African Millenium Communication (AMIC), société incubatrice de projets de Communication et de développement culturel que j’ai créée et dirige à Dakar depuis 2005, salue et appuie le projet de jumelage entre deux établissements «Etudes et Sport» du Sénégal et du Mali.
AMIC regrette l’insuffisance des opportunités de rencontres entre les deux pays. Pour cause, elle œuvre pour le dépassement à terme, des quelques éditions du Forum des opérateurs économiques, des Festivals transfrontaliers et des Salons de l’habillement qui résument pour l’essentiel, les rendez vous bilatéraux senegalo-maliens.
AMIC en appelle ainsi à bâtir entre ces deux pays, véritable Noyau, avec la Gambie et les deux Guinée, du projet intégrationnel de l’Ouest africain, de véritables INFRASTRUCTURES ET OUTILS PERMANENTS DE REARMEMENT CULTUREL qui vont des Bibliothèques numériques aux Librairies Sous régionales, Musées & Salle d’exposition, Maisons d’Edition et de diffusion, Académie de l’Ouest africain, Tata-Résidence-Jeunesse, Jardin Botanique et Zoologique transnationaux.
AMIC œuvre également pour l’organisation saisonnière DE PROGRAMMES D’ANIMATION CULTURELLE qui vont des Festivals de musique, à la Co-production cinématographique et théâtrale, en passant par le Mécénat des Arts plastiques et l’ouverture d’espaces commerciaux transnationaux.
AMIC plaide enfin pour la PROMOTION DE L’ECO-CULTURE ; notamment par la Valorisation du Tourisme Culturel, la mise en place de Bourses de projets transnationaux, de Points Francs culturels et de Projets privés de transports et de communication.
Reconnaissons-le tous ensemble, pour ne plus nous en désoler, isolément.
La devise commune aux deux pays est restée intacte, autant que le drapeau, à une étoile prêt, mais du Mali au Sénégal, le même PEUPLE au même BUT, n’a plus la même FOI.
La rhétorique des discours officiels ne fait pas illusion. Ces discours ne reflètent ni les vraies pulsions populaires, ni le rachitique tissu relationnel qui dessine le réel de notre demi siècle de vie, séparée.
Aujourd’hui, une bonne partie de la jeunesse se singularise par une méconnaissance d’elle-même. Elle ignore l’héritage commun qui rythme pourtant, sa vie quotidienne, chacune des déclinaisons de sa langue, de ses us et coutumes.
Les générations présentes et montantes en sont arrivées à développer un complexe d’infériorité, une culture de suggestion, de déresponsabilisation et de démission individuelle et collective qui se lit dans la plupart de leurs initiatives ou pseudo-créations.
Coupé de leur passé (du contenant et des péripéties de leur environnement, oh combien chargé de symboles) sans aucune perception de la continuité historique, les contemporains à commencer par les élites et leaders actuels, semblent incapables d’alimenter et d’entretenir un dessein, de renoncer à la culture ambiante d’extraversion, de dépendance et de perpétuel assisté.
Les rares adultes à le rappeler, fort timidement, peinent à trouver le dépassement qui donne son sens plénier, à la lecture historique. A savoir, cet indispensable regard panoramique dans l’espace et surtout dans le temps, qui relativise l’orgueil et la béate fierté séquentielle et restituent au seul génie humain, les mérites et la véritable portée des enseignements historiques.
Dans ces conditions est-il étonnant que l’héritage qui aurait dû assurer notre salut collectif, après avoir fortifié une identité commune, et une culture de symbiose, conduise au contraire, aux inepties d’un certain irrédentisme (comme par exemple dans cette Casamance Gabunké) où l’on s’obstine depuis un quart de siècle d’«inculture», à réduire une histoire millénaire à son tout dernier siècle d’occupation coloniale ?
Il conduit directement ou indirectement, à des affrontements intermittents entre peuls et mandingues en Guinée Bissau, aux tensions entre peuls et toucouleurs au Fouladou, aux frictions diolas-mandingues en Gambie ou à l’écartèlement des communautés de part et d’autre des cours des fleuves ; singulièrement dans la vallée du Sénégal…
Lieu d’émergence des premiers Grands Empires Noirs, terre de brassage entre les religions plurimillénaires de l’Afrique Pharaonique et plus récemment, de la civilisation Islamique dont il compta à l’émergence, parmi les bras armés qui l’ont porté jusqu’à Cordoue, en Espagne, la vallée des trois Fleuves (Niger, Sénégal et Gambie) peut-elle reconnaitre ses enfants d’aujourd’hui ?
Ce creuset millénaire des populations de l’ouest africain a abrité, depuis le IIIe siècle, plus de quinze siècles d’une coexistence certes particulièrement brutale, discontinue et heurtée par moments, mais aussi féconde et vivante qu’incandescente.
L’élaboration et le partage des mêmes valeurs, notamment pendant les longues périodes directes ou indirectes de domination Sarakolé, Mandingue, Wolof ou Haalpulaar… a fait de l’ouest africain une des régions d’Afrique les plus intensément métissées. Culturellement et biologiquement, avec une continuité historique qui remonte à plus d’un millénaire, au crépuscule du Ghana-Wagadou, premier empire noir au Sud du Sahara.
Aussi, même s’il ne se trouve aucune voix régionale audible pour le rappeler et l’enseigner à tous, il n’existe plus, nulle part dans cet espace aujourd’hui, un seul groupe ethnique pouvant se réclamer Haoussa, Soninké, Mandingue, peulh, wolof, sérère, diola… pas même à 60 pour cent seulement de son héritage culturel ou de sa lignée sanguine.
Est-ce un hasard, si de très loin, ces Ouest africains sont reconnus au premier coup d’œil, partout ailleurs dans le monde ? Tous les groupes ethniques qui s’y sont intensément brassés depuis presque deux millénaires, sont le fruit d’un métissage et d’un héritage, que les générations de colonisés ont vite fait d’oublier et de laisser enterrer.
Est-ce un hasard également, si les liens de cousinage, la mobilité des familles et plus visible encore, les élans spontanés de retrouvailles (tentatives de regroupement politique, expériences intégrationnistes etc.) sont les plus vivaces de ce coté ci du continent, mais aussi, les plus éphémères.
La position geo-historique, de ces deux pays à la croisée des différents souffles civilisationnels ayant profondément imprégné le Monde Noir, explique le rôle stratégique que cette région a joué et devrait encore jouer demain, dans la promotion des valeurs de civilisation africaine réhabilitées par l’Egyptologue Cheikh Anta Diop.
Ce qui précède atteste que c’est dans cette région-ci de l’Ouest africain que se joue d’abord le devenir culturel du continent. C’est son extraordinaire faculté d’adaptation qui aidera le mieux, à brasser d’ores et déjà, ce Bol culturel, indispensable viatique des générations futures, Enfants de l’Universel senghorien.
C’est à cela que devrait s’atteler les nouvelles élites qui n’ont connu ni l’esclavage, ni la colonisation, mais ne devraient pas en ignorer pour cause, tout le parti qu’ils doivent tirer du fabuleux legs de leur véritable histoire commune qui n’a pas attendu leur consentement pour les façonner. En profondeur.
C’est le fondement des activités décrites ou projetées plus haut. C’est la raison pour laquelle toute retrouvaille des jeunes des ces deux pays, de la Gambie ou des deux Guinée, devrait être relevée, saluée, encouragée et appuyée. Particulièrement en ces années électorales de remise en cause et de renouvellement des schémas de pensée, des idées et stratégies.
* Mr Sidy GAYE, Directeur Général de African Millenium Communication (AMIC) est Expert Editorial, Journaliste de profession. Contact mail : gsidy@hotmail.com
Il est co-fondateur ou fondateur de plusieurs organes de presse nationaux ou continentaux dont le dernier en date est APAnews, l’Agence de Presse Africaine, qu’il a pilotée pendant ses quatre premières années d’existence.
Par Sidy GAYE, Journaliste*