Visite de Manuel Lopez Blanco au Mali : Les lauriers de la diplomatie concrĂšte

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La diplomatie malienne se réveille petit à petit de sa nonchalance. En effet, quelques semaines seulement après sa prise de fonction, le nouveau Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Soumeylou Boubèye Maïga a réussi à donner un nouveau visage à notre diplomatie. On passe donc de la diplomatie somnolente et démodée à la diplomatie moderne et opérationnelle. Les premiers résultats sont plus parlants.

Après l’Algérie qui a accordé, il y a quelques jours, une aide de plus de cinq milliards, c’est l’Union Européenne qui vient à son tour de mettre la main à la poche. Quatre millions d’Euro, c’est le montant de la subvention que l’Union Européenne (UE) vient d’accorder au Programme spécial pour la sécurité et le développement du Nord Mali. C’est le Directeur pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale au Service européen d’action extérieure, Manuel Lopez Blanco en personne qui a procédé à la signature de cet impressionnant contrat.

En effet, Manuel Lopez a effectué une visite de quatre jours dans notre pays. Il était accompagné de M.Olivier RÜSS, Conseiller de l’UE pour la lutte contre le terrorisme ; de Gerrit Bauwens de la Direction de la planification et de la gestion des crises du SEAE  et de Roberto RENSI, Coordinateur géographique pour le Mali au SEAE. Objectif : présenter la stratégie européenne pour la sécurité et le développement dans le Sahel.

La Délégation de l’UE a profité de cette mission pour échanger avec les plus hautes autorités du Mali sur les actions entreprises par Bamako dans le cadre de la sécurité et le développement dans la zone sahélo-saharienne.
Il faut rappeler que la stratégie ainsi présentée est le fruit de plusieurs rencontres conjointes entreprises depuis plus de deux ans entre les deux parties. M. Manuel a tenu à faire savoir que lors de son passage au Parlement européen, le président malien Amadou Toumani Touré a pu convaincre ses interlocuteurs sur la nécessité de renforcer les moyens de son pays pour faire face aux multiples défis.

C’est à la suite de ces débats que l’UE a élaboré une stratégie qui s’articule autour de quatre axes principaux : Développement, bonne gouvernance et règlement des conflits internes ; Politique et diplomatie ; Sécurité et Etat de droit ; Prévention et lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation.

Pour une première phase du financement, l’UE vient donc de débloquer un pactole de 4 millions d’euros. Selon Manuel Lopez, la deuxième phase coûtera environ 8 millions d’euro dans une stratégie globale qui pèse en tout 150 millions d’euros.
A l’issue de sa visite, la Délégation de l’UE a rencontré la presse nationale et internationale pour mieux la sensibiliser sur ses objectifs. «L’insécurité dans la bande sahélo-saharienne est un défi majeur pour la stabilité des pays de la sous-région», a expliqué M. Manuel. Ce, avant de poursuivre que cette situation constitue une réelle préoccupation pour le Mali et ses voisins.
Convaincu que la dégradation de la situation sécuritaire menace le développement et la stabilité  à long terme dans cette partie, l’UE a préféré prendre le taureau par les cornes. Mais déjà, notre pays avait sa réponse. En effet, les autorités du Mali ont établi un lien entre «Sécurité» et «Développement», en créant le Programme Spécial pour la paix, la Sécurité et le Développement au Nord Mali (PSPSDN). Il faut rappeler aussi  que ce Programme est financé par plusieurs bailleurs de fonds dont le Canada, la France, le Danemark et l’Union Européenne.

Manuel Lopez Blanco de l’UE à propos des otages
«Nous n’avons aucune stratégie pour la libération des otages»

Réunis à Bamako, il y a seulement quelques jours, les Ministres des affaires étrangères des pays du Champ, affirmaient n’avoir pas abordé la question cruciale des otages français enlevés à Arlit au Niger et qui seraient quelque part dans le désert aux frontières maliennes.
La Délégation de l’Union Européenne conduite par Manuel Lopez Blanco, vient également d’expliquer à la presse qu’elle ne s’occupe pas officiellement du sort des otages. M. Blanco a clairement déclaré : «nous n’avons aucune stratégie pour la libération des otages. En la matière, chaque pays a ses réseaux, ses moyens à lui. Donc, nous laissons les pays s’occuper de ces questions». Pourtant, il est temps que les pays occidentaux dégagent ensemble, un arsenal institutionnel de gestion des cas de prise d’otages qui demeure le moyen de pression le plus sûr pour les terroristes du Sahel.

L’Algérie revient dans le débat
Le leadership convoité par les autorités algériennes dérange remarquablement le processus d’anéantissement du terrorisme et de la criminalité transnationale. Manuel Lopez s’est contenté d’explications loquaces pour justifier la position de l’UE par rapport au comportement de l’Algérie. Dans les documents et dans les débats, l’Union Européenne ignore totalement l’Algérie dans sa géographie du Sahel.

L’exclusion systématique de l’Algérie dans la stratégie européenne pour la sécurité et le développement dans le Sahel met en inconfort diplomatique le Ministre malien des Affaires Etrangères qui sera certainement obligé de trouver des artifices pour s’expliquer devant ses amis algériens.
 
Les efforts du CEMOC reconnus

Après les Ministres des Affaires Etrangères des pays de la bande sahélo-saharienne, c’est la Délégation conduite par Manuel Lopez Blanco qui s’est dite émerveillée par les résultats obtenus par le Comité d’Etat-major opérationnel  Conjoint. «Le CEMOC fait un travail excellent dans le cadre de la lutte contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne», s’est réjouit M. Blanco, avant d’appeler les Etats à renforcer les moyens de «l’OTAN du Sahel» c’est-à-dire le CEMOC.

En vérité, le CEMOC a trouvé déjà ses solutions : c’est la diplomatie qui tergiverse. Nous vous expliquerons dans nos prochaines éditions.

Manuel Lopez dessine son Sahel
Répondant à la question de journaliste, le Directeur pour l’Afrique de l’Ouest et Central au service Européen d’Action extérieure Manuel Lopez Blanco a presque exclu la Libye du Sahel. «Le Sahel dont on parle, ne concerne pas la Libye», a déclaré M. Blanco. En clair, dans son approche stratégique, l’UE estime que les efforts doivent se focalisés sur les pays directement concernés par la menace terroriste et la criminalité transnationale. Pourtant, M. Blanco reconnaît que la situation actuelle de la Libye est un facteur aggravant pour les pays du champ, des conséquences de l’insécurité.

Une manne de 150 millions d’euros à puiser sans modération
Au cours de son point de presse, Manuel Lopez a révélé que l’ensemble de la stratégie européenne coûtera la bagatelle de 150 millions d’euros. L’enveloppe ainsi destinée au vaste programme de lutte contre l’insécurité, sera répartie entre différents secteurs dont le retour de l’Etat dans la zone concernée, la lutte contre le chômage et la pauvreté, etc.

Comment préserver ces ressources contre les prédateurs ? L’UE a sa stratégie. «Nous n’avons pas d’argent à jeter par la fenêtre», a répondu M. Blanco. Mais qu’il se détrompe, les sangsues ont leur plan secret. Le fonds mondial est passé par là.
 
Abdoulaye NIANGA

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