l”économie, le développement humain, le développement du secteur privé, la gouvernance, l”environnement et l”aide, avec des suites chronologiques chiffrées, pour beaucoup d”indicateurs, qui remontent jusqu’à 1965. Les indicateurs ont été choisis à partir d”une variété de sources, pour permettre de donner  une image précise du développement dans toute l”Afrique.

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La Banque Mondiale estime qu’il est possible de répandre et pérenniser à l”avenir la croissance, en accélérant la productivité et en accroissant l”investissement privé. La réalisation de cet objectif nécessitera l”amélioration du climat des affaires et des infrastructures dans les pays africains, ainsi que la stimulation de l”innovation et le renforcement des capacités institutionnelles. En 2005, la performance a considérablement varié d”un pays à un autre, allant de -2,2 % au Zimbabwe à 30,8 % en Guinée équatoriale, neuf pays affichant des taux de croissance avoisinant ou dépassant le seuil de 7 % nécessaire pour garantir une réduction durable de la pauvreté.

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Les pays africains se classent dans trois catégories générales sur ce continuum. Le premier groupe de sept pays comprend les sept principales économies exportatrices de pétrole de la région, qui abritent 27,7 % de la population de la région. Le deuxième groupe de 18 pays, dont le Mali,  (35,6 % de la population) présente une croissance diversifiée et soutenue d”au moins 4 %, et le troisième groupe composé de 17 pays (qui abrite 36,7 % de la population) est caractérisé par le fait qu”ils sont pauvres en ressources naturelles, très instables, exposés aux conflits, sortant de situations de conflit ou simplement pris au piège d”une croissance nonchalante située à moins de 4 %.

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Le Mali classé dans le groupe médian

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  Il ressort de l’exposé du conférencier que les trois dernières décennies présentent des images contrastées: un effondrement économique entre 1975 et 1985; suivi d’une période de stagnation entre 1985 et 1995 puis d’une ére de réelles performances de 1995 à 2005. Pour reprendre les termes de M. Abache, «l’Afrique sub-saharienne croît actuellement au même rythme que le reste du monde et compte un groupediversifié de pays ayant une croissance soutenue, les performances économiques de chacun d’entre-eux variant considérablement».

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«Plus de 40% des habitants d”Afrique subsaharienne vivent toujours avec moins d’un dollar par jour, les gains d”espérance de vie se sont détériorés dans certains pays et ont décliné dans d”autres et la santé précaire et le faible niveau de l”éducation ont fait reculer les améliorations de la productivité – ainsi que les chances d”atteindre les Objectifs de développement pour le millénaire (ODM). Voilà pourquoi il est essentiel d”étendre la croissance économique à toute l”Afrique et la maintenir, en évitant les effondrements qui ont effacé les gains du passé».

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Le Mali se situe, à en croire l’ADI 2007, à une bonne place, avec un taux moyen annuel de croissance de 5,8% entre 1996 et 2005, à égalité avec le Cap-Vert et devant le Burkina Faso, le Ghana, le Bénin et le Sénégal, la croissance moyenne des économies de l”Afrique subsaharienne ayant été de 5,4% en 2005 et 2006. Selon Jorge Abache «à la tête, les exportateurs de pétrole et de minerais, grâce aux prix élevés. Mais 18 économies non-minérales, correspondant à 35% des habitants de l”Afrique subsaharienne, vont bien, elles aussi».

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La gestion macroéconomique s’est nettement améliorée, avec une bonne maîtrise de l’inflation, mais nos exportations croissent lentement et sont à risque, car  peu diversifiées, puisque concernant principalement deux produits seulement, l’or et le coton.  La balance des ressources du Mali (exportations moins importations) reste négative, ayant été en moyenne de – 17,6% de 80 à 89, de – 14,9% de 1989 à 1999 et de – 12,2% pour la période 2 000 – 2005. Au cours de la dernière année citée,  nous avons exporté pour 1 333 millions de dollars américains de marchandises pendant que le montant de nos importations était de 2 015 millions de la même monnaie. Au nombre de nos exportations, entre 2000 et 2005, les matières premières agricoles représentaient 22,3 % du total et  l’or et les autres métaux 0,3%. Nos importations étaient principalement constituées, au même moment, de biens manufacturés (60,3% du total), de produits pétroliers (21,9% du tout) et de produits alimentaires (16,2%).

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La volatibilité de notre croissance ne lui permet pas, pour l’heure, d’être redistributive et de rendre notre pays assez attractif pour les investissements étrangers. Car les périodes d’accélération de la croissance (à court et à moyen termes) ont été très souvent suivies de périodes de forte décélération de celle-ci, entraînant une moyenne plus faible qu’espéré sur le long terme, l’alternance de bonnes et mauvaises périodes hypothéquant le développement de nos Etats. Jorge Abache insistera beaucoup sur cet aspect, typique, selon l’ADI, des économies d’Afrique sub-saharienne. «Les pointes de croissance ont rarement duré – au contraire, elles ont souvent été suivies de déclins féroces – ce qui explique la stagnation de l”économie africaine au cours de 1975-2005». Ainsi, pendant les périodes de décélération, l’épargne, l’investissement et l’aide au développement diminuent, pendant que les indicateurs de gouvernance et les indicateurs sociaux se dégradent. Au Mali, où l’on considère le taux normal de mortalité infantile comme tournant autour de 130 pour 1 000, il descend, les bonnes années, à 127,5 pour remonter, en période de décélération de la croissance jusqu’à 166,5 pour 1 000.

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Comment bénéficier des fruits de la croissance et être à même de les redistribuer? Selon l’ADI 2007, le Mali devra opter pour «le renforcement et la diversification de la croissance des exportations, facteur incontournable pour pérenniser la croissance et réduire l”instabilité. Les coûts indirects liés à l”exportation en Afrique sont de 18% à 35 % du coût total, alors qu’en Chine, ils sont de  8 %. Par conséquent, tandis que les entreprises africaines efficaces peuvent soutenir la concurrence avec les entreprises indiennes et chinoises pour les coûts de production, elles deviennent moins compétitives à cause des coûts de transaction indirects plus élevés, notamment ceux liés aux infrastructures».

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Ramata DIAOURE

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