Dans le cadre de la conférence de suivi de Bruxelles qui a lieu aujourd’hui 15 mai 2014 à Bamako, « International Alert » a publié une lettre ouverte sur l’aide et le développement au Mali. Sans passer par quatre chemins, Dan Smith, secrétaire général de « International Alert », au nom des organisations de la société civile associées, dit clairement que « Le Mali doit rester une priorité sur l’agenda international »
« Un an après la conférence ‘’Ensemble pour le renouveau du Mali’’, la conférence de suivi de Bruxelles le 15 Mai 2014 à Bamako qui vise à mener une évaluation technique et budgétaire de l’aide et des activités gouvernementales présente une opportunité unique d’appréhender les enjeux auxquels le Mali fait face », a indiqué d’emblée la lettre ouverte de « International Alert ».
Après consultation des organisations de la société civile, comme l’Alliance malienne pour refonder la gouvernance en Afrique (ARGA), le Forum des organisations de la Société Civile (FOSC), le Conseil National de la Société Civile ( CNCS) et le Forum des ONG Internationales au Mali (FONGIM), International Alerte « encourage les bailleurs de fond et amis du Mali à saisir cette occasion pour apprécier dans quelle mesure l’assistance internationale est adaptée et sensible aux conflits et évaluer les résultats et avancées concrètes des interventions sur le terrain ».
International Alert a indiqué que « la confÈrence du 15 mai 2013 aà Bruxelles a ÈtÈ l’occasion d’Ètablir un nouveau contrat pour le dÈveloppement du Mali ». Il a rappelé que Treize chefs d’Etat et cent sept délégations y ont participé, affirmant leur soutien au peuple malien et leur engagement en faveur du développement, de la reconstruction politique, sécuritaire, économique et sociale et de la stabilisation du Mali.
« Deux tiers des 3,25 milliards d’euros déjà, engagés, pour un impact peu visible sur le terrain»
La société civile se questionne, jugeant l’impact du décaissement sur le terrain peu visible
Avant de soutenir qu’ « Un an après, le bilan est présenté comme positif ». Selon les informations qu’il dispose, International Alert dira que « deux tiers des 3,25 milliards d’euros consacrés ont déjà été engagés et le Mali et ses partenaires ont ouvert plusieurs chantiers (restauration des services et de la légitimité de l’Etat dans les régions du Nord, lutte contre le terrorisme, rétablissement de la sécurité humaine et de l’accès à la justice et conditions favorables pour le retour des populations déplacées) ».
Au regard de ces actions, la communauté internationale pourrait penser avoir fait beaucoup pour le Mali. Dan Smith, Secrétaire général de International Alert, au nom des Organisations de la société civile associées à la lettre ouverte pense le contraire. Il estime que « Le Mali doit rester une priorité sur l’agenda international ».
Cela est d’autant plus primordiale que la lettre ouverte indique clairement que « La société civile se questionne, jugeant l’impact du décaissement sur le terrain peu visible, et les ONG éprouvent des difficultés à répondre aux attentes et besoins des populations ».
Elle profite pour dénoncer un état de fait. « La société malienne et internationale s’estime peu associée aux mécanismes de suivi des engagements de Bruxelles et souhaite souligner la nécessité d’avoir un débat ouvert et transparent sur les différentes étapes du processus (engagement, décaissement, mise en œuvre) ». Avant de recommander aux participants à la réunion d’aujourd’hui de « saisir cette opportunité pour faire le point sur la mise en œuvre des réformes nécessaires et de définir ensemble un consensus sur les objectifs et résultats souhaités ».
Les organisations de la société civile estiment que « La question est de s’interroger sur le bilan de cette année, et de comprendre si nous nous basons sur une analyse suffisante des vulnérabilités du Mali d’avant la crise, et si l’aide internationale a permis d’intégrer une vision commune du Mali de demain dans le développement et l’établissement d’une paix durable au Mali afin de bâtir, ensemble, un Mali moderne ». A cet effet, la société civile estime que « Cette réunion doit encourager l’animation d’espaces de débats inclusifs et ouverts, l’approfondissement des analyses et des diagnostics, la conception l’exécution et l’évaluation des politiques et des actions publiques basées sur les valeurs, les sens, l’éthique et la mobilisation des énergies des territoires comme stratégies pour le renouveau du Mali ».
Pour finir la société civile à recommander aux partenaires techniques et financiers d’inclure les points suivants dans les réflexions du 15 Mai 2014 : Répondre aux besoins de dialogue et de débats ouverts à tous, une analyse plus profonde des conflits, le renforcement des systèmes de gouvernance inclusive, une meilleure compréhension des liens étroits entre les conflits et le changement social., l’implication des citoyens, communautés et leaders à l’échelle locale, Comprendre la nature et l’ampleur de la corruption pour encourager transparence et redevabilité, une meilleure mise en perspective du cas malien pour informer les politiques d’aide.
Assane Koné