Mot de la semaine : Convocation

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Officiellement, les Présidents du G5 sahel sont invités à Pau par leur homologue français, Emmanuel Macron, afin d’échanger sur l’épineuse question de la présence des troupes françaises au Sahel et cela après la colère noire des populations et la montée d’un certain sentiment anti-français. Officieusement,ils sont convoqués pour se prononcer clairement et sans ambages sur la présence des troupes françaises au Sahel, surtout après des manifestations antifrançaises  des populations de la zone qui pensent, à tort ou à raison,   qu’elles ne sont pas là pour lutter contre le terrorisme. Emmanuel Macron, pris entre deux feux, les populations du Sahel en colère et une frange importante de la classe politique française qui s’interroge sur le bienfondé de la présence  française, veut avoir des clarifications de la part des présidents du G5. Si la présence des chefs d’Etat du G5 sahel à Pau fait moins débat, par contre ,c’est  la manière de les convoquer, dans un ton paternaliste et condescendant, qui  fait polémique au sein de l’opinion sahélienne.

Ils seront, le lundi 16 décembre 2019, quatre des cinq chefs d’Etat du G5 sahel  à Pau  en France pour répondre à la convocation du Président Emmanuel Macron. Excepté Idriss Deby qui se serait fait excuser pour agenda trop chargé, IBK du Mali, Mahamadou Issoufou du Niger, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso et  Mohamed Ould  Ahmed El Ghazouani de la Mauritanie seront face au Président françaisMacron, dans la ville martyre de Pau. Cette rencontre qui se tient après la mort  de  plus de 300 soldats maliens, burkinabé, Nigériens et  13 soldats français près d’Indelimane au Mali, a tout l’air d’une interpellation des chefs d’Etat du G5 sahel  pour qu’ils disent clairement s’ils veulent encore des troupes françaises au Sahel. Elle sera une occasion pour le Président français d’avoir une nouvelle légitimité pour continuer son aventure sahélienne, car tout porte à croire que les chefs d’Etat du G5 sahel lui donneront carte blanche pour continuer son odyssée sur les dunes sablonneuses, quitte à contenir après, les contestations des populations de plus en plus hostiles à la présence des troupes étrangères.

Et pourtant,les Présidents du Mali, du Burkina et du Niger, les trois pays considérés comme l’épicentre du combat contre le terrorisme, sont suffisamment avertis par leurs peuples et devraient avoir le courage de poser les vraies questions de préoccupations des pays du Sahel à leur homologue français.A défaut de demander le retrait des troupes françaises, voire étrangères du Sahel, les chefs d’Etats du G5 sahel devraient plutôt exiger de Macron de clarifier sa position vis-à-vis de certains groupuscules qui ne sont rien d’autres que les excroissances de ceux terroristes. Ils pourraient également demander d’accroitre le soutien  France en armements et en formation des troupes afin de permettre, dans un plus bref délai, aux forces armées nationales d’assurer la relève. Ils doivent également demander à la France de faire sauter le verrou autour de Kidal et permettre aux autorités administratives et à l’armée malienne d’y avoir accès.

Si la présence du Président Mauritanien est juste par élan de solidarité, car son pays est le seul parmi les cinq qui composent le G5 sahel à ne pas être attaqué jusqu’ici. Quant à Idriss Deby, il est en passe de vaincre Boko Haram à sa frontière avec le Nigéria et pourra se passer de la troupe française chez lui.Ce sont les 3 autres pays que sont le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui peinent à se frayer un véritable chemin, donc ils ne pourront pas dire non à la France, mais, conseillés par leurs peuples, ils  doivent se montrer  à la hauteur des enjeux.

Youssouf Sissoko

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