Monnaie unique pour le Sahel : Les États de l’AES maîtres de leur destin

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S’il y a un aspect particulier que les trois pays de la Confédéral des États du Sahel doivent spécialement se pencher après leur sortie actée de la Cedeao, c’est bien la question de leur monnaie commune. Pour vous approfondir le sujet Quelles, nous nous posons la question suivante : quelles sont leurs perspectives et les défis qui les attendent pour les prochaines années ?

D’emblée on peut dire que la création d’une monnaie commune pour l’Alliance des États Sahéliens (AES) pourrait leur apporter des avantages économiques spécifiques et significatifs. D’abord en termes d’avancées des producteurs agricoles qui ravitaillent les pays voisins membres de la Cedeao. En effet, l’Alliance des États du Sahel (AES) a la compétence exclusive sur divers produits et marchandises agricoles et pastoraux dont l’exportation reste leur domaine privilégié. Et ils ne les échangeront plus en monnaie de singe qu’est le franc Cfa, mais en leur monnaie que les autres pays devront posséder devise sous régionale pour accéder au marché AES.

Ensuite, en termes d’avancées diplomatiques. La monnaie commune contribuera au renforcement de leur alliance confédérale et verra les États membres de l’AES solidifier leurs relations bilatérales et multilatérales, se positionnant ainsi sur la scène internationale en toute souveraineté avec leur poids économique et financier. Dans la promotion de la paix également, plusieurs accords de partenariat stratégique ont été négociés et signés sous l’égide des régimes militaires qui dirigent les pays de l’Alliance, notamment avec la Fédération de Russie et la Chine. Une démarche qui vise à résoudre les conflits internes et régionaux, même s’il le faut au prix de l’acquisition d’armements lourds et sophistiqués dans le cadre de la dissuasion armée. Ce qui découle naturellement des avancées sécuritaires, car qui veut la paix pendant la guerre, se prépare à la guerre pendant la paix. Cela suppose une bonne coordination des politiques macroéconomiques et budgétaires.

Au plan militaire, les trois pays membres de la Confédération ont pu améliorer la coordination de leurs forces armées pour lutter efficacement contre les menaces communes telles que le terrorisme et le banditisme armé en protégeant par une force conjointe les installations et les sites hébergeant des ressources stratégiques. Aussi, entre eux, le partage de renseignements est nécessaire pour faire face aux réseaux de trafiquants des multinationales voraces et pilleuses de ressources. Un partage de renseignements qui a été mis en place entre leurs ministères de la sécurité publique et de la protection civile, pour mieux anticiper et réagir aux menaces.

Même si l’AES a déjà accompli beaucoup de choses en 7 mois d’existence, il demeure évident qu’il reste encore du chemin à parcourir pour les trois États dans la mesure où ils sont condamnés à réussir ce qu’ils ont résolu de planifier et de réaliser pleinement en termes d’objectifs de fédération et de mesures concertées de coopération régionale. Parmi ce qui leur reste à faire, on estime que la création de la monnaie n’est pas la moindre des choses. D’autant plus que l’AES doit encore pouvoir davantage se positionner au plan régional et sous régional en arrivant à mettre en place un cadre monétaire inclusif autour d’une unité de compte estimée en valeur par rapport à leur stock d’or garantie par une banque commune qui serait chargée de faciliter les échanges économiques et commerciaux et renforcer les flux financiers issus de leur intégration communautaire à côté de la Cedeao et de l’Uemoa, deux organisations dont ils ont décidé de se débarrasser pour les intérêts vitaux de leurs populations confédérées. Une dynamique à mettre en œuvre à travers leurs médias intra-régionaux. Mais le développement de stations radios Fm et de chaînes de télévision grand public ne leur sera utile que s’il entre dans le cadre confédéral d’amélioration de leur communication et la maîtrise des réseaux et canaux de diffusion modernes. Le flux d’informations provenant des États membres de la Confédération est un paquet de nœud qui milite en faveur de la création d’une monnaie commune pour les pays de l’AES. La chaîne Web actuellement opérationnelle présente déjà en termes d’avantages potentiels, ce que pourrait appeler la renaissance sahelo-sahélienne. Car elle informe sur leur degré de préparation et une politique communicationnelle rigoureuse qui leur permettra une coordination étroite afin de surmonter les défis économiques et institutionnels.

De ce fait, la création de la monnaie commune AES pourrait apporter plusieurs avantages économiques spécifiques au-delà de l’aspect communautaire et communication. En termes d’avantages économiques spécifiques on peut parler de la réduction des coûts de transaction avec l’élimination des frais de conversion de devises. Il y a la simplification des transactions commerciales et financières à entrevoir et la stabilité des prix à scruter. Sans compter la réduction des fluctuations des taux de change. Parmi les avantages on peut noter la promotion d’un environnement économique plus prévisible et stable ; le renforcement de l’intégration économique avec les échanges commerciaux et les investissements colossaux attendus de la diaspora et des investisseurs de la sous-région. Mais à la condition que la libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux soit assurée à toutes leurs populations. À propos d’investissement, il faut noter que l’attractivité des investisseurs étrangers ne peut être garantie que si la monnaie commune sera à même de rendre la région plus attractive pour les investissements étrangers en offrant un marché plus grand et plus intégré. Ce qui sous-entend l’amélioration de la confiance des investisseurs étrangers et nationaux grâce à une politique monétaire commune hardie.

On parle à ce moment d’optimisation des politiques économiques et de coordination des politiques fiscales et monétaires pour une meilleure gestion économique d’ensemble. Or on sait combien il est difficile dans nos pays en déshérence financière de maintenir une discipline budgétaire et de veille économique par surveillance du taux d’endettement autorisé.

Pourtant, avec un taux de chômage endémique, les trois pays déjà très débrouillards, verront le risque croissant de diminution de la valeur monétaire à cause des fluctuations de leur taux de change non paritaire par rapport au franc Cfa. Ce qui peut leur valoir un risque de dévaluation et d’inflation liés aux fluctuations de leur monnaie commune. Une tendance que pourrait compenser une meilleure gestion des chocs économiques externes grâce à une réponse collective.

Tous ces avantages peuvent contribuer à renforcer la croissance économique, à améliorer la stabilité et à promouvoir une plus grande coopération entre les États membres de l’AES. Cependant, pour réaliser ces avantages, il est essentiel de mettre en place des mécanismes robustes de coordination et de surveillance économique. Par exemple, un marché plus grand et intégré pourrait attirer davantage d’investissements étrangers. Une confiance accrue des investisseurs, grâce à une politique monétaire commune, pourrait en résulter. Une façon pour les trois États d’optimiser leurs politiques économiques, fiscales et monétaires dans la bonne gouvernance.

La mise en place d’une monnaie commune nécessite toutefois des mécanismes robustes de coordination et de surveillance pour maximiser ces avantages. Ce qui présente plusieurs défis économiques, car les implications économiques sont très importantes. Il s’agit des défis économiques dans la coordination des politiques macroéconomiques ; l’harmonisation des politiques fiscales et monétaires entre les pays membres ; la nécessité d’une coordination étroite pour éviter les déséquilibres macroéconomiques et les disparités communautaires. Parce que les différences de développement économique entre les pays membres pourraient rendre difficile la mise en place d’une politique monétaire unique. Les économies plus faibles pourraient être vulnérables aux chocs économiques externes.

Sur un autre plan, la perte de souveraineté monétaire est un grand risque s’il arrivait que les trois pays quittent ensemble le Cfa ou séparément. À ce moment-là ils renonceraient à une partie de leurs devises logées auprès du Trésor français et la Banque de France. Ce qui impactera de manière agressive leur souveraineté en matière de politique monétaire, et pourrait limiter leur capacité à réagir aux chocs et aux crises économiques spécifiques.

Au plan infrastructure financière et institutionnelle, le besoin de créer des institutions robustes, telles qu’une banque centrale commune et des mécanismes de supervision financière, reste patent. De même que le renforcement des systèmes bancaires et financiers est obligatoire pour soutenir la nouvelle monnaie.

En relation avec leurs experts et ceux de la BCEAO et de l’Uemoa, il faudra s’attendre à des coûts de transition exorbitants. En effet, l’évaluation des coûts associés à la transition vers une nouvelle monnaie, y compris la mise à jour des systèmes financiers, l’impression de nouveaux billets et la sensibilisation du public risque d’être plus difficile que prévue en ces temps où tout est fuité sur internet. La gestion des risques de perturbations économiques pendant la période de transition est à prendre très au sérieux dès maintenant. Le président en exercice de la Confédération des États du Sahel, le Général d’Armée Assimi GOÏTA, doit garder présent à l’esprit cet aspect crucial avant d’engager le processus de sortie prochaine de la monnaie créée ou en voie de l’être. La confidentialité la plus totale doit couvrir ce processus sans rien laisser fuiter comme au bon vieux temps de la création tumultueuse de l’ancien franc Malien entre 1962 et 1964 sous l’ancien régime socialiste du père de l’indépendance, Président Modibo Kéïta.

Ce qui demeure constant et vérifiable c’est les risques de désalignement des politiques budgétaires tant qu’ils ne feront plus partie de la Cedeao et resteront encore membres de l’Uemoa et de ses institutions appariées. Parce qu’en restant toujours membres de l’Union monétaire de la zone franc Cfa, les pays membres de l’AES doivent souscrire à la discipline budgétaire en vigueur dans cet autre ensemble pour maintenir les déficits publics à niveau et veiller à ne pas s’endetter de façon excessive. Car en espace Uemoa l’endettement public ne doit pas dépasser les 70% du PIB. Ce qui laisse supposer qui leur sera difficile à coordonner les décisions communautaires de l’Uemoa en les intégrant dans leurs politiques publiques communes de pays membres de la Confédération AES.

Les défis et risques, si élevés et denses soient-ils, nécessiteront une parfaite et maîtrisée coordination de leurs politiques économiques. Car la réussite de leur monnaie commune appelle une harmonie et une intelligence économique sur les politiques macroéconomiques et budgétaires entre eux et vis-à-vis des cinq autres pays membres de l’Uemoa avec lesquels ils sont frontaliers. Pour cela, des initiatives bien coordonnées devront donner naissance à des institutions bancaires et financières de régulation solides pour la mise en place de la planche à billet, seul gage d’une réelle souveraineté économique et monétaire. Des institutions solides, telles qu’une banque centrale commune, est alors indispensable pour gérer efficacement la nouvelle monnaie et lever les obstacles liés aux déséquilibres économiques entre les pays membres de l’Uemoa et ceux de la Confédération AES, mais aussi, de tenir ferme sur tous les plans (sécuritaire, diplomatique, militaire, communicationnel etc.) pour garantir la stabilité de la monnaie commune créée par une planification audacieuse et une coordination rigoureuse. Le succès de leur monnaie commune en dépend. Il faudra donc collaborer étroitement avec la BCEAO pour surmonter ces obstacles et maximiser les avantages économiques potentiels au détriment des directives de l’Uemoa et de sa commission, de sa bourse (Brvm) et de sa chambre arbitrale sises à Ouaga et Abidjan. La BCEAO ayant son siège à Dakar et sous contrôle du gouverneur ivoirien et du Conseil d’administration français qui en résulte.

Khaly Moustapha LEYE 

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