Quand une autorité est incapable de satisfaire ses administrés, elle cherche des boucs-émissaires sur qui jeter le discrédit. C’est le cas du directeur général des routes, Abdoulaye Daou. Ce dernier fait le faux fuyant sur l’entretien des routes.
Depuis quelques années, l’hivernage est devenu le véritable contrôle technique des routes maliennes. Englué dans une corruption généralisée qui ne dit pas son nom, les routes maliennes sont très mal conçues, souvent par des entreprises qui n’ont pas du tout la capacité technique. Mais, tout porte à croire que ces entreprises ont trouvé la bonne méthode pour échapper au contrôle et de faire réceptionner leurs travaux bâclés au détriment du contribuable malien.
Ainsi, chaque année, dès l’installation de l’hivernage, le réseau routier montre ses premiers signes de fébrilité. Il ne cesse de se dégrader, à tel point qu’à certains endroits, le passage devient un parcours de combattant. Dans la capitale malienne, une grande proportion du réseau routier est considérée comme gravement endommagée à grimpée. Ce sont des nids-de-poule de plus de 50 cm de profondeur et plus de 2 mètres de diamètres. Conséquence : Les usagers n’ont pas une autre solution que de choisir leur trou. Impossible de les éviter. Ce phénomène engendre des accidents parfois avec des morts d’hommes.
Qui en sont les auteurs de ses dégradations ?
Invité sur le plateau du journal télévisé de l’ORTM, le directeur général des routes, Abdoulaye Daou, pointe un doigt accusateur sur la population. A ses dires, « les populations agressent les routes, et cela fait que leur durée de vie n’atteigne pas le temps prévu », a déploré M. Daou.
Ce que le directeur général de la route a laissé entendre est de nature à faire le faux fuyant. De deux choses l’une. Soit le DG fait sciemment d’accuser fortuitement les usagers, soit il ignore complètement ce qui se passe sur le terrain. Sauf si on n’est de mauvaise foi, sinon tout le monde sait ces structures d’Etat et privées qui agressent les routes. C’est orange-Mali et Moov-Malitel qui ont pris la mauvaise habitude de découper nos routes goudronnées et implanter leurs fibres optiques.
Le DG Daou ne l’a mentionné nulle part dans son intervention. S’il fuit ses responsabilités, il ne doit aucunement s’en prendre aux pauvres citoyens, qui n’aspirent qu’à ce que leurs routes soient bien entretenues à tout moment.
Le DG Daou a aussi laissé entendre que l’entretien routier relève depuis le mois de mars 2021 de la compétence des collectivités. « Nous avons signé un accord avec les collectivités pour l’entretien des routes », disait-il. Pourquoi confier l’entretien des routes dont la durée de vie est dépassé à des collectivités sachant bien que les collectivités ne disposent pas de moyens conséquents pour y faire face ? On appelle cela, faire le faux fuyant.
Le directeur semble oublier que quand une route atteint un certain niveau de dégradation, son entretien est plus couteux et compliqué. Laisser se détériorer davantage les chaussées de Bamako sous prétexte que leur entretien relève des collectivités, n’est il pas un choix délibéré d’augmenter les charges de l’Etat ?
On n’a pas besoin d’être technicien pour savoir que nos routes ont dépassé le stade d’un simple entretien, c’est une réhabilitation totale qu’elles demandent. Et ce travail revient à l’Etat, au ministère des Transports et des Infrastructures.
Qui sait ? Si ce n’est pas la stratégie pour mieux lécher les mains lors de la passation des futurs marchés d’entretien ?
La dégradation des routes dans la capitale constitue en plus d’être un risque économique (la route représente plus de 90% des transports de marchandises), elle est une menace pour la sécurité routière. L’état actuel de nos infrastructures routières est un facteur déclenchant ou aggravant des accidents de circulation. Nous rappelons au DG Daou que plus les routes seront dégradées, plus il y a risque d’accidents. C’est d’ailleurs, le cas.
Nous invitons Abdoulaye Daou s’il se sent dans l’incapacité de soulager les maliens, de se taire une fois pour tout.
Djibril Diallo