Partenariat G20 – Afrique : Une volonté affichée d’aller de l’avant

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L’initiative « Compact  avec l’Afrique » s’attache à renforcer un véritable cadre de développement en encourageant l’investissement interne par un environnement plus assaini et incitatif, en créant un lien de confiance avec les grandes institutions de financement. 

La République fédérale d’Allemagne assure la présidence tournante du G20 depuis décembre 2016. Dès le début de son mandat, la chancelière allemande Angela Merkel a décidé de faire de l’Afrique et de son développement, une de ses priorités. Cette volonté politique affichée s’inscrit en droite ligne du contexte politique interne de la République fédérale d’Allemagne confrontée à un problème migratoire sans précédent, entraînant une pression politique sur la coalition au pouvoir, notamment en cette période préélectorale, les prochaines échéances législatives étant prévues pour septembre 2017.
Dans le cadre de la recherche de solution à l’épineux problème de la migration irrégulière, la chancelière allemande a organisé hier une conférence internationale à laquelle ont pris part plusieurs chefs d’Etat africains dont le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. La cérémonie d’ouverture a eu lieu à Gasometer EUREF-Campus de Berlin.
Selon les organisateurs, le choix de ce lieu n’est pas fortuit car il constitue un centre de pointe des énergies renouvelables du pays. Surtout qu’il était question d’agriculture, d’énergie et de développement des infrastructures de base.
La conférence internationale sur le thème : « Partenariat G20-Afrique, investir dans un avenir commun » se veut, par conséquent, une réponse solide, à moyen et long termes, à l’épineux problème de la migration par la création d’un cadre fiable d’opportunités d’investissements. Afin de promouvoir un développement économique inclusif et durable de l’Afrique. Première du genre, la rencontre de haut niveau qui prend fin aujourd’hui s’attache à approfondir le partenariat existant avec le continent africain. Elle intervient après celle des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales du G20 avec ceux du Rwanda, du Sénégal, du Maroc et de la Tunisie, tenue en mars dernier à Baden-Baden.
C’est dans cette ville allemande que les dirigeants du G20 se sont engagés à soutenir  la croissance africaine en lançant l’initiative « Compact  avec l’Afrique » et non pour l’Afrique. Principalement financière, cette initiative vise le renforcement d’un véritable cadre de développement en encourageant l’investissement interne par un environnement plus assaini et incitatif, en créant un lien de confiance avec les grandes institutions de financement et en encourageant enfin l’investissement extérieur. Les piliers de ce partenariat concernent le renforcement du cadre des financements et des investissements privés, le développement des infrastructures et l’accès aux énergies renouvelables et le développement inclusif et la promotion de l’emploi.

Sécurité et paix. La chancelière allemande, l’hôte du mini-sommet, a donné le ton en prononçant le discours inaugural. Mme Angela Merkel a souhaité la bienvenue à ses invités avant de souligner que cette conférence « doit être une contribution à la régionalisation, aux flux commerciaux car c’est tout le monde qui en profiterait. Les résultats obtenus en matière de développement ces dernières années restent en deçà des attentes ».
Cependant, dira-t-elle, on ne peut pas parler de développement sans la paix et la sécurité. Aujourd’hui, l’Afrique est minée par des conflits et des crises humanitaires. La question de sécurité a été négligée depuis longtemps par nos pays, a-t-elle concédé, ajoutant qu’il urge maintenant de s’intéresser à la sécurité et la stabilité, conditions préalables au développement de l’humanité. Mme Angela Merkel a ensuite réitéré l’engagement de son pays à accompagner le Mali dans la lutte contre le terrorisme.
Les thèmes de l’émigration clandestine, de l’emploi des jeunes et des femmes, de l’éducation ont été abordés par la chancelière allemande. Selon elle, il faut donner des opportunités à la jeunesse en élaborant et en finançant des programmes en faveur des jeunes filles et des femmes pour leur épanouissement. « Il faut aussi former  un monde interconnecté », a-t-elle plaidé.
Mme Angela Merkel envisage de soumettre les  conclusions de cette conférence au sommet du G20, prévu à Hambourg les 7et 8 juillet prochains. Déjà, l’Argentine qui succèdera à l’Allemagne à la tête du G20 en décembre 2017, s’est engagée à faire sienne l’initiative. Le président de l’Union africaine, Alpha Condé et les autres chefs d’Etat ont tous salué la tenue de cette rencontre, qui offre un cadre idéal de discussion pour parvenir à un développement humain durable. Ils ont mis l’accent sur l’élaboration des stratégies africaines afin de favoriser l’accès aux infrastructures de base. Dans son intervention, le président Ibrahim Boubacar Keïta a remercié Angela Merkel pour l’avoir invité à cette rencontre de haut niveau. « Cela témoigne de l’intérêt que vous accordez à notre pays », a indiqué le chef de l’Etat qui a rappelé sa visite en Allemagne lors de la reconstitution des fonds GAVI, au cours de laquelle la chancelière allemande lui a apporté un soutien. « Ce souci humanitaire se retrouve tout au long de votre parcours », a témoigné le chef de l’Etat.
Ibrahim Boubacar Keïta a lui aussi évoqué l’émigration clandestine. « Chaque fois qu’un jeune perd la vie dans la Méditerranée, dans le Sahara, nos coeurs saignent. Nous faisons tout pour empêcher cette tragédie humaine. C’est pourquoi nous avons apprécié votre accompagnement à nos côtés. Grâce à votre soutien, nous n’avons plus de belligérants, le terrorisme a reculé au Mali, mais reste ambiant et annihile nos efforts. Comment faire quand les convois de ravitaillement sautent sur les mines ? Quand les camps de la MINUSMA sont attaqués ?», s’est interrogé le président Keita qui a remercié l’Allemagne pour l’envoi de 650 soldats au Mali dans le cadre de la mission onusienne.
Concernant le problème migratoire, le président Keita a promis que des décisions seront prises pour conforter le programme de la chancelière. « Cette rencontre prouve encore une fois que l’Afrique est présente dans vos programmes. Nous devons réussir à faire un monde uni, fraternel et de paix », a conclu Ibrahim Boubacar Keïta.
La conférence internationale « Partenariat G20-Afrique, investir dans un avenir commun » mobilisera les ressources  pour l’Afrique. Elle ne crée pas de cadre particulièrement nouveau, mais s’attèle à renforcer l’existant en lui donnant plus d’efficacité et de pérennité.
Les autres chefs d’Etat africains qui ont répondu à l’invitation de Mme Merkel à cette rencontre de haut niveau sont les présidents du Niger, de la Guinée Conakry, du Ghana, de la Côte d’Ivoire, du Rwanda, de l’Egypte et de la Tunisie. Les représentants des pays membres du G20 et ceux de la commission de l’Union africaine étaient également présents.
Envoyée spéciale
Christiane DIALLO

RENCONTRE CONVIVIALE ET FRATERNELLE AVEC LES MALIENS D’ALLEMAGNE

La diaspora malienne figure en bonne place dans l’agenda du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta à Berlin. Aussitôt arrivé dimanche, il a rencontré la communauté malienne vivant en Allemagne. L’événement s’est déroulé dans la résidence de l’ambassadeur du Mali à Berlin, Toumani Djimé Diallo. Le président du Conseil de base des Maliens de l’extérieur, Dadji Touré, et nombre de nos compatriotes venus écouter le chef de l’Etat.
Au cours de cette rencontre conviviale et fraternelle, plusieurs sujets ont été abordés, notamment l’Accord pour la paix et la réconciliation et la révision constitutionnelle. Dans son mot de bienvenue au chef de l’Etat et à sa délégation, l’ambassadeur du Mali en Allemagne a remercié Ibrahim Boubacar Keïta pour avoir concrétisé son souhait de rompre le jeûne avec nos compatriotes. « Malgré son agenda très chargé, le chef de l’Etat a voulu partager ce moment de spiritualité avec les Maliens vivant en Allemagne », s’est-il réjoui.
En dépit des problèmes à la chancellerie malienne, l’ensemble des travailleurs font un travail de titan. Ce qui explique que la coopération entre l’Allemagne et le Mali se renforce de plus en plus, a ajouté Toumani Djimé Diallo qui a souhaité que la présence du chef de l’Etat à Berlin, permette de galvaniser ces liens de coopération.
Selon le diplomate, nos compatriotes vivant en Allemagne sont bien formés et intégrés. Ils sont reconnus comme étant la communauté qui ne pose pas de problème au pays d’accueil, s’est-il réjoui.
A sa suite, le président du Conseil des Maliens de l’extérieur, Dadji Touré a pris la parole pour souligner les bons rapports de collaboration entre nos compatriotes et l’ambassade. Il a exprimé ensuite en leur nom, sa joie et sa satisfaction de partager la rupture du jeûne avec le président de la République.
Par ailleurs, Dadji Touré a évoqué des doléances relatives à la formation professionnelle et aux études. Il demandera au chef de l’Etat d’intégrer ces doléances aux sujets qu’il abordera avec les autorités allemandes au cours de leurs échanges.
En réponse, le président Keita dira que la mobilisation des Maliens est la preuve de l’amour pour leur pays. « Partout où nous nous sommes rendus, nous avons eu le bonheur de vous rencontrer. Ce n’est pas un sacrifice quelconque, mais un geste naturel envers vous. Aucune mission diplomatique, consulaire ne peut réussir tant qu’elle ne s’intéresse pas aux problèmes des  Maliens », a dit le chef de l’Etat qui s’est félicité de l’accréditation de Toumani Djimé Diallo, apprécié par nos compatriotes. Cela veut dire que « nous ne nous sommes pas trompés sur le choix de la personne surtout en ce moment, où nous tâchons avec abnégation de relever les défis ».
Le chef de l’Etat a rappelé des progrès réalisés dans les domaines politique, agricole et social.
Selon lui, nous devons laisser les querelles politiques de côté, seul le pays doit compter. Le chemin de la paix est balisé. L’Accord pour la paix et la réconciliation n’est pas certes parfait, il est fait de compromis,  a-t-il reconnu. Cependant, les 3 fondamentaux s’y trouvent. Il s’agit de la souveraineté du Mali, la forme républicaine de l’Etat et la laïcité, a expliqué le président Keita. L’accord d’Alger commence à porter ses fruits, puisqu’il n’y a plus de belligérance au Mali, fera-t-il remarquer, ajoutant que ce répit a conforté le gouvernement à engager des actions de développement du pays.
Ibrahim Boubacar Keïta soulignera à cet effet que les résultats de la revue avec la Banque mondiale sont satisfaisants. Il a rappelé que 15% du budget national sont alloués à l’agriculture dont la mécanisation est en marche avec l’octroi des tracteurs aux paysans. Tous ces efforts cumulés ont boosté la production agricole et notre pays est le deuxième producteur de coton après l’Egypte, a-t-il souligné.
Par ailleurs, le président de la République a évoqué le programme des logements sociaux et sa récente visite à Kigali, où il a pris part au 3è sommet de Transform Africa. C’était pour dire que le Mali est ouvert à toutes les innovations technologiques tout en mettant l’accent sur l’éducation et la culture, sans lesquelles un pays ne peut se développer. Abordant la question de la révision constitutionnelle, Ibrahim Boubacar Keïta dira que cette réforme est faite pour les enfants, donc pour l’avenir du pays. Elle ne concerne pas la durée du mandat présidentiel contrairement aux rumeurs. C’est bien l’Accord de paix qui prévoit la création d’un Sénat. « Qu’on se dise la vérité, qu’on respecte le pays, c’est l’avenir des enfants qui est en jeu », a-t-il ajouté.

C. DIALLO

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