Think tank : France – Mali : Pour une coopération plus dynamique et plus sincère

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Le président  Ibrahim Boubacar KeïtaDu 22 au 24 octobre prochain, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, effectuera une visite officielle en France. Pour être plus précis, une visite d’Etat, le niveau le plus élevé dans la hiérarchie officielle des visites présidentielles.

C’est aussi la première fois, a confié l’Ambassadeur de France au Mali, SE Gilles Huberson, depuis l’indépendance de notre pays en 1960, qu’un Président de la République malienne effectue une visite de ce genre au pays du Général de Gaulle. Les deux parties veulent donc donner une dimension historique à l’événement.

Côté malien, IBK fera le déplacement de Paris avec une quinzaine de ministres et tout un régiment d’opérateurs économiques. Au programme, un agenda très fourni avec, entre autres, une réunion de l’OCDE co-présidée par Hollande et IBK et consacrée au développement du Mali, des rencontres avec le MEDEF, le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, la Maire de Paris, Anne Hidalgo et, naturellement, la communauté des Maliens résidant en France.

C’est une occasion unique à saisir pour jeter les bases d’une nouvelle coopération, plus dynamique et plus sincère. Car, jusqu’ici, la France nous a plutôt habitués à une coopération genre cavalier – cheval, le cheval étant, bien entendu, le Mali. Elle éprouve toutes les difficultés du monde à se dépouiller des oripeaux de l’ancien colonisateur qui verrait d’un mauvais œil l’émancipation économique de son ancienne colonie. C’est humain, direz-vous, mais c’est loin d’être réaliste.

Un seul exemple: si la France avait accepté de jouer la carte de la sincérité et du réalisme, elle allait aider, avec l’Office du Niger, le Mali à devenir véritablement le grenier de la sous-région ouest-africaine et, pourquoi pas, une puissance agro-industrielle.

Rappelons que c’est l’ingénieur français Emile Bélime qui a construit le barrage de Markala, le cœur de l’Office du Niger, vers 1945. L’Office du Niger, qui a un potentiel de 2 millions d’hectares dont plus 1 900 000 sont aménageables en irrigation gravitaire, mais sur lesquels, malheureusement, moins de 200 000 sont, à ce jour, aménagés.

Ne parlons pas du coton, dont le Mali est le 2ème producteur africain. Il est connu de tous qu’en termes de longueur le Mali possède le meilleur coton du monde. Malheureusement encore, moins de 2% de ce coton est transformé sur place.

Quid du karité, qui a été découvert au Mali, précisément dans la région de Ségou, par l’explorateur écossais Mungo Park et dont notre pays est le 2ème producteur mondial? Et des ressources du sous-sol, supposées ou avérées, comme le pétrole et le gaz – le Mali possède en la matière 5 bassins sédimentaires – le manganèse,  l’uranium, qui seraient même la principale source de tous nos malheurs?

Ne parlons plus d’élevage. Le Mali a le 2ème cheptel de l’espace ouest-africain. On pourrait multiplier les exemples, s’agissant des ressources naturelles dont Dieu, dans son infinie bonté, a doté le Mali. Et l’énergie solaire? En termes de rayonnement direct, le Mali a le meilleur rendement en Afrique.

Bref, le Mali possède les ressources naturelles et humaines, la France a le capital et la technologie. Qu’est-ce qui empêche les deux parties de mettre ces atouts ensemble, dans le cadre d’un partenariat gagnant – gagnant, au profit de nos peuples respectifs? Espérons qu’au nom de la realpolitik les Présidents Hollande et Kéita trouveront l’inspiration pour vider, sans complexe aucun, les contentieux et jeter les bases d’une coopération fondée sur le respect réciproque et la prise en compte des intérêts de toutes les parties.

Yaya Sidibé

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