Dans la divergence de point de vue entre le Mali et la Côte d’Ivoire concernant la détention de 49 militaires ivoiriens considérés comme des « mercenaires », le Président du Togo a été accepté par les deux pays pour mener la mission de bons offices en vue d’un dénouement heureux.
Perçu comme étant une aile dure parmi ses pairs de la Cedeao lors de l’imposition de l’embargo économique et financier pendant 6 mois sur le Mali, Alassane Dramane Ouattara a un peu terni l’image de la Côte d’Ivoire auprès des Maliens. Dans ce contexte, l’arrivée incongrue de militaires ivoiriens avec armes et bagages à Bamako le dimanche 10 juillet, soit 6 jours après la levée des sanctions, a été une belle occasion pour les autorités maliennes de montrer leurs muscles et de rendre la monnaie de leur pièce. Résultats : les soldats Ivoiriens ont été dépossédés de leur armement et mis à la disposition de la justice malienne avec l’ouverture d’une enquête par le procureur près la Cour d’Appel de Bamako pour « faire toute la lumière sur cette affaire ».
Au même moment, les autorités ivoiriennes appelaient à libérer « sans délai » leurs militaires que le gouvernement du Mali considérait comme des « mercenaires ». Dans ce bras de fer entre deux pays voisins qui se regardent depuis en chiens de faïences, les Chefs d’Etat se sont néanmoins montrés enclins aux pourparlers à commencer par Assimi Goïta qui, lors d’une audience avec le ministre des Affaires Etrangères du Togo, s’est dit ouvert au dialogue et disposé à œuvrer « conformément à l’esprit de fraternité et d’excellentes relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire ». Cela, en vue d’un dénouement heureux de la situation « y compris par la voie diplomatique, dans le strict respect de la souveraineté du Mali ».
Le Togo ayant joué un rôle important dans la levée des sanctions de la Cedeao, le Président de la Transition a donc souhaité que le Togo mène une mission de bons offices entre les parties concernées. C’est ainsi que le ministre togolais des Affaires Etrangères Robert Dussey a réaffirmé la disponibilité du Président Faure Gnassingbe à poursuivre son appui à la Transition et à aider à la résolution de cette situation.
Au lendemain de son passage à Bamako, l’émissaire togolais Robert Dussey a été également reçu à Abidjan par le président Ouattara. Le Chef d’Etat ivoirien a ainsi déclaré remercié son homologue togolais, Faure Gnassingbé, pour son message d’amitié et de fraternité qui lui a été porté par son ministre des Affaires Étrangères ainsi que « pour ses initiatives en faveur de la paix et de la sécurité dans la sous-région ».
A l’issue de ce périple du ministre Robert Dussey et avec la disposition des deux Chefs d’Etat à prêter une oreille attentive au médiateur togolais, on peut affirmer que l’on se dirige indéniablement vers une décrispation de tension et la libération très prochaine des militaires ivoiriens que Bamako accuse de franchir la frontière par effraction pour une mission non officielle.
Alassane Cissouma