La salle de conférence du Ministère de l’Economie et des finances a servi de cadre, le lundi 1er février 2016, à la signature de la convention pour le financement du projet d’aménagement routier et de facilitation du corridor Bamako-San Pedro, en Côte d’Ivoire. La convention a été signée par le Dr Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances et Mme Hélène N’Garnim Ganga, représentante résidente de la Banque africaine pour le Développement (BAD) au Mali. C’était en présence de M. Mamadou Hachim Koumaré, ministre de l’Equipement, du Transport et du Désenclavement ainsi que de plusieurs autres personnalités.
Le coût total du projet s’élève à 60 milliards de nos francs. Il vise l’aménagement routier et la facilitation du transport sur l’axe Bamako- San Pedro en passant par Zantiégoubou, Kolondièba et Boundiali à la frontière de la Côte d’Ivoire.
Cette convention est l’un des plus importants financements accordés à notre pays par l’institution financière africaine. Elle s’inscrit dans la droite ligne de l’adoption par le Conseil d’administration de la BAD, de la nouvelle stratégie d’appui au Mali qui a pour objectifs entre autres, de contribuer au renforcement de la résilience des populations les plus vulnérables en jetant les fondations d’une reprise durable de l’économie en vue d’accompagner le processus de développement et de sortie de crise au Mali.
La convention comporte un don du Fonds Africain de Développement (FAD) et de Facilité d’Appui à la Transition (FAT) pour des montants respectifs de 19,71 et 4,47 millions d’unités de comptes. A ce don s’ajoutent des prêts des mêmes fonds pour un montant de 31, 06 millions d’unités de comptes en ce qui concerne le FAD et pour 15,53 millions en provenance de la FAT. Lorsqu’on décompose le montant global de près de 60 milliards de FCFA, l’on s’aperçoit qu’il intègre 40 milliards de prêts et 20 milliards de dons.
En plus de l’aménagement routier, le projet prendra également en charge la réhabilitation et l’équipement des centres de santé le long du corridor, la fourniture d’ambulances et de véhicules tricycles pour le transport des malades, la réalisation des forages, l’aménagement des marchés locaux avec des garderies d’enfants, l’installation de systèmes d’éclairage solaire public dans les localités riveraines, l’aménagement de pistes rurales, de gares routières et d’aires de stationnement ainsi que de voiries urbaines. Sans oublier la construction de postes de contrôle juxtaposé et de marchés à bétail à la frontière Mali – Côte d’ivoire. Autant de réalisations qui donneront un coup de fouet au développement local tout au long du corridor.
Dans son intervention, Hélène N’Garnim Ganga a rappelé que le fonds sera destiné au financement d’un projet à la fois innovant et vital pour le Mali. D’un côté, l’aménagement du nouveau corridor routier, en facilitant le transport des biens et des personnes, permettra un voyage aisé du Mali jusqu’au port de San Pedro en Côte d’ivoire. De l’autre, le projet illustre la nouvelle orientation adoptée par la BAD qui est de renforcer l’intégration africaine. Le côté innovant du projet tient au fait qu’en sus de la route elle-même, il favorisera des aménagements socioéconomiques très importants, notamment la construction de centres multifonctionnels pour les femmes. Dans ces centres, il sera notamment proposé des kits d’équipements de transformation de produits agricoles.
En prenant la parole, Dr Boubou Cissé a salué non seulement l’excellence des relations entre notre pays et la Banque africaine de développement ; mais aussi et surtout la constance de l’institution dans son accompagnement à notre pays.
Le projet, indiquera-t-il, contribuera à la consolidation des efforts de développement et de désenclavement entrepris par les autorités dans le cadre du projet du développement du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Ce qui va être réalisé, a insisté le ministre, favorisera l’approvisionnement correct du pays à travers l’ouverture et la revitalisation d’un nouveau corridor maritime et contribuera à l’amélioration de la fluidité du trafic et la réduction de la durée du trajet et du coût d’accès de nos importateurs au port de San Pedro. Il contribuera également à l’amélioration du niveau de service de la chaine logistique des transports ainsi que les conditions de vie de nos compatriotes le long du corridor.
Le ministre de l’Equipement, du Transport et du Désenclavement soulignera lui aussi le caractère spécial d’un tel projet qui englobe plusieurs réalisations économiques. « Les principaux bénéficiaires du projet, a détaillé Mamadou Hachim Koumaré, sont les agriculteurs, en particulier les femmes qui éprouvent d’énormes difficultés d’écoulement des productions agricoles ». Mais sont également concernés les importateurs qui auront une nouvelle infrastructure routière adaptée et proche de Bamako, ainsi que les industriels, les transporteurs, les chargeurs dont les coûts d’exploitations et de logistiques seront substantiellement réduits. Le ministre attirera l’attention sur le fait que le projet boostera le développement économique d’une zone particulièrement excédentaire en productions agricoles. Il faut noter à cet égard que l’un des avantages du port de San Pedro est sa proximité. Il se situe seulement à 890 km de Bamako alors que celui d’Abidjan est distant de 1100 km. Et cette distance pourrait être réduite de moitié lorsque le corridor sera fonctionnel, a révélé le ministre Koumaré.
Mamadou DOLO
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