Transition et Relations internationales : Comment concilier souveraineté et relations de bon voisinage ?

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La crise diplomatique en cours entre le Mali et l’Algérie traduit la ferme volonté des autorités maliennes à s’affranchir d’une influence compromettante d’Alger vis-à-vis de Bamako.

Les relations internationales ont toujours été marquées d’un sceau indélébile par les rapports de force entre les Etats. Ce qui fait que les Etats jouissant d’une certaine puissance semblent dicter leurs lois à d’autres moins rayonnants. C’est ce qui se passe entre le Mali et l’Algérie depuis plusieurs décennies. Ce que le pouvoir de Transition du Colonel Assimi Goïta veut réajuster, dans le sens des intérêts du peuple malien.

En effet, depuis son indépendance, le Mali a toujours subi une certaine influence de son voisin du Nord. Si les présidents Ben Bella et Modibo Kéita s’étaient donnés la main c’était juste pour se renforcer dans la lutte pour la décolonisation. Cette unité d’action contre la France colonisatrice a permis à Alger de se donner une visée d’influence dominatrice surtout sur le septentrion malien. Cela s’est poursuivi avec une accointance poussée entre les communautés du Sud algérien et celles de l’extrême Nord du Mali.

Finalement, tout se passait comme si le Mali ne pouvait avoir sa main mise sur son peuple de Kidal et ses environs jouxtant la frontière algérienne sans un droit de regard consultatif de l’Algérie. Ce qui a fait que de la première rébellion de 1963 à nos jours, Alger a toujours eu son mot à dire dans la gestion de la situation sécuritaire dans le septentrion malien. Mais là où le bât blesse c’est quand Alger semble nager en eau trouble en se mettant dans une posture d’allié des rebelles kidalois.

Car l’incident qui vient de se produire et qui a conduit au rappel pour consultations des ambassadeurs des deux pays respectifs, est dans le sillage de ces relations tumultueuses entre les deux pays.

En effet, du fait de son statut de chef de file de la Médiation internationale sur l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, l’Algérie devrait ménager les susceptibilités au Mali. Elle ne doit aucunement s’afficher comme étant en intelligence avec les ex-mouvements rebelles du Nord du Mali. C’est ce qu’elle a fait en dressant des lauriers et en apportant son discret soutien aux groupes armés rebelles, qui ont refusé de désarmer, depuis plusieurs mois. De surcroit, ces mouvements armés viennent de dénoncer l’Accord, qui est la boussole de la Médiation internationale. Donc, en les recevant pour de régulières « consultations » sans en informer les autorités maliennes, Alger  suscite une crise de confiance, susceptible d’entraîner de fâcheuses conséquences.

Or, il est établi que les autorités maliennes sont dans la posture de faire respecter pleinement la souveraineté du pays. Cela passe par le prise en compte des intérêts vitaux de l’Etat et du peuple maliens. Comment le voisin algérien peut respecter le Mali en ignorant son caractère d’Etat souverain, uni, indivisible ? Comment Alger peut agir comme s’il a un droit d’agir au nom des plus hautes autorités du Mali, sans prendre en compte leurs avis ? L’Algérie n’infantilise pas le Mali en se comportant comme en terrain conquis dans le dossier du Nord ? Ce sont là les questions qui ont poussé les autorités maliennes à hausser légitimement le ton face à cette ingérence déstabilisatrice.

Car, le respect de la souveraineté d’un Etat comme le Mali impose à son grand voisin du Nord d’agir avec tact dans la gestion de la crise sécuritaire. Ceci, dans la mesure où les ex-mouvements rebelles n’ont jamais caché leur quête de parrainage, pour poursuivre leurs manœuvres sécessionnistes. Ce qu’Alger n’ignore pas, lui qui s’est longtemps battu contre la domination française.

Comme on le voit, le contexte sociopolitique actuel, marqué par la réaffirmation de la souveraineté des Etats et des peuples, impose une meilleure prise en compte des intérêts stratégiques des nations. Surtout quand il est question des rebellions récurrentes au sein d’un Etat souverain comme le Mali.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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7 COMMENTAIRES

  1. Conduire un État sans VISION POLITIQUE explique l’attitude ambiguë des tenants du pouvoir au Mali.
    DANS LA CLASSE POLITIQUE MALIENNE,LES POSITIONS DES UNS ET DES AUTRES SONT CONNUS CONCERNANT L’ACCORD D’ALGER.
    Par contre au niveau des COLONELS PUSCHISTES, aucune position n’est définie.
    Accepter les séparatistes dans le gouvernement, dans l’organe legislatif de la transition marque une position d’appliquer intégralement l’accord d’Alger.
    Profiter du départ de la MINUSMA pour occuper les positions des séparatistes obtenues à la suite d’un cessez-le-feu signé avec l’Etat malien avant de signer l’accord d’Alger dont l’application intégralement devrait les permettre de déposer les armes,c’est manquer de respect à ses engagements internationaux.
    LA CRÉDIBILITÉ DE L’ÉTAT DU MALI EXIGE DE METTRE FIN SOLENNEMENT À L’ACCORD D’ALGER AVANT D’ENGAGER LES HOSTILITÉS.
    Officiellement, le Mali est toujours dans l’accord d’Alger.
    C’est cet accord qui autorise Alger à recevoir les séparatistes.
    IL SUFFIT QUE LE MALI DÉCLARE L’ACCORD D’ALGER CADUC POUR QU’ALGER S’ÉLOIGNE DES SÉPARATISTES.
    Les COLONELS PUSCHISTES en sont incapables car le nouveau maître russe veut l’application intégralement de l’accord d’Alger pour satisfaire son allié principal qu’est l’Algérie.
    Soit nos delinquants COLONELS PUSCHISTES acceptent d’aller discuter les modalités d’application intégrale de l’accord d’Alger, soit ils se mettent à dos le maître russe.
    ON NE SAIT PAS CE QUE VEULENT NOS HONTEUX PUSCHISTES!!!
    Ils sont obnubilés par le pouvoir.
    Ils ont pensé séduire le peuple malien par le départ de l’armée française, de la MINUSMA, de la prise de Kidal.
    Ils constatent que la situation est encore plus compliquée car la souffrance du peuple malien s’accentue au fil des jours du fait de leurs décisions irresponsables.
    La Russie,qu’on considère partenaire contre la France,a comme partenaire en libye l’Égypte et la France.
    LES INTÉRÊTS DES GRANDE PUISSANCES DICTENT LEURS POSITIONNEMENTS.
    L’ennemi intime de l’Algérie dans le monde qu’est la France est son allié contre l’Etat du Mali.
    Dans certains endroits du monde, la Russie et les États-Unis sont alliés.
    C’est ainsi la géopolitique.
    Nos honteux COLONELS PUSCHISTES et leurs conseillers tapis dans l’ombre comprennent ça car ils l’ont étudié à l’école de guerre, mais sont obnubilés par le pouvoir.
    La folie du pouvoir les empêche d’être lucides.
    Ils sont entrain de creuser leurs tombes!!!!

  2. Il faut reconnaitre que le Mali a toujours préféré cette assertion qui dit ceci « Insistons sur le développement de l’amour, la gentillesse, la compréhension, la paix. Le reste nous sera offert. » Mère Teresa. Mais force est de reconnaitre que ce voisin exagère et devient insupportable, dans de tel cas il faut taper sur la table.
    Ce qui est certain la « Paix trompeuse nuit plus que guerre ouverte. » Proverbe indien.
    Il est indéniable que « Le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits. » Proverbe dogon.
    Il faut que l’Algérie sache que « On ne capture pas deux poissons d’une seule main, on ne lit pas deux lignes à la fois. » Proverbe chinois.
    Nous sommes sûrs qu’« Un problème sans solution est un problème mal posé. » Albert Einstein
    Le grand diplomate anglais disait ceci« Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. » Winston Churchill.
    Ce qui est certain, nous ne devons rien et rien à ce pays, car nous l’avons aidé à obtenir son indépendance en 1962, là bas nos papas sont morts pour elle, cela est sans équivoque. Comment un tel pays peut-il accepter transformer le Nord de notre pays en dépositoire de racailles terroriste? Incroyable, mais vrai.

  3. Bouboutigua, transition ou non transition, le Mali doit être respecte par tous sinon nous allons montrer le chemin a ceux qui ne savent pas respecter notre souverainite nationale! L’Algérie va apprendre la maudite France!

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