Tout en reconnaissant que l’intervention française au Mali ne doit pas être qualifiée d’échec total, beaucoup d’experts affirment qu’il ne faut pas non plus occulter plusieurs erreurs importantes commises dans les stratégies de cette intervention. Ces erreurs, il faut le dire, qui sont, du reste, implicitement reconnues par la France elle-même à travers les multiples changements des approches d’organisation et des missions des forces déployés au Sahel, ont fortement pesé sur les résultats obtenus y compris la perception de Barkhane comme force d’occupation par les populations du Sahel.
Le passage de Serval, à Barkhane, puis Takuba est d’une certaine manière, une reconnaissance de résultats mitigés auxquels les autorités françaises ont voulu apporter des solutions par ces changements qualifiés de tâtonnements par certains plus sévères. Ces critiques ne s’adressent pas au peuple français qui est un peuple merveilleux mais s’adressent seuls aux décideurs qui ont fait ces erreurs.
C’est ironique que les nouveaux changements proposés pour l’intervention de Takuba, en dehors de l’aspect européanisation des forces, aillent dans le sens de ce que les Maliens avaient demandé dès le départ en 2013 à savoir un appui aérien, des renseignements, des armements et la formation pour les FAMAS qui devaient faire le boulot eux-mêmes. Pas besoin de troupes au sol avait dit les autorités militaires maliennes à l’époque. Cette demande était la même au niveau des autres pays du Sahel.
Les arguments avaient été balayés par la France en disant que l’armée malienne était faible et ne pouvait rien faire, ignorant ainsi que c’est le cœur et donc la volonté de combattre qui font gagner les guerres.
Plus grave, tout était fait volontairement ou non pour rabaisser les armées nationales et glorifier les forces françaises pour hisser la France au rang de super puissance militaire. Cette mauvaise communication a fortement réduit le moral des troupes et poussé les autorités politiques à tout attendre de l’extérieur qui est perçu comme le sauveur envoyé par Dieu. L’ambition des politiques français est certainement passée par là.
La logique simple des experts militaires Sahéliens, n’était pas prise en compte. Est-ce par mépris ou est-ce parce que le bénéfice politique était moins important pour les décideurs français ? La question mérite d’être posée.
Selon l’analyse des experts, après l’annonce du retrait des forces françaises au Mali, les autorités de la transition malienne ont offert aux autorités françaises une porte de sortie honorable de l’enlisement dans lequel ils avaient mené Barkhane. Le Mali devient ainsi le bouc émissaire qui va porter la responsabilité de l’échec (le mot est peut-être trop fort) ou les faibles résultats de la lutte contre le terrorisme mené à l’initiative et sous le leadership de la France.
Vivement alors que les nouvelles initiatives soient bâties sur plus d’implication des armées nationales du Sahel dans la conception, la planification et la mise en œuvre des opérations sur leurs sols.
Le seul objectif durable qui devra être poursuivi, c’est de faire des armées nationales africaines, des puissances locales capables de lutter contre le terrorisme et toutes les autres formes de déstabilisations de nos Etats y compris celles des rebellions fondée sur le séparatisme à base raciale.
Ce qui demanderait de soutenir les pays du Sahel en les dotant d’équipements militaires, de formation et de renseignements adéquats.
Toutes choses sur lesquelles l’intervention des occidentaux s’est montrée jusqu’ici très timide. Est-ce par manque de confiance ou est-ce par calcul stratégique visant à maintenir nos Etats dans une dépendance vis à vis d’eux ? Une autre question qui mérite d’être également posée surtout si on se rappelle que certains pays ont parachuté des armes à des groupes islamistes qui luttaient contre Khadafi sans se soucier des conséquences sur la stabilité de la région. L’aide des grandes puissances à des mouvements armés est connue de tous et les Nations Unies sont incapables jusqu’ici de régler ce problème au désespoir des pays pauvres qui sont déstabilisés dès qu’ils ont des richesses dans leurs sous-sols.
Plus que jamais l’Afrique a besoin de se rassembler et de s’unir pour survivre individuellement et collectivement. La bonne gouvernance et un leadership plus clairvoyant sont la condition majeure pour y parvenir.
La Rédaction
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