La revendication des jeunes de Kayes est toute simple : la réhabilitation de la route RN1 (Kayes-Bamako), longue de 600 km, la relance du train voyageur et la reprise des vols commerciaux à l’aéroport Kayes Dag-Dag.
Comme annoncé depuis plusieurs jours, les jeunes de Kayes mobilisés plus que jamais pour défendre leur région, ont mis en exécution leur menace de paralyser voir empêcher le trafic sur les grands axes menant à Bamako.
Vendredi, 23 août 2019, des dizaines de jeunes très excités n’ont pas attendus le levé du soleil pour couper le pont et barricader les routes des gros porteurs et autres transports en commun. Dès 00h, la circulation a été interrompue sur l’unique pont sur le fleuve Sénégal, cordon ombilical entre Kayes-Ba et Kayes-N’Di. Toutefois, la voie a été ouverte aux engins à deux routes.
Pourquoi bloquer les voies ? « Nous sommes ici pour exiger des autorités, du ministre en charge de l’Equipement, la réhabilitation totale de la route Kayes-Bamako, la relance des chemins de fer et l’ouverture de l’aéroport Dag-Dag pour les vols commerciaux », a lancé Karouga Sissoko, ressortissant de Kayes-Ba.
« Nous avons coupé la voie pour des raisons que vous connaissez. Nous demandons aux autorités de nous écouter, de prendre en compte nos préoccupations. Nous ne sommes contre personne, contre aucune autorité », a affirmé Djigui Diarra, un activiste natif de Kayes-N’Di. Et d’ajouter que « Ce n’est qu’une première action. Si rien n’est fait, nous entamerons d’autres actions plus dures afin que les autorités nous prennent aux sérieux », a averti notre interlocuteur joint au téléphone.
Le choix de bloquer le pont de Kayes, n’est pas anodin. Qui dit bloquer l’infrastructure dit empêcher le trafic des gros porteurs et autres moyens de transports en commun. C’est sur ce pont que la plus part des marchandises rentrant au Mali du côté de Diboly (frontière avec le Sénégal).
Des kayesiens sont meurtris par les fausses promesses des autorités. Cette fois, ils ont juré de se faire respecter « La seule chose qu’on peut entendre des autorités, c’est d’annoncer que les travaux vont commencer dans un bref délai, sans quoi nous multiplieront des actions dans les jours à venir », a martelé Youssouf Diallo, manifestant.
Pour Mamedy Dramé, un des initiateurs du mouvement, il est aujourd’hui, inadmissible que la région de Kayes qui génère des ressources importantes pour le Mali (plus de 60 % des marchandises y rentrent donc des milliards de F CFA dans la caisse de l’Etat), ait sa route qui lie à Bamako dans un état impraticable.
Kayes-ville n’était la seule concernée par les barricades des routes, le mouvement s’est aussi élargi à Kenieba et Diboly (ville frontalière avec le Sénégal). Puisqu’à partir de Kenieba, l’on peut rallier Bamako-via Kita, le mouvement a pris le soin de mobiliser des jeunes du côté de Kénieba pour barricader l’axe Kénieba-Kita depuis la ville de Kénieba. Là, également la consigne était claire : faire en sorte qu’aucune voiture ne passe.
Diboly, Kolokani et Diema ne sont pas restées en marge. A cause des barricades, des centaines de camions de marchandises étaient immobilisés.
Les manifestants qui ont remis leurs doléances au gouverneur de Kayes, ont tenu à être clairs : « Notre manifestation n’est dirigée contre personne ou un pouvoir, nous n’avons que nos problèmes en face et ils sont connus ».
Et de rappeler certaines conséquences du mauvais état de la route. « Voyez-vous le nombre d’accidents de route sur l’axe Kayes-Bamako, et dire que les autorités ne réagissent pas, ceci est seulement inadmissible », a regretté Oumou Camara, de l’Association des ressortissante de Kayes à Bamako qui ne s’est pas laissée conter la manifestation.
La route a été coupée à Kati et Kolokani par des jeunes de Kolokani, et de Kati qui pointent du doigt le ministre de l’Equipement Zeinab Diop comme étant la responsable de leur malheur. « Si son boulot est de mentir à la population, nous pensons qu’elle doit avoir honte », a affirmé une vendeuse au poste de péage de Kati.
Le ministre Zeinab roule les maliens dans la farine
Il faut dire que ce mouvement a été suivi auprès de la diaspora Kayesienne. Même loin de la patrie, certains ont exprimé tout leur soutien à l’initiative et espèrent qu’elle sera continuelle jusqu’à la satisfaction des revendications. « Il n’est pas normal que Kayes ait cette route. Il n’est pas normal que tant d’accidents aient lieu sur la route de Kayes. Kayes c’est notre vie, notre âme », a laissé entendre un expatrié depuis Saint-Denis (France), qu’on a joint au téléphone.
Le gouverneur de la région qui a reçu une copie des doléances des manifestants, a dit comprendre la colère des jeunes. Il a promis que la construction de la voie est une préoccupation des autorités et que dans les jours à venir, il se passera quelque chose.
Ce n’est un secret pour personne que la route de Kayes tue. De 2012 à 2019, il y a eu plus de 500 accidents de circulation avec 143 morts et plus 300 blessés.
Ce mouvement pour la réhabilitation de la route Kayes-Bamako ne devrait pas avoir lieu. On se souvient que le ministre de l’Equipement et du désenclavement, Zeinab Diop en octobre 2018 avait annoncé l’effectivité des travaux de réhabilitation de l’axe Kati-Kolokani-Didiéni. Près d’une année après l’annonce, rien ne fut fait. Zeinab a mis de la poudre dans les yeux des usagers et riverains.
Dans la foulée, n’avait-elle pas annoncé la réhabilitation de l’axe Tour de l’Afrique jusqu’au pont Sino-malien (3e pont) ? Mme le ministre, la parole donnée est sacrée.
Ayant trop roulé les Maliens dans la farine, Mme le ministre a par la suite été interpellée à l’Assemblée nationale. Devant les députés, elle a avancé les arguments qui expliqueraient le retard de la réhabilitation de certaines routes notamment du nord. Acculée par son interpellateur, le ministre Diop a fait fi de la solidarité gouvernementale et accusé son collègue des Finances d’être le problème. A ses dires, c’est le ministère des Finances qui ordonnent et débloquent l’argent pour la construction ou la réhabilitation des routes. Pauvre ministre de l’Equipement !
Si les autorités ne prennent pas conscience du danger de cette route, les jeunes de Kayes semblent les avoir devancés. La mobilisation pour la réhabilitation des routes est plus que jamais déclenchée. La jeunesse de la première région est unanime de l’adage qui dit que « la route du développement, passe par le développement de la route ».
Amadou Sidibé
Blocage de la route Kayes-Bamako / Des centaines de millions F CFA de pertes pour le Trésor public
La seule journée de perturbation du trafic entre Kayes et Bamako suite aux blocages des voies par des jeunes, a fait des centaines de millions F CFA de pertes pour le trésor public.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Plus de 60% des marchandises qui rentrent à Bamako, passe par la région de Kayes. Par jour, ce sont des dizaines de car de transports en commun qui empruntent la route Kayes-Bamako. Ce trafic important mobilise par jour plusieurs centaines de millions de F CFA au compte de l’Etat malien.
Le mouvement de blocage des routes de vendredi dernier, a certainement fait des pertes énormes à l’Etat et causé des préjudices aux particuliers.
Selon plusieurs transporteurs, des centaines de camions de transports de marchandises sont restés immobilisés, et cela a perturbé fortement le travail dans les bureaux et postes de douanes.
La seule journée de perturbation du trafic peut occasionner selon une source de la direction des finances des pertes énormes en termes d’argent pour le trésor public.
A.S.
Ce qu’on ne dit pas aux maliens, c’est que ce marché de reconstruction de la route Bamako-kati-kolokani-didiéni-kayes-diboli d’un montant de 78 MILLIARDS attribué à SATOM / CIRA / AGETIPE a été monté de toute pièces par le ministère de l’équipement et des transports de façon frauduleuse (gré-à-gré sans Appel d’offres) contrairement aux règles élémentaires du droit malien en la matière. Le plus étonnant, c’est que ces décisions sont prises en CONSEIL DES MINISTRES et personne ne dit le droit. Ce pays est et restera corrompu à jamais.
BRAVO AUX KAYESIENS QUI ONT FAIT PREUVE DE RESPONSABILITE; VIVEMENT LA PROCHAINE FOIS SI LES AUTORITES NE REAGISSENT PAS
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