De la souveraineté alimentaire à la famine : Le Mali franchira-t-il le cap ?

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L’arrêt brutal et prématuré des pluies hivernales, lors de la campagne agricole qui tire vers sa fin, n’a pas été sans conséquence pour les cultures vivrières ; le riz le maïs, le mil et le sorgho. Une campagne qui s’annonce désastreuse sur toute l’étendue du territoire national. Du coup, une seule interrogation est sur tous lèvres, le Mali passera-t-il de la souveraineté alimentaire annoncée l’année dernière à la famine pour les mois à venir ?

A la lumière de la situation hydro-agricole de notre pays, il y a forcément lieu de s’inquiéter. Contrairement aux espoirs qu’elle suscitait encore en Août dernier, la campagne agricole 2011 s’annonce finalement comme l’une des plus mauvaises des deux dernières décennies. L’arrêt prématuré des pluies a contribué à craindre une disette aux conséquences incalculables. Partout, le même spectacle de désolation, des pieds de maïs, de sorgho, de mil et même d’arachide commencent à se faner. Conséquence, les prévisions seront enterrées.

A Sikasso, région la plus arrosée dans le domaine pluviométrique, beaucoup de cultures tant vivrières que commerciales, sont encore en retard. Néanmoins d’autres ont été déjà récoltées, en particulier le maïs. Mais beaucoup de champs de coton commencent à porter fruits, ce qui est loin de l’éclosion des boules de coton.

Ainsi, la souveraineté alimentaire déjà annoncée lors de la campagne agricole 2010 est en passe de laisser la place à la famine. Déjà, l’impact de cette année noire se fait ressentir. En plus d’une flambée vertigineuse, certaines denrées commencent à disparaitre de la situation. Dans ce lot, nous retrouvons le riz, le maïs et le petit mil.

Malgré ces indices inquiétants, l’Etat reste muet comme de marbre.

 Les élections et le référendum qui s’annoncent tambour battant, ces derniers temps, risquent d’être des facteurs qui contribueront à accentuer ces inquiétudes. En plus de ces joutes de tous les dangers, le Premier Ministre Mme Sidibé Mariam Kaïdama Cissé, aura du pain sur la planche. Sans le moindre effet de surprise.

Laissera-t-elle le Mali sombré, comme la Somalie, le Kenya et le Niger dans la disette ? Seul l’avenir nous le dira. De toute évidence, il est temps que nos autorités prennent conscience du risque qui plane sur le Mali.

Trop optimiste à nos yeux, le commissaire à la sécurité alimentaire s’est tout simplement contenté de prévoir une année difficile à certains endroits. Face à la gravité de la situation, les mesures drastiques doivent être prises au plus haut niveau de l’Etat. Toutes négligences peuvent être fatales et dramatiques pour les populations concernées. Il urge plus que jamais que les politiques se détournent pour le moins de la fièvre électorale de  2012 pour regarder la réalité en face d’eux, à leurs pieds. Même au prix d’un éventuel report des élections. La question ne doit pas être un tabou si toutefois les politiques avaient le Mali à cœur. Cela s’appelle un sursaut national. C’est à ce seul prix que bien de nos concitoyens se verront épargnés d’une nouvelle famine qui ne dit pas son nom.

À suivre…

Lamine Diallo

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