Visite du président Touré aux Pays-Bas : Des convictions et des principes partages

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Le chef de l’Etat a trouvé une oreille attentive auprès de ses interlocuteurs néerlandais sur diverses questions de développement et de sécurité.

Le président de la République, Amadou Toumani Touré, a achevé hier la visite officielle qu’il effectuait aux Pays-Bas. Cette dernière journée du séjour a débuté par une audience d’adieu du chef de l’Etat et de son épouse, Mme Touré Lobbo Traoré, à la Reine, sa Majesté la Reine Béatrix, au Palais royal. La journée s’est poursuivie par une visite à l’université de Wageningen, spécialisée en agronomie, où a eu lieu un exposé sur la gestion de l’eau en relation avec la riziculture par le professeur Kropff. Cette université accueille actuellement six étudiants doctorants maliens sur des thèmes liés à l’agriculture. Mercredi, le chef de l’Etat avait rencontré en début de soirée le Premier ministre Mark Rutte. Après un tête à tête entre les deux hommes, la rencontre s’est poursuivie par un dîner de travail entre les délégations malienne et néerlandaise. Auparavant, les deux personnalités avaient accordé un bref entretien à la presse au cours duquel ils avaient loué la qualité des relations de coopération entre les deux pays. Mark Rutte a salué le caractère exemplaire de notre processus démocratique dans lequel le président Touré a joué un grand rôle.

Au cours de cette rencontre, il a été évidemment question du ressortissant néerlandais enlevé la semaine dernière à Tombouctou avec d’autres Occidentaux. Interrogé sur le sujet, précisément sur les voies et moyens qui seront utilisés pour sauver ces otages, le président Touré a indiqué que le sujet était délicat et que son traitement nécessitait beaucoup de discrétion. Chacun, a-t-il recommandé, doit surtout garder la tête froide. Le Mali, a-t-il promis, fera tout son possible pour un bon dénouement de cette triste affaire. La situation dans l’espace sahélo-saharien était, justement mercredi, l’un des thèmes de la communication que le président Touré était invité à faire à l’Institut des sciences sociales de la Haye (ISS). Portant sur « les expériences de démocratisation au Mali et en Afrique après les conférences nationales des années 90 », la communication a mobilisé beaucoup de monde : universitaires, étudiants, diplomates, experts. La Reine étaient également présente. Pour le président Touré, le choix du thème de la communication ne doit rien au hasard : il traduit l’attachement des deux pays à la démocratie et au chemin à parcourir pour y parvenir. Avant d’entrer dans le vif du sujet, le chef de l’Etat a fait détour dans l’histoire du Mali, des empires à l’indépendance. Il a ensuite survolé les premières décennies du Mali indépendant : la Ière République, le régime militaire et la IIè République qui s’est effondrée avec la révolution de Mars 1991. Commence alors un processus démocratique assez atypique qui aboutira à la naissance de la IIIè République.

Depuis, le système institutionnel repose sur une stricte séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judicaire. L’indépendance de la justice est reconnue dans la Constitution et le statut des magistrats les protège contre les ingérences éventuelles. La même loi fondamentale garantit la liberté de la presse et une loi spécifique votée en 2000 protège effectivement son libre exercice. Quant à la société civile, elle est particulièrement dynamique et joue à fond son rôle de contrepoids politique. Mais le pluralisme politique est sans doute le meilleur reflet de l’expérience démocratique avec aujourd’hui plus de 100 partis politiques auxquels il faut ajouter les associations et mouvements à vocation politique. Bref pour le chef de l’Etat, malgré des imperfections imputables à sa jeunesse, le jeu démocratique s’exerce plutôt bien au Mali. Il n’empêche que l’on peut toujours l’améliorer. C’est ce qui motive la réforme constitutionnelle qu’il a initiée et dont le processus sera couronné par un référendum le 29 avril 2012. Ces réformes visent à adapter des textes fondamentaux élaborés dans l’euphorie du 26 Mars, à l’évolution du contexte et aux réalités que la pratique a montrées. Et au moment où le pays aborde un nouveau cycle avec ce référendum et les élections présidentielle et législatives de l’année prochaine, voilà qu’il doit faire face à de nouveaux périls avec la situation dans l’espace sahélo-saharien qui se complique encore plus avec les effets de l’effondrement de l’ancien régime en Libye. Les agissements des terroristes d’Al Qaeda pour le Maghreb islamique et des réseaux de trafiquants en tous genres sont les éléments constitutifs des menaces dans la bande sahélo-saharienne. Après avoir condamné une nouvelle fois en des termes les plus fermes, les récents enlèvements d’otages, le président de la République a expliqué la stratégie de notre pays pour sauvegarder la paix et la sécurité dans sa partie nord.

Cette stratégie se fonde sur le binôme sécurité-développement. Tout en se réjouissant de la dynamique de coopération sous-régionale enclenchée entre le Mali, le Niger, la Mauritanie et l’Algérie, le chef de l’Etat a indiqué que notre pays restait attaché à sa proposition d’une conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des « pays du champ » sur la sécurité, la paix et le développement dans la région sahélo-saharienne. Cela est devenu une impérieuse nécessité aujourd’hui plus qu’hier avec des groupes entiers qui ont quitté la Libye pour s’installer sous nos cieux avec toutes sortes d’armes et de gros moyens logistiques. « Le droit du peuple libyen à la démocratie et à la liberté est inaliénable. Il ne viendrait à l’esprit de personne de le contester. Mais nous attirons l’attention de la communauté internationale sur les conséquences très graves dans une zone où la situation sécuritaire était déjà fragile. « Le printemps arabe » pourrait se transformer en hiver très rude pour nos pays », a dit en substance le président Touré avec un sens inspiré de la formule. La communication a été saluée par des applaudissements nourris dans la salle, confirmant combien le chef de l’Etat s’était montré convainquant. Déjà mardi, il avait trouvé une oreille attentive auprès de parlementaires des deux chambres réunis pour une séance d’échanges.

Envoyé spécial

S. TOGOLA

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PRECISIONS UTILES Les Pays-Bas sont une monarchie constitutionnelle. Ils sont situés sur la Mer du Nord au nord-ouest de l’Europe et encadrés par la Belgique et l’Allemagne. Le Royaume comprend également Aruba, Curaçao et Saint Martin et les Antilles néerlandaises, territoires autonomes situés dans les Caraïbes. Les Pays-Bas sont très souvent désignés sous le terme « Hollande » et ses habitants appelés « Hollandais ». Il s’agit en fait d’un abus de langage provenant des deux provinces les plus connues du pays : la Hollande du Nord et la Hollande du Sud. La même confusion existe quant à l’utilisation du mot « hollandais » pour désigner la langue nationale qui est le néerlandais. La capitale du Royaume est Amsterdam. Cependant, le siège du gouvernement et de la Cour royale se trouve à la Haye. Les Pays-Bas ont l’une des populations les plus denses au monde : 393 habitants au km2. Un quart du pays se trouve au dessous du niveau de la mer. Le pays est réputé pour ses digues, ses polders et ses moulins. Sa superficie totale est de 41 526 km2 dont 18% d’eau. Les Pays-Bas sont une monarchie constitutionnelle depuis 1815 après avoir été une république entre 1581 et 1806 et après avoir été occupés par les troupes de Napoléon entre 1806 et 1815.

S. T.

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