Le Centre international des conférences de Bamako (CICB) a servi de cadre à la tenue du premier forum d’investissement et de coopération économique renforcée entre le Royaume du Maroc et le Mali. L’ouverture de ce grand rendez-vous des affaires organisé à l’initiative des patronats malien et marocain, s’est déroulée hier mercredi sous la présidence du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’intégration africaine, M. Abdoulaye Diop, représentant le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta. C’était en présence de son homologue de l’industrie et des investissements privés, Moustapha Ben Barka et de plusieurs personnalités notamment du monde des affaires des deux pays.
C’est parti pour deux jours d’intenses discussions entre les hommes d’affaires maliens et marocains. La tenue de ce forum traduit l’excellence du renouveau des relations bilatérales entre les deux pays. Ainsi, après la participation active du Maroc dans la résolution de la crise politico-sécuritaire et institutionnelle qui a secoué notre pays à travers le Conseil de sécurité de l’ONU qu’il présidait et d’autres canaux, le Royaume chérifien veut booster les affaires entre les deux pays.
A cet égard, la dernière visite effectuée à Bamako par le Souverain marocain, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en février dernier, a marqué un tournant. Plusieurs accords de coopération dans divers domaines ont été signés et des contacts ont été établis pour la tenue de cette rencontre. Celle-ci, a d’ailleurs, été confirmée lors de la participation du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, au Salon international de l’agriculture de Meknès, en avril dernier. Au programme de ces deux jours, figurent en bonne place des échanges entre opérateurs économiques, des rencontres d’affaires entre les entreprises des secteurs des services, des mines, de l’agrobusiness et des énergies renouvelables. Ces activités répondent à la volonté commune des deux pays de relancer et de renforcer leur coopération.
Le président du Conseil national du patronat malien (CNPM), Mamadou Sidibé l’a bien relevé dans son mot de bienvenue. Il a rappelé les efforts faits par le gouvernement malien pour créer des conditions favorables à l’investissement et au développement du secteur privé, qui demeure la principale source de croissance économique et de création d’emplois.
Lui emboitant le pas, la présidente de la Confédération générale du patronat du Maroc (CGPM), Meriem Bensalah Chaqroun, a salué la mise en place d’un conseil d’affaires entre les deux pays pour prendre le pool du climat des affaires. Elle a rappelé que cette rencontre intervient après la signature, le 8 mai dernier à Bamako, d’un accord de coopération sur la non double imposition.
Ce qui pour elle devrait favoriser la création d’un organisme chargé d’abriter une banque des projets. Pour elle, le souci du Royaume Chérifien est l’unité territoriale et la stabilité du Mali. D’où son devoir de créer une croissance conjointe et une richesse partagée.
Quant au chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, il a précisé que le gouvernement est disposé à tout mettre en œuvre pour hisser le niveau de la coopération économique entre les deux pays au rang déjà élevé de la diplomatie. Convaincu du fait que le véritable moteur de l’économie est la finance, il a rappelé les potentialités dont dispose le Mali et qui peuvent intéresser le Maroc. C’est ainsi qu’il a cité, entre autres, les mines, l’agriculture, les infrastructures, les BTP, l’énergie, etc. Signalons qu’une cinquantaine d’hommes d’affaires marocains et une centaine côté malien participent à cette rencontre.
Il y a lieu de préciser que la coopération entre les deux pays est multiforme et multidimensionnelle. Au Mali, le Royaume Chérifien est notamment présent dans le secteur des télécommunications, avec le groupe Maroc Télécom qui est actionnaire majoritaire de la SOTELMA Sa. Le Maroc intervient également dans le secteur bancaire avec trois groupes bancaires (BMCE, Attijariwafa bank et Banque Populaire). Sans compter le secteur de l’assurance avec l’achat récent du groupe Colina par l’assureur marocain, Saham.
Maciré DIOP
L’Administrateur directeur général de la BIM-sa, Abdelahad Kettani
” J’appelle les acteurs économiques des deux pays à investir au Mali qui connait la paix et un avenir prometteur”
Quelques semaines après avoir sponsorisé avec succès l’édition 2014 du Salon international de l’agriculture de Bamako (SIAGRI) la BIM-sa groupe Attijariwafa Bank est de nouveau au cœur de l’économie malienne. Elle est le sponsor officiel du forum Mali- Maroc qui s’est ouvert hier au CICB. Pour la circonstance, les responsables de la BIM-sa groupe Attijariwafa Bank ont mis les petits plats dans les grands pour offrir un cadre parfait de travail aux acteurs économiques marocains et maliens qui prennent part aux travaux. C’est dans la salle B2B entièrement ornée aux couleurs du groupe Attijariwafa Bank que nous avons rencontré, hier après-midi, l’Administrateur directeur général de la BIM-sa, Abdelahad Kettani, pour qui il existe une réelle volonté politique de part et d’autre pour booster les relations économiques au grand bonheur des peuples des deux pays.
L’Administrateur Directeur général de la BIM-sa, votre banque est le sponsor officiel du forum Mali – Maroc qui vient d’ouvrir ses portes. Quelle est votre ambition en acceptant de sponsoriser cette rencontre ?
Abdelahad Kettani: L’ambition est d’abord le rapprochement des économies marocaine et malienne. Quand on analyse les deux économies, on constate qu’il y a énormément de possibilités et beaucoup d’actions complémentaires entre les deux pays. C’est cette complémentarité qu’on veut traduire dans les faits. Nous voulons que les investisseurs marocains s’intéressent au Mali et vice versa. Pour les Marocains, on sait qu’il y a des possibilités pour les investissements agricoles, l’industrie agro-alimentaire, les travaux publics, les bâtiments, les IME, les projets immobiliers, un domaine dans lequel le Mali a progressé énormément. Le Maroc peut apporter des financements et son savoir-faire dans tous ces secteurs.
Par ailleurs, le Mali aussi peut intervenir dans l’économie marocaine par des investissements dans divers secteurs. C’est ce rapport de complémentarité, des relations d’affaires gagnant-gagnant qui sont visés par notre action de participation à ce forum qui vient couronner les accords de coopération signés lors de la visite royale au Mali, il y a trois mois environ.
Ce qui traduit la volonté politique farouche aussi bien du président Ibrahim Boubacar Kéïta que du Souverain du Maroc, le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste.
Comme vous l’avez souligné, ce forum s’inscrit dans la suite logique de la visite royale au cours de laquelle le groupe Attijawariwafa bank a signé une convention avec l’union des sociétés coopératives du Mali. Qu’en est-il de cet accord ?
C’est une convention qui est en cours. Nous avons eu des rencontres pour sa mise en œuvre et des actions devront se concrétiser dans les jours à venir. Toute la logistique a été maintenant réalisée. Les textes de l’union sont maintenant disponibles. Nous attendons donc le dossier pour traduire en acte les engagements convenus.
En un mot, le dossier est en bonne voie ?
Pour moi, le dossier est non seulement en bonne voie, mais il est en phase d’aboutissement, de concrétisation à travers la mise en place du crédit objet de la convention. Les actions connexes qui étaient prévues pour la mise en place du financement sont terminées. La concrétisation se fera bientôt.
Revenons au forum Mali-Maroc. Après une journée d’intenses travaux, comment jugez-vous la rencontre et l’engagement des uns et des autres pour en tirer profit ?
La forte délégation marocaine présente est un signal fort de la volonté de la partie chérifienne de concrétiser les engagements avec le pays frère du Mali. L’accueil réservé à cette délégation et les paroles de bienvenu souhaitées ce matin à l’ouverture par le premier ministre au nom du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, la présence de deux ministres, celui des Affaires étrangères et son homologue de l’Industrie et de la promotion des investissements, traduisent une volonté politique sans faille. Quand celle-ci existe au plus haut niveau, au niveau du CNPM côté malien et du CGM côté marocain, cela veut dire que les choses sont en bonne voie pour concrétiser les partenariats, développer les relations économiques entre les deux pays frères.
Au regard de la dynamique enclenchée, l’apport de la BIM-sa à l’économie malienne ne va-t-elle pas s’accroître dans les années à venir ?
La BIM-sa bénéfice du capital de Attijariwafa bank depuis novembre 2008 et depuis cette banque s’est comportée en banque citoyenne. Elle a financé de nombreux projets aussi bien dans le public que dans le privé. La BIM Sa restera toujours fidèle à cette devise, celle de soutenir l’économie malienne et les initiatives marocaines dans ce pays. Depuis l’accession de Attijariwafa bank au management de la BIM-sa, elle a élargi son action pour non seulement financer les Marocains qui sont venus s’installer au Mali mais aussi toutes les activités bancables des promoteurs maliens. La BIM Sa restera toujours une banque de soutien à l’économie malienne, elle financera toujours les projets maliens bancables et viables, que ce soit des projets créés par des Marocains ou des Maliens. S’il y a des projets dont le financement est trop important, la BIM Sa peut recourir au siège mère ou aux autres filiales du groupe en Afrique pour y faire face.
On se rappelle que la BIM-sa a financé de nombreux projets structurants, comme les aéroports de Bamako et de Kayes, le siège de l’Agence nationale pour l’aviation civile, le secteur de l’énergie dans le cadre de la SOPAM, la production d’énergie avec EDM-sa, des travaux routiers, de la production du fer à béton, des écoles, des cliniques, le secteur cotonnier de la CMDT… Bref elle est là pour financer tous les projets viables et bancables et encourager la coopération sud-sud.
Quel appel avez-vous à lancer aux acteurs économiques maliens et marocains ?
Je les appellerai à investir massivement au Mali, un pays qui connait désormais la paix et la stabilité et qui est prometteur pour un avenir serein et un avenir en rose. Inchallah.
Youssouf CAMARA