Il reste encore du chemin à faire pour réaliser les forages qui seuls permettent de savoir s’il y a du pétrole ou pas.
Quand coulera le premier baril de pétrole produit dans notre pays où les recherches vont bon train ? Ce jour est très attendu par les Maliens qui devront vraisemblablement encore patienter. L’or noir était naturellement au centre des attentions lors des Journées minières et pétrolières du Mali (JMP) qui viennent de s’achever. « Politique et perspectives de la recherche pétrolière au Mali », « Avancées et perspectives, états des travaux sur les différents blocs pétroliers », « Etat de mise en œuvre de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives » : le pétrole a fait l’objet mercredi de plusieurs exposés qui ont permis de cerner nombre de contours de l’aventure pétrolière de notre pays. Celle-ci est une vieille histoire. Les premiers travaux de recherche en la matière datent des premières années de l’indépendance sous la Ière République.
Les relations de coopération du nouvel Etat avec ses partenaires techniques et financiers aboutirent à la réalisation d’études sismiques. Les résultats de ces études ont conduit à la réalisation des premiers forages qui malheureusement se sont avérés négatifs. Il faut dire que ce sont seulement cinq forages qui furent effectués à l’époque. Selon le directeur le directeur général de l’Autorité pour la promotion de la recherche pétrolière au Mali (Aurep), Baba Diawara, cinq forages ne peuvent suffire à attester de l’existence du pétrole. Et pour le patron de l’Aurep, l’aventure pétrolière du Mali promet. « Ces dernières années, nous avons assisté à une forte dynamique de promotion du secteur. L’un des actes majeurs de cette volonté politique est la création de l’Aurep en 2004. Depuis, la recherche pétrolière a fait un grand pas avec l’espoir de découvrir un jour le pétrole au Mali. Il ne faut pas oublier que notre pays est sur la même structure géologique que les pays voisins qui exploitent déjà le pétrole à savoir l’Algérie, la Mauritanie, le Niger », a expliqué Baba Diawara
. Pour le moment, tous les efforts portent sur l’exploration et l’interprétation des données. Des avancées significatives sont à mettre l’actif de deux grandes sociétés : la joint-venture Eni-Sipex. Eni, une société pétrolière italienne, occupe la cinquième place mondiale tandis que Sipex est l’une des branches délocalisées de la Sonatrach, l’entreprise publique algérienne classée au onzième rang mondial dans les hydrocarbures. Ces deux sociétés sont très avancées dans la recherche respectivement sur les blocs 4 et 20. « On ne peut rien promettre pour le moment, a tempéré Baba Diawara. Tout dépendra de la réalisation des forages. Seul ce préalable permet de savoir s’il y a du pétrole ou pas. La recherche du pétrole n’est pas une chose aisée. Un projet pétrolier n’aboutit pas du jour au lendemain. Il y a des pays qui sont dans le secteur depuis plus de 50 ans. C’est une question de persévérance et de patience ». Alors qu’attend-on pour aller vers ces forages ?
Le patron de l’Aurep répond en invoquant plusieurs considérations. Parmi lesquelles, l’équipement. Rares sont les sociétés qui disposent du « Rig », une machine spécialisée. Il faut donc le louer. Or le déplacement de ce matériel peut coûter jusqu’à 6 milliards de Fcfa. Eni-Sipex envisage d’utiliser en alternance le matériel pour limiter les coûts de transport, confie Baba Diawara. La sécurité et la lourdeur des investissements sont deux autres aspects qui constituent pour nous des défis majeurs, a noté le directeur résident de Eni dans notre pays, Sai Larbi. Son collègue de Sipex, Boualem Maache, souligne la lourdeur des travaux de forage. Pour une superficie de 10.000 km2, il faudrait au moins 150 forages. Ce sont de gros investissements. Eni-Sipex est déjà à plus de 30 milliards de Fcfa d’investissements sans pour autant parvenir à réaliser un seul forage. Le bloc 20 est le plus grand avec une superficie de 20.000 km2. Jusqu’à présent, c’est un seul forage qu’on cherche à réaliser. Alors figurez-vous un peu le chemin qui reste à parcourir pour découvrir le pétrole, a renchérit le directeur général de l’Aurep, Baba Diawara. La carte géologique du Mali se compose de cinq bassins sédimentaires qui sont répartis entre 29 blocs sur lesquels 12 sont actuellement attribués aux sociétés pétrolières. Les 7 autres restants font l’objet de convoitise. Dans les jours à venir, ces blocs seront également attribués, promet Baba Diawara.
Le Code pétrolier distingue deux conventions : la convention de concession et la convention de partage de production. Dans la convention de concession, l’Etat se désengage de certaines de ses prérogatives et se contente des royalties de revenus pétroliers. Quant à la convention de partage, il participe au risque de production. Dans ce cas de figure, les dépenses effectuées par les entreprises sont déduites d’abord des revenus pétroliers avant les rémunérations. L’Etat tire profit des deux conventions, à condition qu’il ait un système de contrôle de toutes les activités et des financements effectués par les sociétés. Et dans le cas précis de notre pays, ce système reste encore à mettre en place, a conclu Baba Diawara.