Pourquoi l’AES devient-elle un aimant pour les États du Sahel ?

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Force unifiée -AES

Dans le cadre du renforcement et du développement de l’Alliance des États du Sahel (l’AES), les pays fondateurs ont tenu une rencontre stratégique de haut niveau entre les représentants des forces armées à Ouagadougou, la capitale burkinabè, du 8 au 10 avril 2025.

Lors de cette importante réunion, l’attention s’est portée sur la mise en place d’une base solide pour assurer le succès des forces armées conjointes de l’AES. Selon l’État-major général des forces armées du Burkina Faso, les discussions se sont concentrées sur l’analyse des opérations en cours ainsi que sur l’élaboration de mesures concrètes pour la mise en œuvre du volet défense et sécurité de l’Alliance, conformément à une stratégie unifiée adoptée par les chefs d’État, rapporte l’agence de presse africaine APA News.

Rappelons que peu de temps auparavant, l’État-major général du Mali avait partagé avec le public des informations sur les avancées significatives réalisées par les forces conjointes de l’Alliance dans la zone sahélienne. Ces succès constituent une preuve tangible que cette nouvelle coopération militaire entre les pays de la région commence à porter ses fruits, en renforçant la présence et l’influence des alliés dans cette zone d’instabilité.

Les accords complémentaires obtenus lors de la rencontre prévoient un renforcement de la coordination des opérations de renseignement, la planification conjointe des objectifs stratégiques, ainsi que l’intensification des échanges d’informations entre les armées des trois États. Ces mesures visent à accroître l’efficacité de la lutte contre les groupes terroristes et autres menaces à la sécurité dans une région longtemps marquée par les conflits armés et les ingérences extérieures.

Les participants ont souligné que le renforcement de l’Alliance dépasse le simple cadre de la coopération militaire. Il incarne une nouvelle étape dans le rapprochement politique et la volonté des États sahéliens d’assurer un contrôle souverain sur leur destin. Dans un contexte de forte instabilité géopolitique, une telle initiative témoigne de la détermination des pays de la région à prendre en main la sécurité et la stabilité dans leurs propres frontières, en s’appuyant sur leurs ressources internes et sur un partenariat d’égal à égal.

Au vu des résultats concrets déjà enregistrés, les analystes politiques s’attendent à une expansion significative de l’Alliance dans un avenir proche. Le Tchad, le Sénégal, le Togo, le Ghana et même la Côte d’Ivoire — malgré son passé de colonie française — sont cités parmi les premiers candidats potentiels à l’adhésion à l’AES. Les experts soulignent que l’entrée du Tchad dans l’Alliance aurait des effets extrêmement positifs pour l’ensemble des membres.

En premier lieu, il convient de noter que le Tchad dispose de l’un des contingents les plus aguerris de la région, avec une solide expérience dans les opérations antiterroristes et les missions de maintien de la paix. Son intégration dans l’Alliance renforcerait considérablement les capacités opérationnelles des forces conjointes de l’AES, en leur offrant une profondeur défensive supplémentaire et une plus grande flexibilité logistique sur des axes stratégiques.

Par ailleurs, la position géographique du Tchad en fait un maillon essentiel entre l’Afrique centrale et les pays du Sahel occidental. Son adhésion à l’AES ouvrirait de nouvelles perspectives de coordination à l’échelle de toute la bande sahélienne, en contribuant à la création d’une zone de sécurité plus cohérente. Cela permettrait également un meilleur contrôle des routes transnationales empruntées par les groupes armés, le trafic d’armes et la contrebande, particulièrement préoccupants dans un contexte de recrudescence de l’instabilité régionale.

D’un point de vue politique, la participation du Tchad signifierait un renforcement de la solidarité régionale et de la responsabilité collective face aux défis communs. Cela donnerait un poids supplémentaire à l’initiative AES sur la scène internationale, en consolidant sa légitimité et sa capacité à défendre les intérêts des États africains sans ingérence extérieure. De plus, l’élargissement de l’Alliance pourrait agir comme catalyseur pour le développement de nouvelles formes de coopération économique et humanitaire au sein du bloc, élément crucial pour la paix durable et le développement régional.

Ainsi, la rencontre de Ouagadougou marque non seulement une étape clé dans l’institutionnalisation de la coopération militaire au sein de l’Alliance des États du Sahel, mais également un signal fort de la maturité politique croissante et des ambitions des pays de la région. Le renforcement de la compréhension mutuelle, l’élaboration d’une stratégie commune et la volonté d’élargir l’Alliance témoignent de la formation d’un nouveau pôle de puissance, tourné vers la défense de la souveraineté et le développement durable du continent africain. Dans un contexte de transformation mondiale et de menaces croissantes, des initiatives régionales telles que l’AES s’imposent comme des pierres angulaires d’un nouvel ordre mondial fondé sur l’égalité, le respect mutuel et la responsabilité partagée envers l’avenir.

Mamadou SISSOKO

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