Développement durable : Le défi de l’adaptation aux changements climatiques

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La rencontre de Bamako doit définir la spécificité des pays africains en terme de développement durable et analyser les voies et moyens d’y parvenir.

Le Forum africain du développement durable, organisé par notre pays, a débuté hier au Centre international des conférences de Bamako. La cérémonie placée sous la présidence du Premier ministre, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, s’est déroulée en présence de plusieurs membres du gouvernement dont le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Tiémoko Sangaré. On y notait aussi la présence de la présidente du comité d’organisation, Mme Sidibé Aminata Diallo, des représentants des partenaires techniques et financiers et des services techniques nationaux en charge de l’environnement. Plusieurs experts et scientifiques africains en environnement participent à la rencontre. Pendant trois jours, la centaine de participants venus du continent et d’ailleurs, réfléchira à la promotion du développement de l’Afrique, en agissant face aux changements climatiques par des actions d’adaptation et d’atténuation. Ils ont mandat, à cet effet, de définir la spécificité des pays africains en terme de développement durable et d’analyser les voies et moyens d’y parvenir.

Les actions de promotion des axes d’intervention pour l’adaptation aux changements climatiques en terme d’agriculture, d’élevage, de gestion de la biodiversité, de gestion durable de l’eau et des terres, la vulgarisation des énergies renouvelables et la bonne gouvernance environnementale seront également au cœur des discussions. Dans son discours introductif, la présidente du comité d’organisation est revenue longuement sur la situation environnementale de l’Afrique. Les prévisions de l’impact des changements climatiques sont particulièrement alarmantes, selon Mme Sidibé. Le continent pourrait perdre entre 25 et 40% de ses habitats naturels. La montée du niveau de la mer pourrait détruire près de 30% des infrastructures côtières africaines, les sécheresses et les inondations se multiplieront, entraînant une pénurie d’eau et des déficits alimentaires. Les conséquences sont catastrophiques sur l’agriculture qui emploie plus de 80% de la population africaine.

Cependant, notre continent n’est responsable que de moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre responsables de ces bouleversements. Un Ouest-africain est responsable de 30 fois moins d’émission de ces gaz qu’un européen et 60 fois moins qu’un citoyen des Etats-Unis d’Amérique. Cette disproportion de la responsabilité des pays dans le réchauffement climatique est tellement flagrante qu’elle justifie une action politique concertée des pays africains. Surtout avec la crise financière mondiale actuelle qui rend de plus en plus difficile, l’accès des pays les plus pauvres au financement de leur développement, a estimé Mme Sidibé Aminata Diallo. Ainsi, plusieurs thèmes seront débattus au cours du forum de Bamako. Ils portent sur la gouvernance du développement durable, la relation entre développement durable et sécurité, les mécanismes de transfert de technologies, les actions d’adaptation aux changements climatiques pour le développement rural, la biodiversité, la gestion intégrée des ressources en eau, la lutte contre la désertification, l’adaptabilité des mécanismes de financement de la lutte contre les changements climatiques dans les pays africains, les emplois verts et les micro-entreprises.

Aujourd’hui, la question n’est pas donc de se demander si le développement durable doit être au cœur de notre gouvernance et de notre système de gestion, mais de savoir comment y arriver, a indiqué le chef du gouvernement. Ce challenge est loin d’être facile, admet Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, car, il remet en cause notre conception du processus de développement. Depuis deux siècles, celui-ci est axé sur l’efficacité à court terme et les sociétés se sont organisées dans ce sens. Le forum va devoir confronter les points de vue africains sur ces problématiques et les mettre en synergie. Un des enjeux majeurs de la session est de faire avancer les bases de la gouvernance du développement durable aux niveaux nationaux et sous-régionaux. Cela, non seulement en termes de stratégies nationales, mais également en analysant les freins au développement, au premier rang desquels l’insécurité. La mise en œuvre d’un développement durable est aussi conditionnée à l’émergence d’une économie verte dans les pays africains. C’est une des pistes sur laquelle le forum devrait apporter une contribution au débat international, par la promotion des énergies nouvelles et renouvelables et des emplois verts. Le Premier ministre a assuré les participants de l’intérêt que notre pays porte aux recommandations des travaux, un intérêt qui, selon elle, n’est que le reflet de celui de nos peuples, de notre continent et de notre planète tout court.

mercredi 5 octobre 2011

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