Début de clarification à la BHM : Ce qui est reprochable à l’ex-PDG arrêté

0

Retenu à la Brigade du Pôle économique et financier après quatre (4) années de séjour forcé en France, l’ex-PDG de la Banque de l’Habitat du Mali est depuis une semaine l’objet d’une procédure de mise en examen. Son arrestation sonne ainsi le tocsin des grandes clarifications sur le tort injustement causé à l’entreprise, en attendant bien sûr que les langues se délient à la suite d’une série d’interpellations consécutives à celle de Mamadou Diawara.

rn

rn

 Si arrestation signifie aussi privation de liberté, l’ex-PDG de la Banque de l’Habitat du Mali, en l’occurrence Mamadou Baba Diawara, n’est manifestement plus libre de ses mouvements depuis vendredi dernier. C’est ce jour, en effet, que les limiers du Pôle économique et financier près la cour d’Appel de Bamako, sous la houlette du Procureur de la Commune III de Bamako, Sombè Théra, ont procédé à l’interpellation du Banquier en exil en France depuis son limogeage par les hautes autorités maliennes. L’arrestation de M. Diawara, ainsi que de nombre autres collaborateurs anciens, est consécutive à une plainte en bonne et due forme que la BHM a formulé contre lui et ses anciens partenaires de l’entreprise immobilière WAIC, promoteurs des mangueraies de Sébénikoro.

rn

rn

 Selon les besoins de la procédure et des tournures que prendront les enquêtes préliminaires, l’ex-PDG pourrait très prochainement se retrouver en détention provisoire ou en liberté, mais il est pour l’instant soumis à l’interrogatoire très serré des Brigadiers du Procureur du Pôle. Ces derniers semblent en effet aussi intéressé que l’opinion à tirer au clair les pratiques qui ont mis à genoux la BHM, provoqué ses crises de trésoreries préjudiciables à une clientèle longtemps meurtris d’impuissance devant les traitements infligés leur Banque.

rn

rn

 Cette situation encore très récente dans les mémoires est-elle imputable à l’excès de générosité de l’État malien prompt à combler les besoins de la masse par des investissements déficitaires ? C’est en tout cas l’une des explications qu’en avait tacitement donné l’ex-PDG aux arrêts, à la faveur d’une récente tentative, depuis la France où il séjournait, d’apporter la contradiction au Rapport des contrôleurs maliens sur la tragédie de la BHM-SA. Mais à l’évidence, le drame financier et comptable vécu par l’ancienne Banque de Mamadou Diawara est loin d’être la conséquence d’un financement de logements sociaux, à en juger du moins par le contenu d’un rapport produit par les commissaires aux comptes de l’entreprise.

rn

rn

 Produit en 2004, le Rapport des Cabinets MAECO et Nicolas Kovahey concerne spécifiquement l’exercice 2003, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de pratiques enracinées dans une gestion beaucoup antérieure. En effet, pour l’organisation de l’information et de la gestion comptable, les commissaires relèvent l’existence un système purement théorique, à cause notamment de l’ineffectivité de la quasi-totalité d’outils et documents comptables que sont le livre journal et le livre d’inventaire. A cela s’ajoute des anomalies, tripatouillages et manipulations aussi graves que confuses, telle la coexistence d’éléments incompatibles dans le même système comptable. Et les commissaires d’en conclure une intention manifeste de créer les conditions aux doubles emplois, voire la possibilités de faire différentes situations comptables pour les mêmes comptes bancaires. C’est sans doute au genre de duplicités irrégulières – à savoir les énormes différence entre le système informatisé et les données du Service Crédit – qu’est imputable un écart de dix-neuf (19) milliards décelé au niveau des cinquante (50) plus gros engagements de la Banque.

rn

rn

 Au registre des mêmes pratiques frauduleuses figure, par ailleurs, le recours excessif et suspect à une méthode appelée « OD » (Opérations  Divers) pour la régularisation des comptes de promoteurs immobiliers. Ce n’est pas. Au lourd passif légué par Mamadou Diawara à ses successeurs s’ajoute aussi une culture du clientélisme, du vol et de la tricherie. Toutes choses que traduisent les violations multiples de la déontologie bancaire par prélèvement d’agios indus sur certains emprunts, la création de comptes intermédiaires au nom et à l’insu de la clientèle, l’endossement frauduleux par celle-ci des charges de l’entreprise, etc. L’exemple le plus illustratif concerne l’inestimable préjudice causé à certains clients de la BHM par un agent de la représentation parisienne qui s’octroyait des retraits subtilisés sur les comptes d’autrui.

rn

rn

S’y ajoutent des irrégularités non moins abominables décelées par les commissaires en terme d’achats sans bons de commande et de bordereaux de réception, de black-out sur les originaux de pièces justificatives, sans compter les nombreuses largesses indûment accordées à un personnel trié sur le volet.

rn

rn

 Mais la pratique la plus abominable reprochable à l’ex-PDG aux arrêts concerne sans doute une gestion des risques assimilable à la négligence coupable et intentionnelle, au regard notamment de ses conséquences énormes sur le devenir de la BHM. Il s’agit, en clair, des multiples prêts accordés aux promoteurs immobiliers pour des dizaines de milliards francs CFA sans que la direction bancaire ait pris la précaution de se prémunir de garanties permettant une couverture suffisante des risques en la matière. Sur la question le Rapport des Commissaires aux comptes mentionne clairement que les programmes immobiliers relatifs aux prêts concernés n’ont jamais fait l’objet d’une expertise ni sur la valeur des titres ni sur l’évolution de leur réalisation. Comme pour signifier tacitement qu’il y avait intérêt à s’en passer.

rn

rn

 Abdrahamane Keïta        

rn


Commentaires via Facebook :