Le projet de fédération entre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée a, semble-t-il, séduit les sociétés civiles des trois pays. En effet, au cours d’un point de presse, animé le week-end dernier, le président de la commission scientifique du Collectif pour la refondation du Mali (Corema), Aboubacar Siddik Fomba, s’est réjoui de cette initiative et s’est dit favorable à un tel regroupement. Il a aussi fait plusieurs propositions pour la pleine réussite de cette entité supranationale.
A l’entame, le conférencier a laissé entendre que son organisation souhaite que la nouvelle entité qui regroupera le Mali, le Burkina Faso et la Guinée s’appelle la Confédération ouest africaine (COA) pour concrétiser l’union souverainiste des peuples malien, burkinabé et guinéen.
Car, selon lui, considérant les mobilisations populaires respectives des deux dernières années au Mali, en Guinée et au Burkina Faso pour un changement de paradigme de gouvernance politique et de développement socio-économique ainsi que l’expérience historique quasiment identique précoloniale, coloniale et postcoloniale des trois pays, les affinités culturelles, les similitudes des opportunités et les défis du développement socio-économique des trois pays et étant témoin contemporain de l’avènement d’un nouveau monde multipolaire en cours de gestation et en vertu de la tendance souverainiste des leaders actuels du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, le Collectif pour la refondation du Mali (Corema), sur la base de sa doctrine du souverainisme-intégrationniste, propose aux autorités de ces trois pays la création de la Confédération ouest africaine (COA).
En effet, dira-t-il, la COA sera initialement une union d’Etats autonomes, mais ayant en commun, entre autres, une armée (les Forces armées confédérales ouest-africaines) ; une monnaie fiduciaire (le franc guinéen servira de base puis sera renommée ultérieurement à une dénomination convenue) ; une monnaie numérique de banque centrale servant de monnaie administrative et de commerce extérieure ; une politique agricole et macroéconomique ; un marché unique ; une politique étrangère harmonisée, une assemblée confédérale ; une banque confédérale d’investissement et de développement ; une politique de transport routier, ferroviaire, fluvial, maritime et aérien ; une compagnie aérienne confédérale ; une compagnie ferroviaire confédérale ; une politique de santé publique et de recherche médicale ; un enseignement secondaire et supérieur ; un drapeau ; une armoirie et un hymne confédéral. A l’en croire, la COA aura une population estimée à plus de 57 millions d’habitants avec une superficie de 1 761 000 km2 qui sera le plus grand détenteur de ressources naturelles et énergétiques après la Fédération du Nigeria et le plus grand potentiel de ressources humaines de l’Afrique occidentale. “Aujourd’hui plus que jamais, il y a un impératif stratégique et vital d’unir les peuples africains aspirant à la souveraineté pleine et entière afin de mutualiser les efforts et les moyens pour le développement social, économique et la défense tout en s’assurant une place d’honneur dans le nouvel ordre mondial multipolaire en cours de gestation”, a-t-il ajouté.
A ses dires, cette nouvelle entité offre une fenêtre d’opportunité aux trois pays pour transcender les affres de la colonisation, du sous-développement et pour bâtir ensemble le socle d’intégration d’une communauté de destin commun.
Et de poursuivre que l’usage préalable du franc guinéen comme monnaie fiduciaire commune permettra au Mali et au Burkina Faso d’accéder à leur souveraineté monétaire et de s’affranchir de la zone Uémoa tout en bénéficiant de l’expérience cruciale de la Guinée dans la gestion des politiques monétaires et les ressources naturelles des trois pays sera créée afin d’immuniser la monnaie fiduciaire contre la monnaie numérique de banque centrale garantie par un panier de ressources, les contrefaçons et les tentatives hautement probables de déstabilisations financières et surtout servira d’accélérateur d’intégration au club des Brics. Avant de noter que cette monnaie numérique de banque centrale sera ainsi la monnaie administrative des trois Etats confédérés. “La monnaie administrative commune constituera un dispositif robuste et sûr contre le fléau commun qu’est la corruption”, a fait entendre le conférencier.
A terme, dira-t-il, la COA pourra intégrer d’autres Etats africains souverains et finalement aboutir à la Confédération africaine avec le but ultime du souverainisme – intégrationniste, un sentier objectif et rationnel pour parvenir à l’unité des peuples africains souverains et indépendants tout en évitant les erreurs du passé.
Malgré les défis que la création de la Confédération ouest-africaine pourrait poser, poursuivra-t-il, la vision et l’engagement des présidents de Transition du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso constituent aujourd’hui une unique opportunité pour parachever les transitions nationales respectives en cours en une construction confédérale d’Etats souverains ouest-africains après plus d’un demi-siècle d’indépendance sans souveraineté pleine.
Pour le conférencier, le Corema réitère son soutien aux autorités de la Transition et les accompagnera avec des propositions objectives, des critiques constructives et des recommandations rationnelles.
Boubacar Païtao