Pour la septième fois consécutive, la traditionnelle journées de concertation Banque-Presse s’est tenue au village artisanal de Ségou, les 17 et 18 mars sous la présidence du ministre de l’Economie et des Finances, Dr. Boubou Cissé, en présence du Président de l’APBEF, Moussa Alassane Diallo, du Gouverneur et du Maire de Ségou, des Directeurs de Publication des journaux, Directeurs de Banques et de Radios. Le thème retenu cette année, «Financement bancaire des entreprises au Mali : Défis et opportunités» a été animé par Babali BA, Directeur Général de la Banque Malienne de Solidarité (BMS-sa). Une brillante communication qui a éclairé la lanterne des participants sur les opportunités et défis liés au financement des entreprises au Mali.
Les banques sont des acteurs majeurs dans le financement de l’économie. A ce titre, leurs problèmes doivent être connus et partagés avec les principaux partenaires que sont : l’Etat, les entrepreneurs, et la presse qui a surtout un rôle essentiel à jouer dans la formation, l’information et même l’encadrement de la clientèle. Le conférencier du jour, Babali BA, exhorte les opérateurs économiques à un comportement citoyen à même d’instaurer un climat de confiance avec les banques, à améliorer leur organisation et à tenir une comptabilité fiable afin de bénéficier de financements plus importants pour leurs opérations, notamment celles liées aux investissements. Ce, compte tenu du rôle que jouent les entreprises privées et les banques dans la croissance de l’économie nationale. Pour y parvenir, le DG de la BMS-sa estime qu’il serait utile de mettre en œuvre dans les meilleurs délais, le dispositif d’appui élaboré par la BCEAO avec le cadre de soutien qu’il englobe. Le rôle de la BCEAO consistera entre autres à prendre des mesures d’incitation visant à rendre plus attractifs les crédits bancaires aux PME/PMI, en agissant sur les conditions d’offres de financement. Ces incitations pourraient concerner la réduction des risques attachés au financement de cette catégorie d’entreprises, notamment le risque de liquidité et faciliter le refinancement des créances portées par les établissements sur les PME/PMI éligibles.
Les écueils d’un financement bancaire :
Le financement des entreprises maliennes par les banques a connu une progression ces cinq dernières années. En fait, les crédits octroyés aux entreprises maliennes sont passées de 1 175 milliards en 2012 à 2 205 milliards fin 2016 ; soit une hause annuelle moyenne de 22% contre une progression annuelle moyenne du PIB estimée à 5,5%.-avec bien entendu, une prédominance des crédits à court terme qui représentent en moyenne 60% de l’ensemble des crédits accordés ; explique Babali BA dans un tableau bien agencé.
Pour l’ensemble des activités financées, le commerce général vient en tête avec 41 à 45% ; suivi des secteurs industries manufacturières, électricités, eau, gaz, transport, entrepôts, télécommunications, assurances, affaires immobilières et services, moyennement financés avec un taux variant entre 6,1% et 13%-et enfin viennent les secteurs sous-financés que sont l’agriculture, la sylviculture, la pêche et les industries extractives.
Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Malgré les efforts fournis par les banques, les créances en souffrance brutes du système bancaire malien se sont établies à 380, 8 milliards de F.CFA à la fin décembre 2016 ; soit une hausse de 47, 7 milliards de F.CFA ou 15% par rapport au niveau de décembre 2015 et de 46% par rapport à décembre 2014, a fait remarquer le conférencier du jour. Dans le même temps, poursuit Babali BA, les crédits à la clientèle ont progressé de 18% entre 2015 et 2016 et de 40,6% entre 2014 et 2016.
Comme pour dire qu’une des plus grosses difficultés des banques réside dans l’importance des créances en souffrance. Une situation due en partie à la faiblesse du business plan et la mauvaise qualité des états financiers souvent présentés aux banques ; les insuffisances constatées dans la gestion et la gouvernance des entreprises ; les contraintes liées à l’environnement juridique, judiciaire et fiscal ; l’insuffisance ou la faiblesse des mécanismes de partage des risques entre autres. Une plaie à repenser selon le conférencier.
Comment pallier à cette difficulté ?
Le Directeur Général de la BMS-sa, non moins conférencier, Babali BA a égrainé un chapelet de dispositions prises par la BCEAO et les banques afin de recadrer les mauvais payeurs : «afin de dissuader les mauvais payeurs, une centrale d’enregistrement de chèques sans provision a été instituée. Ladite centrale permet de sanctionner les clients récidivistes pouvant aller jusqu’à une interdiction de chéquier». Autres dispositions prises par la BCEAO, la création de la centrale des Risques. Il s’agit, aux dires de Babali BA, d’un des premiers outils de contrôle permettant à une banque d’accéder à des informations relatives aux engagements d’un client à financer à travers un document consolidé mis à la disposition des banques mensuellement par la BCEAO appelé centrale des Risques.
Dernier instrument mis en place par la BCEAO après son adoption par l’Assemblée Nationale, le bureau d’information sur le crédit avec crédit info-volo vise à recueillir le consentement préalable du client afin de communiquer et de partager ses engagements bancaires avec les autres confrères banquiers de la place. Il permet, selon le conférencier, d’éviter le surendettement du client et protège le système bancaire contre les clients, les mauvais payeurs et indélicats.
Malgré les difficultés et les défis à surmonter par les banques et les entreprises au Mali, des opportunités restent à saisir tant par les entreprises en création qu’en extension afin de faciliter leur développement. Entre autres opportunités, les facilités liées à la création d’entreprises à travers le «Guichet Unique» ; les facilités liées au Code des investissements du Mali ; l’existence de fonds de garanties ou de garanties liées aux financements des entreprises.
«Les travaux de l’année 2016 m’ont permis d’apprécier la qualité des communications et la hauteur de vue des échanges. Voilà une belle initiative de partenariat qui, de mon point de vue, doit être institutionnalisée au regard de sa contribution à l’information et la formation de la population sur les activités bancaires et financières», a dit Dr. Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances à la cérémonie d’ouverture. Il a tout de même salué la qualité de la communication présentée par le DG de la BMS-sa.
Les journées de concertation Banques-Presse privée, rappelle Moussa Alassane Diallo, exemple unique dans l’espace UEMOA, ont permis de conduire des échanges et des débats sur les grandes préoccupations économiques, financières de notre pays et sur le climat des affaires. Et de poursuivre : «les travaux ont abouti à des résolutions et recommandations pertinentes qui ont constitué de repères pour les décideurs politiques, l’administration financière, les opérateurs économiques et le monde scolaire et universitaire».
«Une entreprise qui communique est une entreprise qui gagne», rappelle le doyen Thiona Mathieu KONE qui a animée le deuxième thème de ces journées de concertation à savoir : «Communication d’entreprises : enjeux au Mali».
De l’avis des participants, cette 7ème édition a tenu toutes ses promesses après des échanges fructueux assortis de recommandations pertinentes.
Plusieurs prix d’encouragement ont été décernés par la presse. Le DG de la BMS-sa, Babaly BA a reçu le 1er prix de la Banque la plus communicative en 2016.
B. KANTE