Le nouvel ambassadeur d’Éthiopie au Mali, Mme Yeshimerbrat Mersha Kassa, qui a présenté mardi ses lettres de créance au président de la République, a animé hier un point de presse à l’hôtel Massaley.
Mme Yeshimerbrat Mersha Kassa entend réchauffer la coopération entre son pays et le Mali, une coopération qui, à ses yeux, est restée très timide alors que les relations bilatérales remontent à des décennies. L’Éthiopie est le deuxième pays d’Afrique par sa population (80 millions d’habitants), et le 9ème par sa superficie (1,2 million de km2). Elle peut s’enorgueillir d’un riche patrimoine culturel et offre des opportunités énormes pour attirer des investissements dans les domaines du commerce et du tourisme, a expliqué la diplomate. C’est justement dans ces domaines que Yeshimerbrat Mersha Kassa juge que son pays et le Mali peuvent facilement coopérer.
Elle a relaté une partie de l’histoire de son pays, avant de présenter le grand « barrage de la renaissance », le plus grand projet d’hydroélectricité en Afrique. L’ouvrage est en construction sur le Nil bleu, à environ 40 km de la frontière avec le Soudan, dans la région de Benichangoul. La construction est entièrement financée par l’Ethiopie. La mise en service totale de ce barrage gigantesque est prévue dans 5 ans. Cet ouvrage, perçu comme le pilier du développement de l’Éthiopie serait couplé à la plus grande centrale hydroélectrique en Afrique et le deuxième dans le monde.
Les besoins en électricité ayant augmenté en moyenne de 25 % par an, ces cinq dernières années dans le pays, la construction du barrage contribuera de manière significative à combler le déficit en énergie électrique dont il souffre. Le pays pourra même exporter les excédents vers les pays voisins, notamment Djibouti, le Kenya et le Soudan. Le barrage aura une puissance de 720 MW.
Le coût total de l’investissement se chiffre à 4,8 milliards de dollars (environ 2000 milliards de Fcfa). Le financement est assuré par l’apport de fonds publics du gouvernement éthiopien et par la vente des « Diaspora bond ». La Banque éthiopienne de développement émet des bons de trésor afin que chaque Éthiopien puisse participer au financement du projet de développement du pays, a détaillé la diplomate.
« La vision de l’Éthiopie est en effet, d’abolir la pauvreté et d’atteindre le niveau des pays dits à revenu intermédiaire en 2023, où les citoyens jouiront d’un niveau de vie décent. C’est pourquoi le pays a adopté un programme de développement ambitieux afin d’accélérer sa croissance économique et provoquer une transformation structurelle dans les prochaines années et décennies. L’Ethiopie a l’intention de le faire en étant respectueux de la nature et du climat et en utilisant un maximum de ses ressources naturelles renouvelables. Ce qui signifie réduire à zéro les émissions nettes de carbone d’ici 2025 », a-t-elle expliqué.
L’ambassadeur a aussi évoqué le conflit qui a opposé il y a quelques années (en 1998) son pays à son voisin érythréen. Un conflit qui s’est terminé après avoir fait des dizaines de milliers de victimes, avec la signature des accords d’Alger le 12 décembre 2000 sous l’égide de l’OUA et de l’Algérie avec les Etats-Unis comme garants.
A. DIARRA