Après le succès de la première édition consacrée à l’enfance en situation difficile où plus de soixante millions de nos francs ont pu être mobilisés pour la cause des couches ciblées, Friend’s Productions, l’agence de communication productrice de l’émission estampillée humanitaire et sociale «Philanthropie, diffusée sur l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM), consacrera sa deuxième édition aux veuves. Dans toutes les régions du Mali ainsi que le district de Bamako, une veuve sera sélectionnée au profit de laquelle sera construite une maison. Nous avions rencontré le producteur et non moins présentateur de ce programme télévisuel estampillé d’utilité publique, Abdoulaye Namandy Tembely, il nous dévoile des détails de cette deuxième édition.
Qui est cet humaniste qui se cache derrière cette silhouette que vous arborez humblement ?
Abdoulaye Namandy Tembely : Humaniste ? Non, je ne le pense pas. Je suis un jeune Malien évoluant dans la communication depuis 2009. Je suis titulaire d’un master en communication et d’une maîtrise de psychologie. Je place l’être humain au-dessus de tout autre substrat ici-bas. Tout comme tous les autres jeunes de notre pays, je souhaite contribuer au développement du Mali. Ce n’est pas facile, mais on y croit malgré les nombreux ébranlements de la vie.
Quel est le bilan de la première saison de l’émission philanthropie ?
Un satisfecit total, si je puis m’exprimer ainsi… Nous avions entamé cette émission dans les difficultés, malgré tout ceci, nous avions pu accoster le paquebot humanitaire à bon port. Dieu merci, grâce à des entreprises citoyennes, grâce à des âmes charitables, nous avions pu mobiliser 68.675.650 FCFA pour la cause des couches ciblées. Néanmoins, nous aurions pu faire mieux si nous étions accompagnés par les institutions de la République en charge des actions sociales. Nous avions, tout au long de cette première édition, coulé des larmes tant la misère a su prendre possession de certaines vies et non des moins, celles des enfants en situation difficile. Chaque mois, nous étions autant émus par les cas qui se présentaient à nous. Le cas des enfants déficients mentaux est très illustratif. Malgré de nombreux efforts, l’AMALDEME est dans l’agonie, comme d’ailleurs toutes les autres structures en charge des enfants en situation difficile. Par jour, nous ne recevons pas moins de 50 appels téléphoniques. Des Maliens de l’intérieur tout comme de l’extérieur nous appellent pour nous faire part de leurs cas. Nous prenons le temps de les écouter, de recenser leurs cris de détresse, si Dieu le veut, nous les transmettrons à qui de droit. Notre plaidoyer auprès des personnes ressources serait de penser à mettre en place un centre spécialisé dans la prise en charge des enfants déficients mentaux, un centre avec internat car ce sont des enfants qui doivent être suivis de façon permanente. Ce n’est pas facile, mais nous arriverons par la grâce des bonnes volontés et de Dieu. Nous avions pu, tour à tour, accompagner les enfants de familles déplacées, les enfants des camps de réfugiés du Burkina et du Niger, les enfants des soldats tombés au champ d’honneur, les enfants du centre d’accueil et de placement familial (pouponnière), les enfants du centre cri des mères, les enfants de l’AMALDEME, les enfants du village SOS Sanankoroba, les enfants du village Sakina, les enfants de l’Ong Kanouya, les enfants de la pouponnière 2, les enfants du centre d’appui à la scolarisation des filles, les enfants de Viva San Mali. On aurait voulu l’étendre à d’autres structures de l’intérieur du pays, hélas, nous manquions de moyens.
Pourquoi avoir consacré cette première édition aux enfants en situation difficile ?
Ce choix est personnel. J’ai reçu une éducation monoparentale, j’ai perdu mon papa à bas âge. Je sais dans une demi-mesure ce qu’est l’enfance en situation difficile. Pour moi, il s’agissait de venir en aide, aussi minime soit elle, à des enfants qui vivent les souffrances que j’ai vécues. Si vous faites bien la remarque, vous constaterez que même le choix porté sur les veuves est lié à ma vie. J’ai grandi en voyant ma pauvre mère se démultiplier pour que nous puissions avoir à manger et à dormir au chaud. Et il faut reconnaître que nos sociétés manquent de politique sociale à l’endroit de cette couche vulnérable.
Quelle est la spécificité de cette deuxième édition ?
Contrairement à la première édition où nous nous sommes limités aux structures de Bamako, par faute de moyens bien-sûr, car vous savez que la production d’une telle émission requiert des moyens. Pour cette seconde édition, nous allons, en partenariat avec la direction nationale de la promotion de la femme, des municipalités des différentes régions, sélectionner une veuve par région ainsi que le district de Bamako, mobiliser des fonds pour construire des maisons pour cette couche ciblée. Déjà, grâce à une jeune architecte malienne, nous avions pu faire le plan de ces maisons. Nous avions trois types de maison avec leur devis estimatif : il y a les types (S + 2), c’est-à-dire deux chambres et un salon avec une douche intérieure et une douche extérieure, une cuisine extérieure et deux appartements en annexe d’une valeur de 7.977.135 FCFA ; les types (S + 3), trois chambres et un salon avec une douche intérieure et une douche extérieure, une cuisine extérieure et deux appartements en annexe d’une valeur de 8.832.389 FCFA ; les types (S+ 4), quatre chambres et un salon avec deux douches intérieures et une douche extérieure, une cuisine extérieure, un magasin, deux appartements en annexe d’une valeur de 10. 932.436 FCFA. Nous avions tenu à mettre en place des appartements en annexe car nos veuves n’exerçant aucune activité génératrice de revenus, elles peuvent soit louer les appartements en annexe, soit les exploiter pour en faire des commerces.
Quels sont les partenaires qui vous accompagnent dans la réalisation pratique de cette émission ?
Avant de parler des partenaires de cette deuxième édition, permettez-moi de remercier les partenaires qui nous ont accompagnés à la première édition. Nous remercions notre partenaire officiel qui est Sotelma-Malitel, le groupe NSIA, Assurance Lafia, CIRA Mali, l’Union des Assurances du Mali, la CANAM, Imprim Services, l’Institut Vito et les médias qui nous accompagnent. Nous n’oublions pas notre marraine, l’ancienne Première dame, madame Traoré Mintou Doucouré, qui n’a ménagé aucun effort pour la réalisation pratique de cette première édition. Nous souhaitons institutionnaliser cette émission de telle sorte que, seules les Premières Dames en soient les marraines. Nous allons rencontrer très prochainement la Première Dame pour lui soumettre le dossier de cette deuxième édition. Cette année, nous avons comme partenaires : la direction nationale de la promotion de la femme, le fonds national de solidarité et le partenaire officiel Orange money, notre partenaire légendaire qui n’est nul autre que l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM). Nous comptons également sur l’accompagnement des partenaires de la première édition.
Où en êtes-vous dans l’organisation de cette deuxième édition ?
«Alhamdoulilahi», les choses progressent. Nous avions pu rencontrer nos partenaires techniques : l’Ortm, la direction nationale de la promotion de la femme, le fonds national de solidarité. Nous travaillons avec le partenaire officiel de cette 2ème édition pour avoir un plateau Orange money dédié à l’émission pour la mobilisation des fonds. En mi-octobre, mon équipe et moi allions sillonner les différentes régions pour rencontrer les responsables administratifs et politiques. La première émission sera réalisée à Kayes car pour chaque cas, nous allons produire les émissions dans leurs régions respectives. Kayes étant la première région administrative, cela va de soi que nous entamions avec la veuve de Kayes. Cette émission sera un baromètre pour quantifier le degré de solidarité de nos différentes régions.
Quels sont les critères dans le choix des veuves ?
Nous avons recensé trois critères pour le choix des veuves : elle ne doit pas avoir une source de revenus, elle doit avoir beaucoup d’enfants, elle ne doit pas avoir un soutien. Aussi, nous allons prendre en compte l’âge des veuves, car si nous avons deux veuves remplissant ces critères, le choix sera porté sur la plus âgée. Nous allons mettre à contribution les différentes directions régionales de la promotion de la femme et les municipalités pour le choix de leurs veuves.
Quels sont vos derniers mots pour conclure cet entretien ?
Je vous remercie pour l’intérêt que vous prêtez à cette émission depuis la première édition. Je remercie tous les donateurs qui donnent un sens à cette émission. Je tiens plus particulièrement à remercier la direction générale de l’Ortm qui, pour une seconde fois, nous réitère leur confiance pour la conduite d’une telle production. Nous ne sommes que des jeunes qui aspirons à aider d’autres personnes dans de bien plus grandes difficultés que nous, nous sollicitons l’aide, les conseils de toutes les bonnes volontés. Philanthropie, plus qu’un mot, la solidarité est un comportement. Ensemble, bâtissons des vies !
Safiatou THIAM