15 ans après son inauguration en grande pompe par IBK : Les actionnaires de la ” Société du Pont de Kayes ” courent toujours derrière les milliards FCFA investis dans l’ouvrage

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kayesC’est la révélation faite lors d’une rencontre avec des représentants du secteur privé au quartier du fleuve le vendredi 7 novembre. Voilà une situation qui interpelle les plus hautes autorités de l’Etat. Surtout que la construction de l’ouvrage sur financement d’une société privée a été négociée alors que l’actuel président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, était aux commandes de la primature.

 

Depuis 1999, les privés nationaux qui ont investi dans ce projet, à travers la Société du Pont de Kayes, attendent toujours de l’Etat qu’il respecte ses engagements contenus dans le contrat de concession signé avec le gouvernement du Mali.

inancé par la Société du Pont de Kayes, grâce à l’appui d’un consortium de banques avec comme chef de file la BDM SA, le pont de Kayes est opérationnel depuis le 4 février 1999 quand il a été inauguré par l’actuel chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta, à l’époque Premier ministre du président Alpha Oumar Konaré. D’une longueur totale de 420 mètres, le pont de Kayes, qui relie Kayes N’Di à Kayes Ba, est un pont mixte en béton armé et tablier métallique constitués de 2 culées et 12 piles. Les normes utilisées pour la conception et l’exécution de cet ouvrage sont les normes européennes.

De la crise ivoirienne à nos jours, tout le monde a pu se rendre compte de l’importance du pont de Kayes qu’empruntent tous les jours des centaines de gros porteurs du corridor Dakar-Bamako. C’est dire que l’ouvrage est un maillon capital dans le désenclavement de notre pays ; en ce sens également qu’il sert de cordon ombilical entre les deux rives du fleuve Sénégal qui traverse la ville de Kayes.

 

Contrat de concession

Qui ose donc croire que, malgré son utilité évidente pour la localité de Kayes et pour l’ensemble du pays, les frais occasionnés pour la construction du pont de Kayes ne sont toujours pas remboursés par l’Etat qui a démarché, en son temps, des privés nationaux afin qu’ils préfinancent la construction de cet ouvrage?

Pour ce faire, l’Etat a signé avec la Société du Pont de Kayes un contrat de concession qui court sur 20 ans à compter de la date de mise en service de l’ouvrage. Dans ledit document sont explicitées les conditions techniques et financières d’exploitation du pont. C’est ainsi qu’il est stipulé que ” la rémunération de la Société du Pont de Kayes est constituée par les ressources que procurent l’exploitation de la voie centrale du pont et celles des installations annexes éventuelles “. S’y ajoute que ” ces ressources doivent permettre à la Société du Pont de Kayes d’équilibrer ses comptes et d’assurer le remboursement des emprunts souscrits auprès des banques par la Société du Pont de Kayes en vue de payer le coût de la construction du pont, ainsi que les charges d’exploitation et d’entretien de l’ouvrage”. A cet effet, une tarification a été arrêtée pour la traversée du pont par les véhicules personnels, les motos, les charrettes et bien entendu les véhicules poids lourds. Ces tarifs variaient de 100F CFA par moto à 20 000F CFA pour un véhicule poids lourd de 41 à 60 tonnes.

 

Règlement à l’amiable

L’entretien des ouvrages, des installations, équipements et matériels devait également être assuré par la Société du Pont de Kayes à ses frais. Avec toutefois pour obligation de faire des comptes-rendus périodiques au ministre en charge des Travaux publics faisant ressortir le tableau du trafic horaire et du trafic journalier par type de véhicule et par sens de circulation ; des accidents et pannes survenus sur les installations ; des travaux d’entretien effectués, etc.

C’est, en effet, l’actuel chef de l’Etat, IBK, à l’époque Premier ministre de Alpha Oumar Konaré, qui a inauguré, le 4 février 1999, le pont de Kayes, offrant ainsi à la population un ouvrage dont elles avaient cessé de croire qu’il serait un jour une réalité. Quinze ans après cet événement historique, force est de reconnaître que les privés maliens, qui ont entièrement financé le pont, n’ont jusque-là perçu le moindre sous contrairement aux clauses du contrat de concession signé avec l’Etat.

Considérations politiciennes

Le péage qui devait leur permettre de rentrer dans leur fonds n’a jamais été mis en œuvre pour des considérations aussi politiciennes qu’irresponsables. Si cela avait été, la Société du Pont de Kayes aurait dû percevoir à la fin 2016 quelque 9 milliards FCFA. Comme c’est l’Etat lui-même, à travers les différentes équipes gouvernementales qui se sont succédé depuis la date de sa mise en service, qui n’a pas voulu appliquer le système de péage, il lui faudra maintenant mettre la main à la poche…Et résoudre cette équation qui n’a que trop duré.

En tout cas, selon nos sources tel semble être également le souhait du département des Transports et de l’Equipement qui, dans une correspondance, a donné son “ accord de principe pour un règlement à l’amiable du litige relatif à la mise en œuvre du contrat de concession pour l’exploitation et la gestion du pont de Kayes, conclu entre l’Etat du Mali et la Société du Pont de Kayes “. Interpellé sur la question lors de son récent déplacement dans la cité des rails, le Premier ministre Moussa Mara avait abondé dans le même sens. Ce qui augure certainement d’un début de solution.

Mamadou FOFANA

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