Comment faire pour que l’orpaillage contribue à l’économie locale, régionale et nationale en se transformant en une filière génératrice de revenus financiers aux niveaux local, régional et national ? Et surtout comment accroître la contribution des mines à la croissance de l’économie ?
Telles sont les questions que se pose actuellement le ministre des Mines, Boubou Cissé. Il en a parlé à la presse le mardi 8 juillet au cours d’une conférence de presse animée dans son département. En effet, depuis près de 20 ans, le secteur minier occupe une place de choix dans l’économie malienne, avec une contribution annuelle de l’ordre de 250 à 300 milliards de Fcfa. Mais le gouvernement veut aller loin, puisqu’il «veut faire du secteur minier un moteur du développement socio-économique pour créer des emplois et réduire la pauvreté », a indiqué le ministre des Mines Boubou Cissé.
Suivant ses propos, les mines doivent contribuer à une croissance durable et au développement économique et social. Pour ce faire, Boubou Cissé compte sur deux axes importants : la réaffirmation du rôle de l’Etat dans la gestion du secteur au service de la nation ; la mise en œuvre d’une stratégie de développement basée sur la diversité des ressources. «Il s’agit de prendre appui dans l’exploitation d’autres types de minerais pour être moins dépendant de l’or, gérer ce secteur de sorte que l’activité minière puisse s’inscrire dans un projet global de développement», a détaillé le ministre Boubou Cissé.
Graves incidents à Kobada
Le ministre des Mines a par ailleurs entretenu la presse sur l’existence d’un arrêté interministériel interdisant désormais la pratique de l’orpaillage en période hivernale. Ainsi, au cours d’une mission de surveillance pour l’applicabilité de cet arrêté, une équipe de patrouille a surpris des orpailleurs clandestins opérant en violation de cet arrêté interministériel à Kobada dans l’Arrondissement de Kangaba, le jeudi 3 juillet 2014, aux environs de 8 heures. Les gendarmes en poste sur le site ont été pris à partie par des individus mal intentionnés qui ont tiré sur eux avec des fusils de chasse, faisant un mort et huit blessés.
Invités à quitter les lieux, les orpailleurs se sont rebellés contre les agents de la force publique qui ont dû utiliser des grenades lacrymogènes pour se désengager et rejoindre leur base. Une foule de manifestants hostiles et armés s’est attaquée au détachement composé de 37 gendarmes. Bilan : 9 gendarmes blessés dont un succombera lors de son évacuation sur le Centre de santé de Sélingué. Le bilan matériel très lourd se traduit par le saccage et la destruction des installations de l’unité pilote, bureaux et le stock de combustible de la société d’African Gold Group (AGG), qu’ils ont entièrement incendiée. À la suite des investigations menées sur le terrain, 56 interpellations ont été faites ; des saisies de matériels ont été faites dont 4 motos pompes, 6 manchettes, 2 appareils détecteurs d’or, 20 marteaux, 50 pioches.
Par ailleurs, il est utile de préciser que les sites d’orpaillage font face à plusieurs risques dont des cas d’accidents graves et mortels, notamment les effondrements mortels. Lesquels surviennent généralement en hivernage en raison de la nature fragile des sols ; d’où la demande d’interdiction en cours. C’est donc au vu de ces risques et soucieux de la sécurité des personnes et des biens, de la préservation de l’environnement, de la sécurité alimentaire, que les ministres des Mines, de l’Intérieur et de la Sécurité, de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, de la Décentralisation et de la Ville ont pris un arrêté interministériel 2014-1663MM-MIS-MEEA-MDV du 6 juin 2014 portant «Interdiction de l’activité de l’orpaillage pendant la période hivernale. Elle court du 15 mai au 30 octobre de chaque année.
Au final, le ministre des Mines dit avoir pris une batterie de mesures pour le développement/encadrement de l’orpaillage et la sécurisation des sites miniers.
Issiaka SISSOKO
