Tensions diplomatiques entre le Mali et la France : Des hommes politiques et de la société civile croisent leurs regards

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L’escalade verbale entre Paris et Bamako a franchi un nouveau seuil, le 31 janvier dernier, avec l’expulsion de l’Ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer. Dans un communiqué, le gouvernement de Transition justifie sa décision par des « propos hostiles et outrageux du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, tenus récemment et, à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes, en dépit des protestations maintes fois élevées. Le Gouvernement de la République du Mali réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et à poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence, conformément aux aspirations légitimes du peuple malien », précise le communiqué. Des hommes politiques et responsables de la société civile croisent leurs regards.

Dr Modibo Soumaré, Président de l’AFD : « Aujourd’hui, se fâcher avec tout le monde, n’est pas la solution »

C’est une décision malheureuse qui ne fait pas face aux vrais problèmes qui sont la sécurisation et l’organisation des élections. Aujourd’hui, se fâcher avec tout le monde, n’est pas la solution. La gestion d’un Etat, c’est chercher à résoudre les problèmes, pas les multiplier. A-t-on pensé aux milliers de Maliens vivant en France et en Europe ? On ne peut pas gérer par les scandales.

Loin de moi la volonté de cautionner les sorties du ministre LE DRIAN. Mais, ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que ce sont des millions de Maliens qui sont sous embargo. On ne peut pas être fâché avec tout le monde. La CEDEAO, le Danemark, les USA, non, ça suffit. Il est mieux de revenir au sujet du moment, la fin du mandat des organes de la Transition est pour mars prochain. J’invite le Président Assimi à prendre la mesure de la situation et faire des propositions réalistes pour sortir notre pays de ce guêpier.

Jeamille Bittar, membre du M5-RFP : « C’est à la suite d’un coup d’Etat que Napoléon Bonaparte est venu au pouvoir et pareil pour le Général De Gaulle »

Je pense que cette décision était vraiment attendue du peuple malien. Vous avez tous compris que l’ingérence française au niveau du Mali et à travers son Ambassadeur se faisait sentir depuis pas mal de temps. C’est pourquoi aujourd’hui, quand nous voyons du haut sommet de l’Etat français, des propos irrespectueux à l’endroit non seulement de nos dirigeants actuels mais également des propos malsains contre la population malienne, tout portait à prédire à suffisance que cette mesure allait être prise de façon rapide. C’est le contraire qui aurait surpris. Je voudrais quand même rappeler au Président Macron et à son gouvernement que c’est l’ironie de l’histoire. Quand on n’oublie que c’est à la suite d’un coup d’Etat que Napoléon Bonaparte est venu au pouvoir, de même que le Général De Gaulle.

C’est vous dire quelque part, que nous estimons qu’il va de soi qu’ils sont mal placés aujourd’hui pour nous parler ainsi. Ils ne devraient pas se présenter en donneurs de leçon. Ils devraient plutôt relire leur histoire avant de se projeter parce que toutes les grandes réformes ont été faites dans les différentes transitions. Donc, aujourd’hui vouloir nous dire qu’il faut une transition taillée sur leur desiderata et leur volonté simple, tout en ignorant le peuple, je pense que cela est désolant et décevant.

Tidiani Togola, Directeur exécutif de la Fondation Tuwindi : « Les dirigeants de nos deux nations souveraines n’ont pas à se livrer à un échange d’armes diplomatiques »

Les symboles qui incarnent le peuple sont sacrés. Tout comme les sanctions de la CEDEAO ont ébranlé les Maliens, l’expulsion de l’ambassadeur de France est considérée comme humiliante pour la France. Certains candidats à l’élection présidentielle française en font déjà un thème de campagne. En tout état de cause, cette décision perturbe davantage les relations déjà tendues entre le Mali et la France. En réponse à son homologue français, SE Diop a justement rappelé la nécessité du respect mutuel et du dialogue direct dans nos relations. Cela me semble largement suffisant. Revenir à l’ordre constitutionnel de manière inclusive, gouverner le pays par la vertu et lutter contre le terrorisme sont les vrais défis. Les dirigeants de nos deux nations souveraines n’ont pas à se livrer à un échange d’armes diplomatiques pour créer plus des problèmes. Assez parler de chacun de nous, essayons maintenant d’avoir une conversation à la même table !

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