Notre voyage par la voie terrestre dans la cité des Askias, il ya quelques jours, nous a permis de voir, de toucher du doigt les réalités du Mali profond des quatrièmes, cinquièmes, sixièmes, septièmes et huitièmes régions et qui se résument à : – la pauvreté des populations qui crève les yeux du visiteur; le chômage accru des jeunes ; l’insécurité ; la morosité de l’activité économique chancelante malgré la signature de l’accord censé donner de l’assurance, la quiétude et le décollage économique. Dans notre édition N° 43, nous vous avons décris cet état de fait. Cette fois-ci, il faut comprendre que la première insécurité pour nos populations vivant de Ségou à Gao, demeure les Nationales N°06 et surtout N°16 dont els mots nous manquent pour décrire son état. Et pour cause !
Le voyageur en quittant la gare de Sogoniko pour la sortie de la capitale, est surpris juste à la fin du quartier de Nyamana, de voir une route flambant neuve (fruit de la coopération Sino-Malienne). Là, il ne tarira pas d’éloges aux autorités « gros travailleurs, baptiseur du Mali nouveau ». Arrivée à Ségou à l’escale de « Nour Transport Voyageurs », le voyageur est sidéré par l’état du restaurant dans le quel il sera invité à venir déjeuner car, le grand voyage va bientôt débuter pour San, Wan, Sianso, Ténè, Sofara, Sévaré. Ici, vous êtes confus s’il faut entrer sous le hangar qui est en piteux état et surtout votre dégout, sera total avec des mendiants qui vous agressent. Gare à vous si vous n’êtes pas vigilant, votre repas est aussitôt raflé, s’en suit une course poursuite de ces nouvelles découvertes. De puis là, la couleur est annoncée pour le reste du long voyage.
Escale de San
Ici, le bus s’immobilise à l’escale de San au bord de la Nationale N°16, au sortir de la ville et non loin du stade municipal. La restauratrice, une dame (la quarantaine) bien dégourdie, invite les passagers à son menu. « Ce n’est pas mal, c’est appétissant et c’est propre». Après la prière et le repas, le bus reprend la route pour Mopti via Sienso juste à quelques encablures du restaurant. En fait, c’est le carrefour où les véhicules en partance soit pour Koutiala ou Mopti, se séparent. Ici, l’on peut lire la fatigue sur les visages de nos hommes en uniforme pour faute de sommeil tellement ils carburent.
Poste de Barbet
Après un long trajet parcouru, notre chauffeur celui-là même qui a pris la direction des opérations depuis Bamako, est toujours en forme. Nous étions en début de soirée et les voyageurs sentaient la fatigue. A peine le bus immobilisé, les agents des forces de sécurité y pénètrent pour el contrôle d’identité ; ensuite, nos gabelous procèdent au contrôle des bagages dans les coffres du Bus. Un travail qui a pris un sacré temps. Ha oui C’est ce qui fait le nom de ce poste connu pour la rigueur dans le travail des forces et de sécurité et des soldats de l’économie. Attention, là-bas, les gars ne rigolent pas. Correctement bien habillé, l’arme en bandoulière, le visage serré, le contrôle se fait sans un pipé un mot par les éléments de Gendarmerie, Police et Douanes.
Gare routière de Sévaré sur la route de Bandiagara
Sous une fine pluie, le Bus fait son entrée dans la gare routière de Sévaré. Ici, les passagers sont invités à descendre pour le diner et ceux de Sévaré ont pris congé de nous. D’autres ont plis leur place. La particularité de ce bus de « Nour Transport Voyageurs », pas de surcharge jusqu’à Gao.
Cap sur Douentza
Après le diner, le bus met le cap sur Douentza. Il était 22H30. A la sortie de Sévaré, le même contrôle comme à Barbet. Tous les passagers sont passés sans exception au crible. D’ailleurs, ici, nos gabelous sont très exigeants sur le contenu de certains bagages. Ce contrôle nous a fait perdre beaucoup de temps. A bord du bus, personne en rechigné car, il s‘agit de la sécurité. Et au moment où des agents contrôlent le véhiculent, d’autres veillent sur le bus, l’arme au point. Depuis là, notre adrénaline commence à monter.
Konna, la ville martyre
Jusque là, l’état de la route est acceptable comme l’axe Ségou Sévaré. Ici, la nuit était avancée et l’on entendait les cris des bêtes nocturnes (oiseaux, chiens…). Dans le froid et sous la pluie, nos gabelous procèdent au contrôle du véhicule. A quelques mètres, se dresse la statue du pilote français, Damien Boiteux dont l’appareil avait été abattu par les djihadistes lors de leur conquête de la ville de Konna, devenue martyre.
Le calvaire continuel jusqu’à Gao
Après cette étape, le grand voyage débute sous une forte pluie battante où seule l’expérience du chauffeur et sa connaissance de la route nous ont permis d’atteindre Douentza après six heures de route. A l’entrée de la ville, à peine arrêté, nous avons reçu la visite de nos forces de sécurité pour le contrôle d’identité. Tous armés jusqu’aux dents mais seul un contrôlait les pièces d’identité, les autres veillaient sur notre sécurité et celui des lieux. A partir de là, le visiteur se rend compte du stress, la pression que vivent nos forces de sécurité et de défense ainsi que les populations et les usagers de l’axe Sévaré/Gao. Dans cette partie du territoire, les populations et les usagers vivent un calvaire et une peur permanente d’être victime d’attaques ou de cambriolages de boutiques.
Douentza, la capitale du Hairé inondée
Après que tout soit minutieusement vérifié par nos forces de sécurité, notre car fait entrée en ville. Là, en face de l’escale de « Nour Transport Voyageurs », des passagers descendent, d’autres embarquent pendant que la ville était calme et les habitants étaient pour la plupart, surtout ceux qui sont au bord de la route et le passage des eaux de pluies, baignaient dans l’eau. Tous les magasins au bord de la N°16, ont été submergés par les eaux causant d’importants dégâts matériels. En réalité, l’eau coulait à grands flots emportant tout sur son passage. Ce qui a réveillé bien d’habitants de cette coquette cité avec ses vues panoramiques bordés de collines ainsi qu’une verdure à vous couper le souffle.
Ici, nous avons l’occasion de boire un Lipton chaud pour bien l’état de la route.
L’arrêt de Douentza a certes pris un peu de temps mais a permis aux uns et aux autres, de recharger leur batterie.
La main de Fatma et le mont Hombori
L’équipage du car, deux chauffeurs et deux apprentis, ne désarme face à l’état de la route mais a continué à rouler toute la nuit jusqu’au petit matin. Grande a été notre surprise de voir notre véhicule s’arrêter en face de la main de Fatma. S’en suivent des discussions à n’en pas finir. « Est-ce que nous sommes au Mali avec ces montagnes, ces chutes d’eaux, cette verdure », s’interroge un jeune commerçant originaire de Nioro du Sahel.
Richesses touristiques inestimables
« Ce n’est pas possible, comment est-ce que nous avons de telle richesse qui en sont mises en valeur par nos autorités ? », poursuit une dame étonné, voir abasourdie. Cette belle découverte a fait oublier aux uns et aux autres la fatigue engendrée par plus de 700 km de route. De la main de Fatma, nous pouvons voir le mont Hombori qui est haut de 1155m. Les commentaires fusent de partout et les chauffeurs sont joyeux de voir enfin la joie sur le visage de leurs passagers qui depuis la traversée de Konna à la main de Fatma, étaient muets, par crainte de surprises désagréables.
Hombori et sa chaine de montagnes
Comme d‘habitude, le contrôle est effectif et rigoureux. Les passagers en bronchant pas. Ici, le bus s’arrete à 100 m du poste pour que chaque passager soit contrôlé pendant que les autres éléments de défense et de sécurité veillent au grin. « On se croirait en guerre avec l’état d’alerte de nos forces de sécurité et de défense. Pourtant, c’est bien cela car, ici, les bandits armés peuvent attaquer à tout moment à part qu’ils épargnent les véhicules de transport de passagers », explique un connaisseur et habitué de l’axe.
Wamy : 2km pour 45mn de calvaire
Pendant que beaucoup de passagers dormaient, le bus poursuivait sa course très difficile au milieu de cailloux, de rochers, de boue et sous une pluie battante pour atteindre le village de Wamy, situé à 12 km. Le comble, c’est que le véhicule a mis 45mn pour arriver dans cette bourgade d’éleveurs.
Gossi et sa marre
Après Wamy, le calvaire va se poursuivre jusqu’à Gossi. Ici, nous avons été surpris de voir la plus grande marre de la région où viennent s’abreuver nos éléphants du Gourma, zone située en région de Mopti, Tombouctou et la frontière du Faso. C’est là que des Tours Operators (T.O) font visiter aux touristes notre richesse touristique jamais égalé en Afrique de l’Ouest ; et ce n’est pas surprenant que des T.O de pays voisins mettent dans leur circuit le Gourma. Dans cette partie du pays, les populations vivent de commerce, d’élevage et d‘agriculture malgré les conditions climatiques très difficiles et l’insécurité de ces vingt dernières années causée par une mauvaise gouvernance des plus scandaleuse de l’ère de « nos grands démocrates ».
Alerte rouge à Gossi
Au poste d’entrée de la ville, les forces de sécurité travaillent sans relâche au contrôle d’identité. Après, les passagers marchent à pieds pour rejoindre les restaurants et nombreux dibiteries qui jonchent la N°16.
Patrouilles des FAMA et des milices
Ce qui a attiré notre attention, ce sont les patrouilles de véhicules de la Gendarmerie Nationale, des Fama et du GATIA. Renseignements pris, ils étaient à la recherche des éléments du Commando qui a lâchement attaqué le camp de Gourma-Rharouss. La moisson été bonne car, nous verrons au poste de contrôle de la ville des prisonniers menottés. Cet exploit, explique nos sources est du à la collaboration des populations qui n’en peuvent plus de ces attaques de nos FAMA.
Dans cette ville grouillante, outre nos FMA, nos gabelous sont au four et moulin. Nous avons constaté le contrôle d’une remorque rempli de marchandises. Le chef de poste, très calme, nous fait savoir que c’est leur quotidien malgré la tension et l’insécurité qui est réelle, latente.
Gao à portée de main
Le ouf de soulagement est poussé lorsque notre bus a mis le cap sur Gao. « Maintenant, vous allez attaquer la bonne route comparativement au parcours Sévaré/Gossi. Vous allez bientôt rentrer à Gao sans problème », nous rassure un vieux chauffeur assis à l’ombre d’un hangar sirotant son thé à la menthe.
Carcasses de véhicules au bord de la N°16
Ce qui frappe sur cet axe Gossi/Gao, ce sont la dizaine de carcasses de véhicules incendiés sciemment par des bandits armés et les morts provoqués. Aussi, vous pouvez voir au bord de la route des véhicules en panne attendant d’être dépanné. Ce qui rassure, ce sont les nombreuses patrouilles des FAMA et des milices de la plate-forme qui rôdent sur l’axe prêtes à agir en cas de danger.
Wabaria, me voilà !
Après une longue course difficile, le bus arriva enfin au poste du village de Wabaria, là où se trouve le nouveau pont qui porte son nom. C’est le même contrôle de routine avec la différence que nous devons bientôt monter à bord d’un ouvrage stratégique d’où des barrières de contrôle en amont comme aval du pont de Wabaria. Ici, le voyageur a du mal à faire al différence entre militaires et forces et de sécurité tellement la synergie est totale avec seul mot d’ordre : défendre l’intégrité territoriale, les personnes et leurs biens. Pour preuve, partout où notre car a été contrôlé, les agents sont au four et au moulin. Attention, évitez de vouloir les taquiner, ils ne vous répondront pas. A Wabaria, c’est le cas. L’alerte de nos FAMA est réelle, palpable. En un mot, ici, tout le monde est en état d’alerte et prêt à riposter à toute attaque.
Bamako/Gao : Plus de 24heures de voyage
A quinze heures, après un jour et demi de voyage, notre car fait son entrée dans la gare de « Nour Transport Voyageurs » à Gao, non loin de l’hôpital de la ville. Ici, il avait beaucoup plus à telle enseigne que des rues étaient impraticables. D’où cette confidence d’un riverain septuagénaire de son état : « Il y a cinquante ans, Gao, n’a pas reçue de telles précipitations d’eaux qui stagnent partout, ne coulent pas et créent de petites marres ça et là à travers la ville. Cela nous embête». Ainsi, nous avons compris ce qui nous attend au cours de notre reportage sur la ville et ses alentours.
Ainsi, a pris fin notre voyage allé dans la cité des Askias de Gao. Ce qu’il faut retenir, c’est que la première insécurité au nord, demeure nos routes et singulièrement la Nationale N°16 qui a été délibérément abandonné, voir sabotée, malgré l’existence de structures pour les entretiens. En fait, son état facilite la pause de mines anti-personnel et les attaques à mains armées.
Bokari Dicko, envoyé spécial
un récit cousu de fautes de tout genre…. Pauvre Mali….. On est encore tresloin…
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