Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Mamoudou Kassogué, a présidé, le jeudi 14 septembre 2023, la cérémonie de remise de véhicules et de pièces de rechange offerts à notre pays par le Japon. C’était en présence de l’ambassadeur du Japon au Mali, Hideko UE Zono et de plusieurs personnalités du monde judiciaire.
Premier à prendre la parole, l’ambassadeur du Japon au Mali a précisé que cette remise s’inscrit dans le cadre de la coopération économique bilatérale non-remboursable de son pays au profit du peuple malien à travers le Programme de développement économique et social-2019, qui vise à garantir le bon fonctionnement de la justice, incluant l’administration pénitentiaire et à permettre le renforcement des capacités opérationnelles du personnel pénitentiaire ainsi que la sécurité et la sûreté des établissement pénitentiaires et des personne détenues.
A sa suite, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Mamoudou Kassogué, a rendu un vibrant hommage à l’ambassadeur du Japon au Mali pour sa présence effective à cette cérémonie, mais aussi pour sa grande disponibilité et son engagement indéfectible, aux côtés du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, qui ont permis l’aboutissement de cette précieuse aide du gouvernement japonais.
“Le département de la Justice et des Droits de l’Homme, par ma voix, vous sait gré de ce geste historique d’amitié et de fraternité du peuple et du gouvernement Japonais à l’endroit de notre pays, à un moment où il fait face à de nombreux défis au triple plan sécuritaire, économique et politique”, a-t-il déclaré.
A ses dires, à travers cette donation, le Japon vient d’écrire une nouvelle page glorieuse dans ses relations avec le Mali en gratifiant le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme d’un don portant de 26 véhicules et des pièces de rechange pour une valeur de près de 600 millions CFA. Et de poursuivre que ce don est constitué de : 11 véhicules de marque Nissan minibus ; trois véhicules ambulance Nissan minibus, neuf véhicules Nissan Navara bâchés, deux véhicules Nissan Patrol, un véhicule Nissan V8, des pièces de rechange.
A l’en croire, à travers cette remise, le gouvernement du Japon vient de consolider et de raffermir davantage les fructueux liens de coopérations qui lient les deux pays. Car, selon lui, le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme n’a jamais reçu autant de véhicules, en une seule remise, de la part d’un partenaire. Ce qui donne, dira-t-il, à cette cérémonie inédite toute sa dimension historique et sa signification particulière et traduit l’excellence des relations entre les deux pays, conformément à la volonté des deux peuples et des plus hautes autorités des deux Etats.
“Cette donation intervient après celle de 2018 à travers laquelle le gouvernement du Japon a appuyé mon Département par la remise de véhicules et de matériels de communication pour le renforcement des capacités opérationnelles de l’administration pénitentiaire”, a-t-il précisé.
A l’entendre, cette cérémonie de remise de cet important lot de véhicules est la preuve manifeste de l’engagement des partenaires aux côtés du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme pour l’amélioration des conditions de travail et le renforcement des capacités des services afin d’offrir à nos concitoyens un service public de qualité.
Ce soutien des partenaires, a-t-il poursuivi, vient renforcer les efforts de l’Etat dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation pour le secteur de la justice, 2020-2024, dont l’un des axes est consacré à la dotation des services en matériels et équipements pour leur bon fonctionnement.
Boubacar Païtao
Fanga, en effet Da est le fils de Monzon qui est le fils de Ngolo tous trois des tres grands rois qui se sont distingues par leur leadership, leur strategies, conducteurs d’hommes, rassembleurs et visionnaires pour un grand royaume de Segou.
Merci pour ce rappel historique car une page importante de notre histoire, l’histoire Africaine.
Taishi, hontōniarigatōgozaimashita !
J’espère que le nouvel ambassadeur du Japon comprend le combat de libération nationale des nouvelles autorités publiques et du peuple du Mali, et que le Japon ne sera pas influencé concernant le Mali dans le mauvais sens à cause de ses fréquentations des Occidentaux.
J’espère aussi pour le Japon et le peuple japonais qu’ils réussiront un jour eux aussi à se libérer de l’occupation militaire étrangère des “Boys” pour être souverains sur la terre de leurs ancêtres.
J’ai développé une passion pour le cinéma et la littérature chinoises et japonaises. Je constate qu’en réalité la culture et les traditions maliennes sont beaucoup plus proches en Asie de celles des Japonais que de celles des Occidentaux.
Un exemple : la nécessité de rester toujours unis dans les moments difficiles qu’on retrouve au Japon dans la littérature et dans le cinéma (voir notamment dans le film “Ran” d’Akira Kurosawa, la scène avec Hidetora et ses fils à qui il transmet cette valeur d’unité, à travers la parabole des trois flèches).
Il s’agit d’une référence à un daimyo, Mōri Motonari (毛利元就) (1497-1571), important personnage de l’histoire du Japon.
La fiche Wiki consacrée à Mōri Motonari nous dit la chose suivante au sujet de ce daimyo :
“Pris en tenaille entre les puissants clans Amago et Ōuchi, Motonari conduit le clan en équilibrant soigneusement action et diplomatie. Finalement, Motonari réussit à vaincre les deux clans ennemis et contrôle l’ensemble de la région de Chūgoku. Dans ses dernières années, il écrase le clan Ōtomo de la province de Bungo.
Il a trois fils, Mōri Takamoto, Kikkawa Motoharu et Kobayakawa Takakage, qu’il encourage à travailler ensemble pour le bénéfice du clan Mōri. Une fois, il aurait remis à chacun de ses fils une flèche et aurait demandé à chacun de la briser. Après que chacun a cassé sa flèche, Motonari donne trois flèches et demande à ses fils de les casser toutes les trois à la fois. Quand ils s’avèrent incapables de le faire (selon une légende encore enseignée aujourd’hui), Motonari explique qu’une flèche peut être rompue facilement mais que trois flèches maintenues ensemble ne le peuvent pas.”
Ce que j’ai découvert avec étonnement, ce que plus de deux siècles après ces propos au Japon de Motonari à ses fils, au Mali, vers 1800, dans le royaume bamana de Ségou, pas loin du grand fleuve qui traverse notre pays, sans être au courant de l’existence d’un pays appelé Japon, le “fama” Da Monzon Jara a un jour réuni ses fils et leur a transmis exactement le même message que celui du “daimyo” Mōri Motonari.
Voici ce que dit un article universitaire consacré à cet épisode de l’histoire du Mali :
“Le testament politique de Monzon « Fils et successeur de Ngolo, fondateur de la dynastie des Diarra qui régna sur Ségou de 1750 à 1890, Monzon demeura au pouvoir 27 années (18 ans selon E. Mage, 21 ans selon M. Delafosse, Ch. Monteil et L. Tauxier). « Plus puissant que Ngolo lui-même, plus puissant qu’aucun de ses fils, qu’aucun de ses petits-fils », Gaoussou Diarra nous le présente comme un homme calme, ayant l’amour du travail, respectueux envers ses parents et ceux de la génération de ses parents, autoritaire, à la fois cruel et magnanime au gré des circonstances. L’œuvre accomplie fut considérable : 300 villages furent construits. Il contribua au peuplement du royaume en permettant à diverses ethnies de s’y établir. Il eut le constant souci de préserver voire d’agrandir le royaume que lui avait légué son père et le remettre à ses descendants puissant et organisé. Grand chef militaire, il porta la guerre en de nombreux lieux (la plus célèbre et la plus importante fut celle menée contre le Kaarta) ; souvent vainqueur, il acquit une renommée qui dépassa les frontières de son royaume. Habile politique, homme de réflexion, il avait une profonde connaissance des êtres et des choses. Et c’est à juste titre que la tradition a dépeint Monzon ainsi que s’en sont fait l’écho les divers auteurs européens, comme le personnage le plus brillant, le terme n’est pas excessif, de la lignée des Diarra.
Le texte ci-dessous présenté a été recueilli en 1955 de la bouche même du très regretté Gaoussou Diarra, descendant direct de la branche de Ngolo Diarra. Il est extrait de « Contribution à l’histoire du royaume Bambara de Ségou (XVIIIe et XIXe siècles), textes oraux, transcrits, traduits, suivis de notes linguistiques et historiques » par Serge Sauvageot ; 433 pages ronéo., Paris 1965.
Un jour, Monzon fit appeler tous ceux qui parmi ses fils avaient atteint l’âge adulte. Il les fit venir et les fit asseoir. Il leur dit : « je vais vous dire une chose à laquelle il vous faudra réfléchir ». Il ajouta : « les paroles que je vais prononcer, il ne vous faudra pas les prendre à la légère ! » Monzon alors envoya chercher un grand nombre de baguettes, les fit lier ensemble et les fit porter sur la place publique. Il fit appeler ses fils ainsi que les hommes en qui il plaçait sa confiance. Tous s’en vinrent s’asseoir. L’aîné des fils de Monzon était Da. Monzon dit alors : « Da ! lève-toi ! pose ton pied sur ce faisceau de baguettes et brise-le ! » Da se leva et déclara qu’il allait le briser. Il n’y parvint pas. Monzon dit : « laisse ce faisceau de baguettes ». Da le laissa. Monzon dit : « Tyèfolo ! lève-toi et brise tout cela ! » Il se leva, posa son pied sur le faisceau de baguettes, plaça sa main à l’autre extrémité par dessous, le souleva et déclara qu’il allait le briser. Il n’y parvint pas. Monzon dit alors : « laisse-le ! » Il le laissa et s’assit. A celui qui succédait en âge, c’est-à-dire Ben de Kirango, Monzon dit : « à ton tour lève-toi et brise ce faisceau de baguettes ! » Il se leva à son tour, plaça son pied sur le faisceau de baguettes. Il ne parvint pas à le briser. Monzon dit à celui-ci de le laisser. Ben de Kirango le laissa et alla s’asseoir. A celui qui en âge venait après Ben de Kirango, c’est-à-dire Kassoum de Sen, Monzon dit : « toi aussi brise-le ! » Il se leva, essaya, mais ne parvint pas à le briser. Monzon dit alors : « laisse-le ! » Il le laissa et alla s’asseoir. Monzon dit à Béma de Nalo : « à ton tour lève-toi ! » Béma de Nalo se leva, posa son pied sur le faisceau de baguettes et déclara qu’il allait le briser. Il ne parvint pas à le briser. Monzon dit : « laisse-le ! » Il laissa le faisceau de baguettes. A Démba de Masala qui en âge venait après lui, Monzon dit : « brise-le ! » Il ne parvint pas à le briser. Monzon dit : « laisse-le ! » A Sonzan de Nango qui en âge venait après Démba de Masala, Monzon dit : « lève-toi et brise-le ! » II se leva, essaya mais ne parvint pas à le briser. Monzon dit : « laisse-le ! » Il le laissa et alla s’asseoir. Monzon dit alors : « Zanfin de Dyoni ! Lève-toi ! » II se leva, essaya, mais ne parvint pas à le briser. Monzon dit alors à Mari de Torokoro : « lève-toi et brise-le ! » II se leva, posa le pied sur le faisceau de baguettes. II ne parvint pas à le briser. Monzon dit : « laisse-le ! » II le laissa. Monzon dit alors : « Ali de Wéta ! Lève-toi et brise-le ! » II se leva et déclara qu’il allait le briser. II ne parvint pas à le briser. Monzon dit : « laisse-le ! » II le laissa. Monzon dit alors à Mari de Kenyé : « lève-toi ! » Il se leva. Monzon ajouta : « brise ce faisceau de baguettes ! Celui-ci lui répondit qu’il allait le briser. Il ne parvint pas à le briser. Monzon dit : « laisse-le ! » Il le laissa. Monzon dit alors : « bien ! ce faisceau de baguettes, c’est moi couché et exposé sur la place du village ». Il ajouta : « si vous êtes unis, même si vous n’êtes que trois, vous parviendrez à avoir raison de cent hommes vivant dans la discorde ». Monzon dit : « Da ! Lève-toi, retire de ce faisceau une baguette et brise-la ! » Da retira une baguette et la brisa. Puis ce fut le tour de chacun des frères cadets de Da. Chacun prit une baguette du faisceau et la brisa. Monzon dit alors : « avez-vous vu ? » Ils répondirent : « nous avons vu ». Monzon ajouta : « si des ennemis se dressent contre vous, ils chercheront à se faire parmi vous un ami et s’efforceront de le dissocier de vous. Celui qui se sera associé à vos ennemis, celui-là cherchera à son tour à attirer un autre de vos f.r.è.r.e.s et ainsi de suite. Et à ce moment-là, ne serez-vous pas divisés ? Et quand vous serez divisés, ils feront de vous ce qu’ils voudront. Leurs projets une fois réalisés, vous en éprouverez du repentir mais il sera trop tard. Montrez à vos ennemis que rien ne peut vous diviser ! N’acceptez rien d’eux ! Que rien ne soit négligé de votre part qui pourrait ainsi permettre à quelqu’un de se glisser parmi vous pour y semer la dissension ! S’il surgit un désaccord entre vous, appelez-vous les uns les autres, réunissez-vous, consultez-vous ! Que l’on donne raison à celui qui a raison ! Que l’on donne tort à celui qui a tort ! Car un homme ne peut à la fois faire le coup de feu par devant et par derrière ». Monzon ajouta : « mes jours sont comptés. Il est de mon devoir de vous donner des conseils et en homme d’expérience, je vous conseillerai d’agir ainsi que je viens de le dire ». Quand il eut terminé, il congédia la foule et appela en particulier ses fils. Puis, ils se rendirent dans la demeure privée de Monzon. Monzon dit alors : « il est une autre chose dont je tiens à vous faire part, à savoir que les ennemis du pouvoir sont particulièrement dangereux. Il vous faut demeurer unis. Les ennemis les plus à craindre sont ceux qui sont tout proches de vous. Méfiez-vous d’eux ! Que votre esprit guette leurs agissements ! En revanche ne vous immiscez pas dans leurs affaires, mais je ne vous dis pas d’y renoncer à l’occasion, ni de faire montre de méchanceté à leur égard, ni de leur susciter des ennuis. Traitez-les, s’ils sont vos sujets, tout comme je l’ai fait de mon vivant. Traitez-les de même ! Respectez-les tout comme vous les avez respectés de mon vivant ! Soyez envers eux pleins d’égards tout comme vous le fûtes de mon vivant ! Ceci dit, demeurez vigilants quant à leurs agissements ! S’ils vous disent que telle ou telle personne est votre ennemi, ne faites pas cas de la prétendue inimitié de ladite personne, mais attendez que celle-ci vous manifeste son inimitié. S’ils vous disent que telle ou telle personne est votre amie, ne faites pas davantage cas de la prétendue amitié de ladite personne avant que celle-ci ne vous ait manifesté son amitié. Car quelqu’un peut se quereller avec vous le matin et le soir être votre ami. Quelqu’un peut être le matin votre ami et le soir venu, votre ennemi. Ce que votre ami dira, si votre ennemi le dit lui aussi, il deviendra par voie de conséquence votre ami. Ce que votre ennemi dira, si vous le percevez dans la bouche de votre ami, il deviendra de ce fait votre ennemi. Quand je ne serai plus à vos côtés, souvenez-vous des paroles que je viens de prononcer. Que les paroles que je viens de prononcer ainsi que les actes que j’ai accomplis sous vos yeux soient l’objet de vos réflexions ! Il vous faudra faire comme moi ! Avant d’entreprendre quoi que ce soit, repensez à ce que je viens de vous dire, et dites en vous-mêmes : si notre père était là, que dirait-il ? Et vous devriez dire ainsi qu’il aurait dit. Si notre père était là, comment agirait-il ? Et vous devriez agir ainsi qu’il aurait agi. Il vous faut penser à cela. Pensez-y chaque fois que vous aurez quelque chose à dire ; pensez-y chaque fois que vous aurez quelque chose à entreprendre. Après cela, passez à l’action ! Si vous suivez ces conseils ainsi qu’il vous a été indiqué, personne ne parviendra à vous vaincre. Si vous suivez ces conseils de la manière que je vous ai indiquée, personne n’éprouvera le besoin de s’immiscer dans vos affaires et de dire : cessez donc vos disputes. Si ces conseils demeurent inscrits dans vos esprits, alors vous aurez ma bénédiction. Vous aurez ma bénédiction jour et nuit. Ma bénédiction vous accompagnera où que vous soyez établis, où que vous vous rendiez ».”
Référence de l’article : « Le testament politique de Monzon. Texte bambara », in 2000 ans d’histoire africaine. Le sol, la parole et l’écrit, Mélanges en hommage à R. Mauny. Tome I, 1981, pp. 289-295.
Lire dans mon commentaire : “le “fama” Monzon Jara a un jour réuni ses fils” et non “le “fama” Da Monzon Jara a un jour réuni ses fils”.
Da Monzon est un des fils de Monzon.
Comments are closed.