Le Premier ministre malien a présenté le 11 octobre 2017 au siège de l’OCDE, l’Organisation de Coopération pour le Développement économique, un plan des perspectives de développement des régions du nord du pays. Le déplacement d’Abdoulaye Idrissa Maïga à Paris était destiné à convaincre l’OCDE d’aider le Mali à trouver les financements de ce plan.
Elaboré depuis fin 2015 et validée en juillet 2017, la stratégie spécifique de développement des régions du nord du Mali, est encore peu financée, comme l’explique le Premier ministre malien, Abdoulaye Idrissa Maïga.
« Les besoins de la stratégie sont estimés à environ 3,340 milliards d’euros, dont environ 362 milliards de francs CFA, donc 16,52% sont acquis. Sur la base de projets et de programmes, environ 83,48% de ce montant sont à rechercher. »
Des potentialités inexploitées
Le nord du Mali dispose d’énormes potentialités de développement pour la totalité du pays, selon Laurent Bossard, Directeur du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest à l’OCDE.
« D’abord le fleuve. La vallée moyenne du fleuve Niger, c’est le sud [des régions] du Nord, mais c’est là que 80% de la population du Nord vit. Il existe un projet majeur, financé, prêt à être mis en œuvre, qui s’appelle le barrage de Taoussa ; si on construit ce barrage de Taoussa, le fleuve devient un puissant outil de communication et d’exportation. On libère des potentiels agricoles absolument phénoménaux.
Deuxième point, les ressources minières de la région du nord du Mali sont extraordinaires. Mais ce ne sont ni l’uranium, ni le pétrole. Elles sont d’abord et avant tout le phosphate et le calcaire. Le secteur privé n’attend que la sécurité pour investir dans ces ressources.
Troisième point, il faut resonger à exploiter les ressources et le potentiel commercial du Septentrion malien, qui est aujourd’hui déserté et occupé principalement par les trafics. A Tamanrasset, on mange de la viande brésilienne. Tamanrasset étant située à proximité de la frontière malienne.»
Le retour de la sécurité ne suffit pas pour attirer les investisseurs
Des opérateurs économiques de Tamanrasset, dans le sud de l’Algérie, se disent prêts à investir dans un abattoir de Kidal. Mais l’insécurité n’est pas le seul frein au développement du nord du Mali. Il y a par exemple le manque d’énergie, comme le souligne Mamadou Sinsin Coulibaly, le président du patronat malien. « Si je dois produire mon électricité, c’est comme si je faisais 2 entreprises et le coût est tellement élevé que je ne pourrais pas compéter. [Quant à la construction du barrage de] Taoussa, ce sera un problème communautaire qui va se poser. Parce que la gestion du fleuve Niger, ce n’est pas le Mali seulement. Il faudrait que tous les pays [qu’il traverse] donnent leur accord. »
L’objectif de la stratégie spécifique de développement des régions du nord du Mali, c’est de les hisser au même niveau que les autres régions du pays d’ici 10 à 15 ans.
Après son passage mercredi 11 octobre à Paris et ses rencontres à l’OCDE pour évoquer le développement du nord de son pays, le Premier ministre malien Abdoulaye Idrissa Maïga s’était rendu jeudi à Bruxelles où il a évoqué avec le président du Parlement européen des questions qui vont de l’économie à la sécurité.
Pour le Premier ministre malien, la première préoccupation est la lutte contre le terrorisme. Abdoulaye Idrissa Maïga estime que si dans cette lutte, les volets politique et institutionnel sont bien engagés, le volet économique n’est pas encore utilisé. « Nous voulons la mise en place d’un plan Marshall malien, avec l’accompagnement de l’Union européenne, a-t-il affirmé. Il s’agit de faire en sorte que les projets structurants dans les domaines des infrastructures, de l’agriculture mais aussi bien entendu dans le domaine politique parce que nous allons bientôt organiser des élections générales en 2018. »
Abdoulaye Idrissa Maïga est venu à Bruxelles pour accélérer le versement des fonds que les donateurs avaient promis au Mali lors des conférences de Bruxelles et de Paris en 2013 et 2016. Pour le président du Parlement européen Antonio Tajani, l’Union européenne doit s’engager beaucoup plus qu’elle ne le fait actuellement : « Le Mali est un pays crucial pour renforcer la stabilité en Afrique, parce que la lutte contre le terrorisme est une priorité pour l’Europe, avec la lutte contre l’immigration illégale et aussi le problème du chômage des jeunes. Voilà pourquoi je dis qu’il faut avoir une stratégie européenne pour l’Afrique. »
Et le président du Parlement européen préconise que l’Union européenne inscrive désormais dans ses priorités budgétaires le développement de l’Afrique.
La Rédaction