On peut se poser beaucoup de questions, mais vraiment beaucoup, sur la décision de l’Etat du Sénégal de (re) confier à l’entreprise Jean Lefèbvre Sénégal (JLS) la reconstruction du tronçon routier qui relie Fatick (la ville natale du chef de l’Etat) à Kaolack. Le coût de cette opération est d’environ 16 milliards de Fcfa pour 42 kms.
On se rappelle que cette même route avait déjà été…construite par la même entreprise, propriété du polytechnicien et homme d’affaires Bara Tall. L’infrastructure avait alors atteint un tel niveau de dégradation et de pourrissement que l’ancien président Abdoulaye Wade en avait mortellement voulu à Bara Tall. D’où la tentative de liquidation que l’ancien régime avait lancée contre JLS. Résultat annoncé : l’entreprise serait presque tombée en faillite à l’arrivée de Macky Sall au pouvoir. Le contentieux entre l’Etat et JLS a perduré jusqu’à ce que l’intervention décisive du président Sall incite les tribunaux à dédommager Bara Tall, tout en fermant définitivement le dossier. On a alors parlé d’une cagnotte de plusieurs milliards de Fcfa… En guise de dédommagement.
Rappel utile : Tall a activement participé à la chute du régime des Wade et son mouvement «Yémalé» (NDLR : équité ou égalité) est membre fondateur de la mouvance présidentielle au pouvoir depuis 2012. Néanmoins, la seule, l’unique question que nous nous posons est celle-ci : pour une raison éthique, fallait-il encore offrir ce marché à JLS ? Subsidiairement, Bara Tall n’aurait-il pas dû s’abstenir d’y postuler ? J’ai emprunté ce tronçon Fatick-Kaolack : c’est un scandale économique impuni.
Momar DIENG