La 18e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs) s’est tenue le samedi 7 décembre 2019 au Cicb en présence des 4 chefs d’Etat : Ibrahim Boubacar Kéita du Mali, Macky Sall du Sénégal, Pr Alpha Condé de la Guinée Conakry et Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani de la Mauritanie. La conférence avait pour ordre du jour l’analyse et adoption du rapport du président du Conseil des ministres à la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, l’approbation du relevé des conclusions, l’adoption des résolutions finales de la 18e Conférence, l’approbation d’une Déclaration dite de Bamako.
L’Omvs, un organisme inter Etats créé en mars 1972, regroupe le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée Conakry et le Mali. Sa vocation est de favoriser un développement intégré et coordonné du bassin du fleuve Sénégal. Et cette ambition des Etats membres est cimentée par des idéaux de solidarité, de partage, d’équité et de culture de la paix. Bamako a abrité la 18e session de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Omvs sous le thème “Engageons-nous pour une véritable navigabilité du fleuve Sénégal : facteur de transport économique de premier choix”. Le clou de cette 18e session a été le discours-bilan du président Macky Sall (le président en exercice sortant), un bilan globalement apprécié.
A l’entame du développement de ce bilan de deux ans commencé le 17 mai 2017, Macky Sall a tenu à remercier le président Ibrahim Boubacar Keïta qui, malgré la situation difficile que traverse le Mali, a bien voulu les recevoir, pour cette 18e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Omvs. “Qu’il trouve ici l’expression renouvelée de notre soutien et de notre solidarité inconditionnels”, a-t-il déclaré. Il a laissé entendre qu’en prenant le flambeau des mains de son grand frère le Pr Alpha Condé, à Conakry, il avait déroulé une feuille de route axée autour de 4 priorités majeures qui étaient la modernisation de l’Omvs, l’amélioration de l’offre d’énergie hydroélectrique, la poursuite d’une coopération solidaire et inclusive entre les Etats-membres, et en leur sein, entre les milieux urbains et ruraux, le parachèvement du Projet navigation.
Modernisation de l’Omvs
Pour la modernisation de l’Omvs, il a dit qu’une étude sur la revue institutionnelle et le financement du système Omvs a été réalisée en 2018, sous la coordination du Haut Commissariat. Cette étude, à ses dires, inscrite dans une logique d’harmonisation et de mise en cohérence des fonctions et des missions pour une meilleure gouvernance du système, a posé un diagnostic sans complaisance du fonctionnement de leur Organisation. “Elle a, en particulier, abordé la problématique du rôle du Haut-commissariat, celle de la répartition des missions entre le Haut-commissariat et les différentes Sociétés du système Omvs ainsi que la question de l’autofinancement à travers les ressources financières générées par l’Organisation. Les principales recommandations de cette étude, validées par les différentes entités de l’Omvs et par les experts des Etats membres, viennent d’être examinées par le Conseil des ministres et ont justement trait, entre autres, au renforcement du rôle de contrôle et de coordination du Haut-commissariat ; à une spécialisation accrue des Sociétés notamment celles du secteur de l’énergie, à travers la séparation des fonctions de production et de transport/distribution et enfin, à la mise en place d’un Fonds de solidarité destiné à l’autofinancement du système”, a-t-il souligné.
Développement de l’offre d’énergie
Au sujet du développement de l’offre d’énergie, il a noté des progrès significatifs. Il a fait savoir qu’après le démarrage des travaux du barrage hydroélectrique de Gouina dont le 1er groupe sera livré en fin 2020, le Haut-commissariat a procédé, en février 2019 à Conakry, à la signature du contrat commercial avec la société chinoise Sinohydro retenue pour la réalisation clé en main, avec apport de financement (Epcf)du projet d’aménagement de Koukoutamba, pour un coût des travaux estimé à 812 millions USD. Selon lui, cette même approche a été retenue pour le développement du projet d’aménagement du barrage à but multiple de Gourbassi ; ouvrage stratégique, qui permettra le contrôle des apports de la Falémé et de faire passer la régularisation du fleuve Sénégal par les ouvrages de l’Omvs, de 50 % environ à plus de 75 %.
D’autres ouvrages sont en cours de développement. Il a cité ceux de Bouréya et de Balassa situés dans le Haut-bassin, en Guinée. Dans ce cadre, un protocole d’accord pour l’apport de financement et la réalisation de ces ouvrages a été signé en juin 2019 entre le Haut-commissariat et Vinci Construction Grands Projets (Vcgp). Il a fait un clin d’œil aux projets de développement des microcentrales hydroélectriques dans le Haut Bassin. Plusieurs sites ont été identifiés et les plus prometteurs seront sélectionnés pour des études plus approfondies.
Renforcement de la solidarité
Sous le chapitre du renforcement de la solidarité et en cohérence avec la politique de développement de l’offre d’énergie électrique, le président Macky Sall a dit qu’un accent particulier a été mis sur l’électrification rurale. Ainsi, des travaux d’électrification des villages situés au Mali et impactés par les barrages de Manantali, Félou et Gouina ont été conduits par la Sogem. Les installations ont été réceptionnées et transférées à Edm-sa. D’autres projets d’électrification rurale initiés dans trois Etats, dans le cadre du projet Gouina et du Fonds d’électrification rurale de la Sogem sont à un stade très avancé. Les financements sont disponibles et les travaux démarreront incessamment.
“Poursuivant cette logique de faire bénéficier aux populations les plus démunies des retombées des importants investissements consentis par nos Etats, un coup d’accélérateur a été donné à la seconde phase du Projet de gestion intégrée des ressources en eau et de développement des usages multiples de l’eau dans le bassin du fleuve Sénégal (Pgire). Les résultats des travaux sur le terrain sont désormais visibles pour la quasi-totalité des composantes, notamment en matière d’agriculture irriguée et de santé. C’est ainsi que dans les 4 Etats-membres, plus de 3 500 ha de périmètres irrigués ont été réhabilités et aménagés et près de 16 000 ha ont vu leur accès à l’eau sécurisé”, a-t-il indiqué.
En matière de santé, plus de 3 800 000 Moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda) ont été distribuées dans les quatre Etats ainsi que des médicaments contre la bilharziose, permettant ainsi à l’Omvs de contribuer de manière significative à la lutte contre les maladies d’origine hydrique et, plus particulièrement, à la couverture universelle pour la prévention contre le paludisme dans le bassin du fleuve Sénégal.
“Nos efforts en faveur de l’inclusion des populations et de la concertation au niveau du bassin du fleuve Sénégal se sont également traduits par l’installation, en septembre 2019, du Comité de Bassin. Cet organe sous-régional de concertation joue un rôle consultatif fort important sur toutes les problématiques liées à la gestion de l’eau et à la protection de l’environnement dans le bassin du fleuve. Et cela vient compléter l’architecture institutionnelle de notre Organisation et donne l’opportunité à un ensemble très large d’acteurs de s’exprimer sur la gouvernance de l’eau et de l’environnement du bassin. Car, dans ce Comité, outre les populations à la base, sont notamment représentés les autorités locales, les élus, les universitaires, les administrations, etc. “Cette démarche correspond à la politique de Gire (gestion intégrée de la ressource en eau), gage de gestion rationnelle et durable de cette ressource aussi vitale qu’est l’eau”, a-t-il souligné.
Développement de la navigation
S’agissant du développement de la navigation sur le fleuve Sénégal, il a noté avec satisfaction que des jalons importants ont été posés dans le sens de la concrétisation de ce projet. En effet, l’Organisation, à travers le président en exercice du Conseil des ministres, a procédé, le 11 octobre dernier, à Dakar, à la signature d’un contrat commercial avec la société indienne Afcons, adossé à un financement d’Eximbank Inde, d’un montant de 475 millions d’Euro, pour la réalisation de la phase dite prioritaire. Dans ce cadre, il est prévu, entre autres, la construction d’infrastructures portuaires : le port fluviomaritime de Saint-Louis qui est un complexe portuaire qui comprend un port de pêche, un port de commerce et un port de plaisance et le port fluvial terminus d’Ambidédi ; la construction et/ou la réhabilitation/modernisation de 10 escales portuaires et de 6 appontements au Sénégal et en Mauritanie ; la construction d’un chantier naval dans la zone d’influence de Rosso-Mauritanie ; l’aménagement d’un chenal navigable d’un peu plus de 900 km, par un dragage et un curage des seuils identifiés, ainsi que par la mise en place d’ouvrages de corrections appropriés pour un meilleur lissage du fleuve et un balisage adéquat et conforme aux normes en vigueur.
“Si dans cette séquence temporelle, notre Organisation a franchi des pas décisifs en dépit des nombreuses contraintes, c’est grâce au dévouement et à l’engagement de tous les personnels de l’Omvs, à la tête desquels se trouve le Haut-commissaire Hamed Diane Séméga. Je voudrais vous adresser, ainsi qu’aux présidents des Conseils d’administrations, aux directeurs généraux des Sociétés de l’Omvs et à l’ensemble de vos équipes, nos vifs remerciements et nos encouragements. Il m’est agréable de rendre hommage également au Conseil des ministres, pour avoir su piloter tout cet ensemble, ainsi qu’aux collaborateurs qui vous accompagnent au quotidien au niveau de nos Etats”, a-t-il reconnu.
Les axes de réflexion de Macky Sall
A la lumière des réalisations, il a soumis pour appréciation quelques axes de réflexion qui lui semblent importants pour l’avenir de l’Omvs. En premier lieu, il a cité la sécurité des ouvrages parce qu’à son entendement, des sacrifices extrêmement importants ont été consentis par les Etats pour construire des ouvrages qui leur valent aujourd’hui autant de satisfaction. “Ces ouvrages, dit de première génération, au-delà des bénéfices économiques que nous tirons de leur exploitation, constituent l’un des piliers sur lesquels reposent notre Organisation. Leur exploitation dans le respect strict des règles de l’art et leur maintien dans un état de conservation adéquat ne doivent souffrir d’aucune légèreté et doivent être une préoccupation de tous les instants. Toutes les dispositions requises doivent être mises en œuvre à cet effet et à tous les niveaux de responsabilité”, a-t-il conseillé.
Comme deuxième axe d’amélioration, il a dit qu’il lui paraît important que des efforts plus soutenus soient déployés pour une meilleure connaissance et une exploitation plus rationnelle de la ressource en eau. “En effet, dans ce contexte actuel de changement climatique, l’eau constitue l’un des éléments principaux à travers lequel se traduisent les effets de cette modification du climat. Il est dès lors crucial, pour des pays comme les nôtres, où on note une amplification de la pression sur l’eau, pression consécutive à la vitalité de notre démographie et à l’accroissement des activités économiques, d’anticiper sur d’éventuelles situations de pénurie et de conflit entre les usages, sources de tous les dangers. Cette démarche préventive repose avant tout sur une connaissance plus fine de l’état de la ressource aussi bien au niveau quantitatif que qualitatif. Sous ce dernier aspect, il m’est revenu des informations alarmantes sur la situation d’un des plus gros affluents du fleuve Sénégal, à savoir la Falémé, qui est aujourd’hui véritablement en danger à cause d’une pratique débridée et anarchique de l’orpaillage. Des mesures hardies doivent être prises au niveau national, en particulier, par le Mali et le Sénégal, qui partagent ce cours d’eau et, au niveau sous régional en relation avec le Haut-commissariat, pour éviter que le point de non-retour ne soit atteint”, a-t-il indiqué.
Le troisième point de préoccupation soulevé par Macky Sall concerne le développement des usages à buts multiples de l’eau qui, selon lui, ne manquera pas, au fil des années, de montrer ses limites. “C’est pourquoi, il me parait important de chercher des voies alternatives, complémentaires pouvant nous permettre de baisser la pression sur la ressource en eau. Dans ce cadre, le Haut-commissariat a pris l’initiative d’un important projet solaire de 400 MW à l’horizon 2021, qui se traduira par l’installation d’une centrale solaire flottante sur la retenue de Manantali. Cette approche nous permettra une gestion plus économe de l’eau et un mix énergétique qui accroitra l’offre de nos Etats”, a-t-il proposé. Il a encouragé le Haut-commissariat à aller dans ce sens, mais également à diversifier les options. Je pense en particulier à la valorisation de la biomasse, notamment le typha comme source de production électrique, à l’éolien, etc.
En dernière réflexion, il a estimé que l’Omvs qui est citée en exemple partout dans le monde, doit véritablement se positionner comme un creuset de la réflexion autour de l’hydro-diplomatie. “Il est regrettable, après tant d’années de coopération autour du fleuve Sénégal, que l’Omvs soit un objet de réflexion, mais seulement pour les autres. Il faut que nous nous attelions à pousser la réflexion sur nous-mêmes, sur ce que nous ont légué nos illustres prédécesseurs”, a-t-il regretté. Pour cela, il a lancé un appel aux chefs d’Etat, aux cadres, aux chercheurs, aux intellectuels et aux étudiants de l’espace Omvs à s’engager dans cette voie. Il a encouragé son ministre en charge de l’Eau, à la mise en place d’un Pôle de l’eau à Dakar, dans le sillage du Panel de haut niveau sur l’eau, la paix et la sécurité, dans lequel notre pays a joué un rôle très actif. Pour lui, ce Pôle de l’eau se veut un espace de réflexion sur les enjeux liés à l’eau et dans lequel l’Omvs et l’organisation sœur, qu’est l’Omvg, auront naturellement un rôle prépondérant. Et le prochain Forum mondial de l’Eau en 2021 à Dakar sera l’étape finale qui consacrera définitivement la mise en place de cet important instrument.
Siaka DOUMBIA
L’OMVS doit etre un veritable pole de developpement pour les quatre pays.Ce pole de developpement ,pour etre entrainant doit etre lie intimement aux structures economiques des pays membres.La Guinee a une puissance potentielle d’hydroelectricite de 3000 mg.Si la Guinee ,parallelement developpe un de ces grands barrages,Amaria ou Souap + Ama,les riches ressources minieres du Bassin pourraient etre valorisees.La reunion de Monrovia en 1962,avait examine un gros rapport prepare par le Professeur De Bernis sur l’industrialisation de l’Afrique de l’Ouest.Robert n’Dao et moi-meme qui participaient a cette Conference avions obtenu qu’une acierie electrique pourrait etre installee sur le fleuve Senegal.Les minerais de fer de la Faleme et ceux de la Guinee tres riches, pourraient alimenter cette acierie.N;Dao au cours d’un voyage en Chine avait obtenu une promesse ferme de Mao Tse Toung de construire cette acierie.De meme ,l’alumine produite en Guinee pourrait etre en partie transformee en aluminium dans ce bassin ou a l’embouchure du Senegal. Une zone d’agro-industries pourrait localisee tout le long du fleuve .Une etude d’industrialisation du bassin avait ete realisee par Mr Olivet, ingenieur de l’Ecole Centrale de Paris et moi-meme au debut des annees 1980 sous la direction de l’ONUDI.Les quatre pays peuvent consommer des centaines de tonnes de fer a construction.Deux chantiers, naval et fluvial alternativement a St-Louis et a Kayes pour la fabrication des bateaux fluviaux et des bateaux de cabotage et de peche.Singapour est specialize pour la fabrication de ces genres de bateaux.Il le fait aux Maldives ,pourquoi pas a l’OMVS!
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