Afrique : Du «sur place» sur la route du développement

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Parler de l’Afrique au niveau des instances internationales revient à penser à la misère, au Sida, aux dictatures, aux famines, à la criminalité, etc. Bref l’image de l’Afrique reste très négative aux yeux des autres dont les responsabilités sont pourtant évidentes autant que celles de l’Afrique elle- même.

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Les Nations-Unies, à travers leurs institutions spécialisées, conduisent de nombreux programmes pour réduire, si possible, éradiquer la misère sur le continent africain. Si les résultats de ces engagements sont loin de donner espoir, pire encore il y a des situations qui restent en suspens. Le slogan de l’OMS dès la fin des années soixante dix qui parlait de « santé pour tous en l’an 2000» s’est tu à l’approche de l’échéance et est resté sans lendemain jusqu’à nos jours.

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En septembre 2000, les Nations-Unies, à travers la participation de 189 pays, ont pris un autre engagement concernant les pays les plus pauvres, dont la majorité se trouve sur le continent africain. Cet Engagement du Millénium ou Objectifs du Millénaire (ODM) comme on l’a appelé, est le résultat de nombreux sommets des Nations-Unies sur certaines problématiques précises (Sommet sur l’environnement et le développement à Rio en 1992, Le Caire en 1994 sur la population, Copenhague en 1995 sur le développement social, Pékin la même année sur les femmes, Rome en 1996 sur l’alimentation).

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L’année buttoir a été fixée en 2015 pour atteindre une certaine amélioration concernant certains aspects précis dans ces pays pauvres. Au tiers du parcours, il est utile d’évaluer ce qui a été fait, afin de pouvoir faire une projection de ce qui peut être attendu en 2015. Nous pourrons ainsi prendre quelques points concernant ces objectifs à atteindre pour établir cette projection.

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La situation socio-économique actuelle de l’Afrique depuis l’instauration des Plans d’Ajustement Structurel (PAS) a pris un énorme coup, car le secteur sanitaire a connu aussi d’énormes problèmes avec une forme de privatisation dans les hôpitaux publics qui ont abandonné toute forme de gratuité malgré l’indigence de la majorité des populations. Les hôpitaux publics sont devenus de véritables mouroirs dans la plupart des pays africains, c’est peut-être la raison pour laquelle de nombreux centres de santé privés se sont développés dans les métropoles africaines.

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La malaria connaît une résurgence face aux résistances développées à la quinine dont le coût est moins élevé par rapport à celui des nouvelles molécules. En plus la promiscuité dans laquelle vivent les populations est un vecteur pour la prolifération des moustiques responsables de cette affection. Le Sida prend de l’ampleur avec la misère qui accélère la prostitution, très peu de personnes atteintes de Sida sont capables de supporter les coûts de la trithérapie, tout comme l’utilisation des préservatifs qui reste limitée pour des raisons multiples. Il semble dans cette situation qu’il n’y ait aucune chance que le taux de mortalité infantile, la malaria et le Sida se réduisent en Afrique d’ici 2015

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Promouvoir l’éducation primaire dans tous les pays en 2015

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Pour des raisons évoquées dans le cas d’une hypothétique réduction de la mortalité infantile, il paraît utopique de dispenser l’éducation primaire à tous les enfants en Afrique.

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 Depuis quelques années, seuls les enfants des milieux favorisés sont scolarisés en Afrique, ce qui augure des lendemains sombres dans le domaine éducatif. La misère grandissante dans des familles pour des raisons multiples, ne permet pas aux parents d’assurer la scolarisation de leurs enfants qui nécessite des moyens. Depuis presque deux décennies, le phénomène d’« enfants de la rue » prend une ampleur inquiétante en Afrique. Ces jeunes, pour la majorité des mineurs, ont pourtant droit à l’instruction, mais la réalité est autre avec les conséquences incalculables qui sont à venir. Il est donc illusoire d’attendre une amélioration miracle dans ce sens d’ici 2015. 

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Il n’y a aucune raison de penser que l’on pourra ainsi éradiquer la pauvreté et la faim en Afrique d’ici 2015, tout au contraire… Par sa potion géographique, le continent africain dispose d’énormes ressources en eau malgré la présence de certaines zones arides comme le Sahara. Mais la déforestation, la désertification et de nombreuses pollutions dues notamment aux produits chimiques provenant des intrants agricoles font raréfier l’eau potable en Afrique. Les entreprises publiques qui avaient la charge de le faire ont été privatisées lors des Plans d’Ajustement Structurel imposés aux pays africains. Ce qui a permis aux Multinationales de l’eau d’en devenir propriétaires après négociations avec les différents Etats. La conséquence directe est qu’il n’y a plus de sources d’approvisionnement publique en eau potable dans les villes, ce qui oblige les populations pauvres à utiliser l’eau fortement polluée des cours d’eau qui serpentent les grandes villes. Les consommateurs de telles eaux sont évidemment d’éternels abonnés aux maladies diarrhéiques dont les conséquences sont incalculables. 

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Il est inutile de multiplier des exemples pour comprendre que les objectifs que se sont fixé les Nations-Unies pour améliorer la vie dans les pays du Sud d’ici 2015 ne seront pas atteints. Plus de 40 ans après leurs indépendances, les pays africains semblent faire du « sur-place » sur la route du développement. Quel développement peut et veut l’Afrique ? Nous pensons que ce développement devrait être une amélioration des conditions de vie de ses populations dans le respect de leurs cultures, sans toutefois passer par le test des indicateurs des Nations-Unies qui ne sont pas des thermomètres passe-partout. Si le développement comme concept dans le sens occidental est de plus en plus contesté, c’est tout simplement parce que tout développement est le reflet de la culture, de l’histoire des populations concernées. Le visage du développement de l’Afrique ne sera jamais comme celui de l’Europe, des Etats – Unis, du Japon ou de la Chine.

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Ce sont les populations africaines et les dirigeants de leurs pays qui doivent être les seuls à définir leur(s) type(e)s de développement.

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 Le résultat des recettes concoctées par le Nord montre qu’elles ne sont pas une panacée. Aujourd’hui en Afrique par exemple, lorsqu’on parle de « développement durable », on constate que la plus grande partie des personnes ne savent pour qui est vendu ce concept. Est-ce pour le développement auquel leur continent n’arrive pas à s’accrocher, ou alors pour l’environnement qui leur donnait le maximum de ce dont ils avaient besoin ? Difficile donc à imaginer que l’on parle de la même chose lorsqu’il est question de développement. L’Afrique actuelle croit à cette coopération qui pourra assurer le développement que nous attendons tous, chacun à sa façon.

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Gnimadi Destin

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