Jeudi, Choguel a changé de langage au sujet des relations entre le Mali et la France. Dans un entretien accordé à des médias français, le chef du gouvernement malien a fait référence à un couple, en parlant de la France et du Mali. Ainsi, il a déclaré que des scènes de ménage existent entre les deux pays, mais qu’il n’y a pas de divorce entre eux.
Cette sortie de Choguel n’a pas manqué de susciter la colère chez certains Maliens qui l’ont soutenu après avoir déclaré à la tribune des Nations Unies que la France abandonne le Mali en plein vol. Pour ceux qui sont fâchés, Choguel aussi est en train de faire faux bond aux Maliens qui demandent à la France de plier bagage pour quitter le Mali.
Avant ce changement de ton de Choguel, en pleine crise de confiance entre Bamako et Paris, le président français Emmanuel Macron, a attisé le feu. Quand il s’agit du Mali, depuis 2012, les autorités françaises tiennent un discours paternaliste. Pendant longtemps, les Maliens ont ainsi encaissé le ton désobligeant du discours des autorités françaises. Plus maintenant, clame Choguel Maïga, le Premier ministre.
C’est ainsi que le 6 octobre, l’ambassadeur de France a été convoqué par Bamako suite aux critiques de Macron. La convocation de l’ambassadeur de France est intervenue après les propos jugés “regrettables” du président français à l’encontre de la junte militaire au pouvoir et à son appel à ce « que l’Etat revienne » au Mali.
Abdoulaye Diop, le ministre des Affaires étrangères, a invité les autorités françaises à la retenue, en évitant des jugements de valeur. Un communiqué diffusé par le gouvernement malien fustige les « propos inamicaux et désobligeants » d’Emmanuel Macron et exprime une vive protestation contre ces propos « regrettables ».
Un jour plus tôt, Emmanuel Macron avait appelé à ce que l’Etat revienne au Mali, dans un contexte de fortes tensions avec le pays sahélien. « Il faut que l’Etat revienne avec sa justice, son éducation, sa police partout, en particulier au Mali », avait laissé entendre le chef de l’Etat français. Il a affirmé que des pans entiers de territoire restent livrés à eux-mêmes face aux djihadistes, aux tensions intercommunautaires et aux trafics.
Quelques jours avant, le président français avait qualifié de « honte » les accusations d'”abandon en plein vol du Mali’’ par la France. Ces accusations avaient été portées par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’ONU, à New York. Le ministre des Affaires étrangères, dans son communiqué, appelle la France à se concentrer sur l’essentiel, notamment la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.
Sans concertation avec les autorités maliennes, la France a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire avec une réduction de ses effectifs d’ici à 2023 à environ 2500 hommes, contre plus de 5.000 hommes présentement. Dans ce contexte, la transition s’est tournée vers d’autres partenaires sécuritaires pour contrer la menace terroriste.
La France ne veut pas surtout que la transition malienne se rapproche de la Russie. Les médias occidentaux ont beaucoup commenté la possibilité d’un partenariat entre les autorités maliennes et les paramilitaires russes du groupe Wagner. Paris rappelle fréquemment qu’une présence de ces mercenaires au Mali serait incompatible avec le maintien de la présence militaire française au Mali.
Oumar KONATE