Marché de banane “Namassa Dagan’’ : Plus de 10000 commerçants menacés de déguerpissement

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Que de grognes, d’inquiétudes et de frustrations autour du  projet des travaux d’élargissement en 2X2 voies de l’échangeur de la place des martyrs et ses différentes voies d’accès. Pour la réalisation de ces travaux, les commerçants de ce marché de banane  sont menacés de déguerpissement. Saisis le mercredi 30 janvier par nos soins, l’adjoint du secrétaire général du syndicat des vendeurs de bananes et de fruits, Tahirou Barry, et l’ex-président du premier syndicat des commerçants vendeurs, Kabiné Kaba, ont expliqué les causes de leur préoccupation.

« Les problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés sont vraiment nombreux. Mais celui qui nous préoccupe le plus est le projet d’élargissement en 2X2 voies de l’échangeur de la place des martyrs et toutes les voies d’accès à cet échangeur », évoque l’adjoint du secrétaire général du bureau syndical, Tahirou Barry. Selon le syndicaliste Tahirou, il y a deux mois, les commerçants ont été saisis par deux techniciens dont un représentant le ministère de l’urbanisme et l’autre s’est présenté au nom de celui de l’habitat. Comme témoigne le syndicaliste, ces deux techniciens ont expliqué aux commerçants du marché de bananes que suivant le programme de réalisation des présents travaux d’élargissement de la voie de l’échangeur de la place des martyrs, le gouvernement aura nécessairement besoin de 65 mètres sur l’espace dudit marché. Or, témoigne l’adjoint syndicaliste, la totalité de l’espace du marché  n’équivaut même pas 90 mètres. Chose qui sous-entend la destruction prochaine de ce marché qui sert l’ensemble du Mali en fruit y compris la capitale. Suivant ses propos, aucun commerçant n’est contre l’élargissement de cette voie, mais « il faut que le gouvernement essaie de réduire le nombre de mètres demandé. » Car, dit-il, « lorsque le gouvernement occupe l’espace demandé (65 mètres), le peu  qui reste ne permet aucunement aux commerçants d’exercer leur fonction ». Chose qui montre d’ores et déjà, le chômage des femmes et hommes qui vivent de ce marché. À l’en croire, des milliers de femmes veuves sans espoir  et ni moyen se nourrissent, travaillent quotidiennement dans ce marché en plus de ces milliers de jeunes et de chefs de famille qui y bossent pour subvenir aux besoins de leur famille. « Comme on est pauvre, on n’a pas d’autres solutions que demander au gouvernement de réduire le nombre de mètres demandés à 15 ou 20 mètres. Ce, pour éviter que ces travaux ne détruisent pas l’emploi de ces milliers de personnes qui ne vivent d’autres activités que ça », a-t-il confié. Il poursuit en faisant croire : « Le gouvernement veut tout simplement nous obliger à quitter ce lieu de travail sous prétexte de ce  projet de route ». Et le pire, selon lui, est que l’endroit proposé par le gouvernement n’est pas du tout propice pour l’exercice du métier que pratiquent ces commerçants. Pour Tahirou, il est vraiment dommage de voir le gouvernement détruire ce marché où travaillent plus de 10 000 personnes qui viennent de toutes les régions du Mali de Kayes à Kidal. Quant à l’ex-président du premier syndicat des vendeurs de bananes et de fruits, Kabiné Kaba, le marché de banane  existe depuis les années 1950, et le premier marché a été offert  aux commerçants par Maridjé Niaré, uniquement pour la vente des fruits. Donc ces commerçants ont reçu l’autorisation de l’État avant d’être installés, explique-t-il. « L’ambassade de France est le premier endroit qu’occupaient nos ancêtres, mais cet endroit  a été retiré par l’État. Après, les commerçants ont été installés à l’ancien abattoir du Mali avant d’arriver à Ngolonina, puis à la place de l’actuelle BCEAO. Et l’actuel marché de bananes nous a été offert par Moussa Traoré pour l’exercice de nos activités de vente de bananes et de tous les fruits confondus », explique Kabiné. « Ça me fait 58 ans d’exercice de cette fonction. Mais depuis que je suis là, je n’ai jamais vécu l’acte que le gouvernement veut nous faire subir. Puisque bien avant l’indépendance jusqu’à nos jours, ce sont les gouvernements qui ne donnent l’autorisation de nous installer. Ce, à commencer par Maridjé Niaré passant par Modibo Keita jusqu’à Moussa Traoré », ajoute-t-il. À en croire Kabiné, grâce à ce marché, aucun de leurs fils et petits-fils n’est allé à l’aventure. Car, dit-il, « tout le monde y travaille et tout le monde se débrouille pour subvenir aux besoins du quotidien ». Pour ce dernier, l’élargissement de la voie est une bonne chose et nul n’est d’ailleurs opposé à cela, mais les 65 mètres demandés par le gouvernement sont vraiment trop  sinon destructeurs du marché. C’est pourquoi «  prendre les 15 ou 20 mètres pour ces travaux n’est pas grave, mais aller jusqu’à 65 mètres vise uniquement à  détruire complètement ce marché. Et cela vise aussi d’autres objectifs qui ne sont pas que l’élargissement d’une voie », envisage-t-il. Il termine par déplorer l’éventuelle destruction de ce grand marché où plus de 200 tonnes de fruits sont déchargées en provenance de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de la Guinée Conakry ainsi que de toutes les régions du Mali à cause d’un projet routier de l’actuel régime.

Mamadou Diarra

Djénéba Touré, stagiaire

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