A Dioro, la zone la plus sure de l’office riz Ségou, on est de plus en plus inquiet voire pessimiste pour cette campagne 2016/17. Car tout porte à croire qu’on court au devant de l’inachèvement des travaux d’aménagement casiers de Tien Konou avec à la clée le gèle de millier d’hectares et le dérèglement de tout le système hydraulique en aval.
« Nous avons applaudi au lancement de ce projet, mais force est de constater que nos espoirs ont été déçus, pire, on risque de tout vendre pour se nourrir… » S’exclame laconiquement ce paysan que nous avons croisé à l’ouvrage N°09 de Sokè. Son sentiment est le plus partagé dans la zone car les travaux sont à l’arrêt total depuis fort longtemps et la grosse artillerie jadis déployée par l’entreprise COGEB en charge des aménagements a rejoint la base vie qui ressemblant de nos jours à un cimetière de gros engins de terrassement.
Pour comprendre les faits, remontons le temps jusqu’en 2009 quand la BID venait de donner son accord pour le financement du projet d’appui au développement rural de Tien Kounou et de Tamani PADER-TKT pour un montant de plus de 11 milliards de franc FCA. La réalisation de ce projet marquait un tournant décisif dans la vie de l’office riz qui voulait tourner progressivement dos à la submersion contrôlée au profit de la maitrise totale d’eau.
L’objectif consistait à reconvertir près de 1800 ha en maitrise totale sans oublier la réalisation d’infrastructures sociocommunautaires et la mise en place de système financier décentralisé. Le projet a suscité des espoirs certains car il apportait des réponses justes aux préoccupations des producteurs.
Pour les réalisations physiques, deux entreprises ont été retenues : COGEB chargée des aménagements et La Société Malienne de Dragage et des Travaux Publics (SMDTP) pour la réalisation du canal principal de 21 km, son élargissement et la pose des cavaliers sans oublier les ouvrages connexes. Les différents chantiers ont rencontré des problèmes de plusieurs natures .Mais tout le monde s’accorde à croire que COGEB est plus présente que la SMDTP qui malgré le payement de ses décomptes accusait un grand retard.
Une situation qui certainement a poussé l’office riz à engager la procédure de résiliation assortie de réclamations de pénalités. Le restant des travaux fut confié à la COGEB…Suite à l’appréciation du volume des travaux exécutés, l’on a été obligé de recourir aux avenants, avenants qui tardent à venir. Si on n’arrive pas à boucler les aménager cette année ; scénario la plus plausible au regard de l’état de la saison des pluies et du passé de ce chantier, on va à nouveau jeter des populations des communes de Markala, Togou, Dioro, Farakoumassa dans la précarité alimentaire. Le non aménagement du réseau hydraulique en amont du l’ouvrage N°09 à Sokè affectera l’ensemble du complexe de la zone Dioro. Avec comme conséquence des cas de noyade et de retrait précoce. Tout cela compromet la quantité et la qualité d’une production liée en partie aux aléas naturels.
Comment en est- on arrivé là ? Tout simplement parce que certains n’ont pas assumé les charges à eux confiées par la nation. Mais la providence existe et le miracle est possible.
Bouba