Lors de la cérémonie d’ouverture du Forum le 25 février 2016, prenant à témoin, une assemblée de plus de 1500 chefs d’entreprises africains présents, Tony Elumelu, CON, président de Heirs Holdings, UBA Plc et Transcorp Plc, a souligné l’importance des investissements et la mise à disposition de bonnes infrastructures pour le développement du continent, et s’est exprimé en ces termes : «Le secteur privé a la capacité et doit reconnaître et assumer son rôle dans le développement de notre continent. Nous avons des défis communs. Nous avons besoin d’investissements et nous avons besoin de développement en Afrique. J’ai décidé que je devais être ici pour participer à une telle initiative de mouvement vers l’avant. Je l’appelle l’Africapitalisme“.
L’Africapitalisme propose que le secteur privé africain a le pouvoir de transformer l’Afrique à travers des investissements à long terme, en créant à la fois la prospérité économique et la richesse sociale; une conviction qu’il a soutenue par le lancement, en 2015 du Tony Elumelu Entrepreneurship Programme (TEEP), un engagement de 100 millions $ sur 10 ans, destinés à créer la nouvelle génération d’entrepreneurs africains et à générer 10 milliards de $ de revenus annuels, en générant au moins un million d’emplois à travers l’Afrique.
Ce Forum du 25 au 26 février, dont le thème est : « Agriculture et Electrification : Exploiter les Energies », est organisé depuis 2010 par Attijariwafa Bank. L’année 2016 a enregistré la collaboration de l’institution gouvernementale marocaine, Maroc Export. Le rôle du secteur privé africain dans le développement du continent et l’intégration régionale, a été souligné, ainsi que la collaboration pour accroître le commerce et les opportunités d’investissement sur le continent africain.
L’évènement a été organisé par le Groupe Attijariwafa Bank et Maroc Export donnant l’opportunité d’une importante discussion sur les investissements dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture en Afrique. Selon Tony Elumelu, ce sujet est très à propos parce que l’accès à l’électricité et la sécurité alimentaire sont les urgences humanitaires sur le continent. Actuellement, 600 millions de personnes ne disposent pas d’accès à l’électricité et des bénéfices qui l’accompagnent, souligne-t-il.
Plus de 10 millions de personnes sont exposées à la famine à cause de la terrible sécheresse qu’a connue l’Afrique de l’Est cette année. « Au-delà de ces situations d’urgence humanitaire, l’électricité et l’agriculture sont deux secteurs catalytiques qui peuvent impulser et soutenir une croissance exponentielle et le développement de chaque pays sur le continent. Si nous transformons les secteurs de l’énergie et de l’agriculture sur le continent, nous TRANSFORMERONS l’Afrique », a plaidé le milliardaire nigérian.
Il recommande de travailler en collaboration plus étroite pour débloquer les opportunités non seulement dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture, mais aussi dans tous les domaines de l’activité économique en Afrique. Il note le « besoin d’intégration régionale et d’infrastructures transfrontalières ; le commerce intra-africain représente environ 3% du total des échanges ».
Dans le passé, nous étions divisés par les dirigeants coloniaux. Aujourd’hui, nos divisions sont auto-infligées par les barrières commerciales comme les droits de douane, les frontières et les visas. Ces obstacles étouffent les opportunités transfrontalières, les partenariats et les entreprises avant même qu’ils ne naissent. Malgré cela, le commerce et l’esprit d’entreprise peuvent surmonter ces obstacles. « Je suis le président du groupe United Bank of Africa qui, par sa vision panafricaniste, fournit des services financiers à 8 millions de clients dans 19 pays africains. Nous sommes également un partenaire financier majeur des opérateurs économiques dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture. De même, la Banque Attijariwafa fournit des services similaires, dans une douzaine de pays en Afrique ». Jusqu’en 2013, les investissements intra-africains, qui étaient presque négligeables en 1990, avaient dépassé l’Aide au Développement, indique l’invité du 4ème Forum.
Le Tony Elumelu Entrepreneurship Programme (TEEP) a été lancé pour identifier, former, encadrer et donner du capital d’amorçage à 10.000 entreprises au cours des 10 prochaines années pour la transformation économique de notre continent. « Grâce à ce programme, nous cherchons à institutionnaliser et démocratiser LA CHANCE, de sorte que tout entrepreneur africain avec une idée géniale et la volonté de réussir saisisse cette occasion », a indiqué Tony Elumelu. La première promotion de 1.000 Tony Elumelu Entrepreneurs, qui ont été choisis uniquement sur la pertinence de leur projet entrepreneurial provient de 51 pays africains. Ils ont suivi une formation puis sont venus à Lagos pour un boot camp de 3 jours pour se rencontrer et tisser des liens entre eux avant de recevoir leur capital de départ en octobre dernier. « Je suis fier de vous dire que parmi eux il y avait quatre entrepreneurs marocains et un Egyptien qui s’est levé et nous a dit que, en tant qu’Arabe, il s’est défini toute sa vie comme un moyen-oriental, mais a toujours eu un profond désir de se connecter et de s’identifier à ses frères et sœurs africains. Et TEEP a finalement réalisé ce rêve. A cause de ce jeune entrepreneur, je rêve désormais de doubler les candidatures en provenance des pays d’Afrique du Nord chaque année. Nous avons une forte représentation des pays francophones et lusophones, mais nous travaillons pour en obtenir encore plus», a déclaré Tony Elumelu.
L’événement qui a accueilli des dirigeants d’entreprises, des ministres, des PDG de grandes institutions financières, des décideurs et des investisseurs du secteur privé a été honoré de la présence de Mr Mohamed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa Bank, hôte du forum, de Mme Zahra Maafiri, Directrice Général de Maroc Export et co-hôte, de Mr Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et des Technologies de l’Economie Numérique (Maroc), Mr Aziz Akhannouch, du ministre de l’Agriculture et des Pêches Maritimes (Maroc), M. Guy Bertrand Mapangou, du ministre de l’Energie et des Ressources Hydrauliques (Gabon) et de Mr Akinwumi Adesina, président de la Banque Africaine de Développement.
Ce forum prévoit de présenter une feuille de route pour les opportunités économiques, commerciales et d’investissement pour l’Afrique, ainsi que le positionnement du continent pour attirer des investissements viables, à long terme, dans deux des secteurs les plus critiques pour l’Afrique, l’Energie et l’Agriculture.
Boukary Daou