République populaire de Chine : Une nouvelle ère politique sur fond de vitalité économique

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Depuis le 15 novembre 2012, la République populaire de Chine vit une nouvelle ère politique avec l’élection de Xi Jinping comme secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC). C’était lors de la première session plénière du 18ème  Comité central du PCC. Cet important changement intervient au moment où la Chine résiste à la crise financière internationale et s’apprête à prendre aux Etats-Unis le leadership économique mondial. C’est dire que le défi de Xi Jinping est à la hauteur de l’héritage : immense !

«Nous avons accepté cette importante responsabilité pour notre grande nation. Au cours de plus de cinq mille ans d’histoire, la nation chinoise a apporté des contributions impérissables au progrès de la civilisation humaine», a rappelé Xi Jinping lors de la conférence de presse qui a suivi son élection comme secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC). C’est dire qu’il est conscient du poids de ses responsabilités et surtout des attentes du PCC pour la prise en charge des aspirations du peuple chinois. «Depuis sa fondation, le Parti communiste chinois a fait de grands sacrifices et a avancé contre toute attente. Il a uni et dirigé le peuple chinois pour transformer une Chine pauvre et arriérée en une Chine de plus en plus forte et prospère, ouvrant ainsi de nouveaux horizons pour le grand renouveau de la nation chinoise», a reconnu le successeur de Hu Jintao.

Pour lui, «notre responsabilité consiste désormais à unir et à diriger le parti et le peuple de tous les groupes ethniques de Chine pour prendre le relais de l’histoire dans la poursuite de la lutte pour la réalisation du grand renouveau de la nation chinoise et permettre à celle-ci de se tenir solide comme un roc au sein de la famille des nations et d’apporter de plus grandes contributions encore à l’humanité». Le défi est d’autant énorme que les progrès économiques amènent le peuple chinois à revendiquer «une meilleure éducation, une plus grande stabilité du travail, de meilleurs revenus, une meilleure protection sociale, un meilleur système de santé, de meilleures conditions de logement, et un meilleur environnement». Quoi de plus légitime de la part des populations d’un pays qui s’apprête à prendre aux Etats-Unis le leadership économique mondial dans quelques années ?

En effet, selon un récent rapport de l’OCDE, la Chine deviendra la première puissance mondiale devant les Etats-Unis en 2016. Et à l’horizon 2060, le PIB cumulé de la Chine et de l’Inde l’emportera sur la production totale des pays membres de l’OCDE. Ces deux pays verront ainsi leur revenu par habitant multiplié par sept. L’Empire du milieu, qui représente aujourd’hui 16,6 % du PIB par habitant des Etats-Unis, passera dans 50 ans à 60 %. «La politique affichée du Parti communiste et de Hu Jintao était d’équilibrer la croissance pour qu’elle puisse profiter également à des populations défavorisées, comme les ouvriers émigrants. Dans les faits, cependant, cette croissance a plutôt profité à des secteurs de la population qui sont proches du Parti ou à des groupes d’intérêts qui dépendent du Parti, comme les grandes entreprises d’Etat. Le défi de Xi Jinping sera de développer l’économie privée et la consommation intérieure», analyse François Bougon, un économiste français.

Une économie florissante pour une croissance équitable

Les nouveaux dirigeants de la République populaire de Chine doivent prendre en comte «le côté inégalitaire de la croissance économique» de plus en plus dénoncé à l’intérieur même du pays. Il y a des efforts conséquents à faire contre les inégalités sociales et contre la corruption. Tout comme, ils doivent prendre conscience que leur puissante nation «ne peut plus continuer à se développer économiquement comme elle s’est développée depuis trente ans, avec un modèle basé sur les investissements publics et une économie tournée vers l’exportation». Selon de récentes statistiques, la Chine fournit 33 % de la croissance mondiale. Dirigé par le Parti communiste depuis 1949, l’Empire du milieu s’est dirigé depuis la fin des années 1970 vers ce que le pouvoir appelle une «économie socialiste de marché». Ainsi, le secteur public continue à tenir une importante place dans la vie économique. Toutefois, on constate ces dernières années, que les entreprises privées y jouent un rôle croissant et le pays s’est fortement intégré dans le système économique mondial. D’ailleurs, la Chine est membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 2001. L’industrie prend naturellement une place prépondérante dans l’économie chinoise. De fait, employant environ 27 % de la population active, elle est le secteur le plus prolifique en Chine avec une production de presque la moitié de la richesse nationale, soit près de 47 % du PIB.

Des acquis à préserver

Le fort excédent commercial provoqué par les exportations industrielles ont permis au pays de se constituer des réserves de change qui atteignaient officiellement environ 2 450 milliards de dollars en juin 2010. Ces réserves donnent naturellement au pays une puissance financière considérable. Il faut souligner que ces statistiques sont axées sur le PIB, c’est le volume des activités marchandes comme la production nationale et les exportations. Sinon, à l’échelle du développement humain, la Chine occupait la 101ème place dans le dernier rapport publié à cet effet. Toutefois, il est nécessaire de rappeler que l’enviable croissance de l’Empire du milieu a permis de tirer plus de 100 millions de personnes de la pauvreté, ces dernières années. Autant d’acquis que les nouvelles autorités doivent consolider et améliorer au profit de la grande majorité de la population. Il y a surtout beaucoup de choses à faire au niveau de l’indice du développement humain. Les défis sont donc importants. Mais, Xi Jinping est reconnu comme un leader capable d’être à la hauteur des espoirs placés en lui. «Ce que l’on peut constater, au vu de son premier discours, c’est un style nettement différent… Son discours évoquait à plusieurs reprises les préoccupations quotidiennes des gens. C’est un langage beaucoup plus naturel que son prédécesseur. Il reste à voir si cette différence dépassera cette question de style», commente un confrère occidental spécialisé dans les questions sur la Chine.  Pour ce dernier, Xi Jinping appartient à la génération des «jeunes instruits» qui ont été envoyés à la campagne par Mao, dans les années 1960. Ils sont jugés pas l’opinion internationale comme étant beaucoup plus réalistes et moins dogmatiques que leurs prédécesseurs. Ils ont donc une opportunité historique de prouver cette belle réputation !

Moussa BOLLY

 

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