Mahmoud Ahmadinejad dans nos murs : Faut-il avoir peur de cet homme ?

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La visite au Mali de l’homme qui inspire  le plus et  à la fois, aversion, fascination et crainte à travers le monde, ne laissera certainement indifférents ni ses détracteurs encore moins les partenaires "amis" de ses hôtes maliens.

L’actualité relative au pays de l’hôte d’Amadou Toumani Touré fait peur, à première vue. Tenez : " L’Iran demande à la Russie de livrer le système antimissile S-300 ", " Iran : 4 trafiquants de drogue pendus " ; "en 2009, au moins 270 personnes ont été exécutées en Iran" ; " Le ministre de la Culture iranien a décrété une liste des coupes "islamiques" autorisées pour les hommes " ; "Israël est "condamné", assure Mahmoud Ahmadinejad " ; " La France appelle l’Iran "à surseoir aux exécutions" d’une Iranienne par lapidation et d’un Iranien qui n’avait que 15 ans au moment des faits " ; " l’ONU intensifie les sanctions contre Téhéran "…

Le monde entier semble avoir mis la tête de l’homme à prix. Le monde entier ? Pas si sûr ! Au moment, en effet où une certaine presse le présente comme le parfait quidam, on peut lire ceci, dans les mêmes colonnes, ou presque:

 " Peugeot : grand bénéficiaire de la vitalité du marché automobile iranien – Iran Khodro, le partenaire du constructeur automobile français, a vendu 360 000 véhicules sous licence Peugeot au cours de l’année fiscale iranienne qui s’est achevée fin mars, contre 270 000 l’année précédente, soit une augmentation de 33% " ; " La Chine s’oppose à l’intensification des sanctions contre l’Iran " ;  "Pékin dénonce les sanctions contre l’Iran" – La Chine a noté que les Etats-Unis et d’autres parties avaient imposé unilatéralement des sanctions renforcées contre l’Iran"" ; " Le président syrien Bachar al-Assad a apporté hier son soutien à l’accord négocié par le Brésil et la Turquie sur un échange d’uranium avec l’Iran "…

C’est à n’y rien comprendre ! Voici donc l’homme, Mahmoud Ahmadinejad, à la fois ange et démon, l’homme à abattre et à cajoler, le mal nécessaire… Le monde entier a les yeux braqués sur ses moindres faits et gestes. Sa visite au Mali ne saurait donc passer inaperçue. Loin s’en faut ! Et pour cause.  

C’est en partance au Nigeria où il doit prendre part au sommet des pays  musulmans que le président iranien a fait une escale de 48 heures à Bamako.  Le Mali est sa première destination en Afrique Noire depuis sa réélection très contestée au mois de juillet 2009.

Aussi, en marge du sommet musulman, sa visite au Nigeria s’inscrit également dans un cadre purement stratégique. Le Nigeria vient de prendre la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies laquelle a récemment voté la  résolution 1929 renforçant les sanctions contre son pays.  Quant aux sanctions européennes, elles  doivent être finalisées le 26 juillet lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères.

La destination Mali, en tout état de cause, n’est pas le fait du hasard. C’est dans le but initial de " renforcer la coopération Nord-Sud " que l’Iranien effectue sa visite à Bamako, 22 ans après l’ouverture de son Ambassade. Ce regain d’intérêt cache bien de non-dits.

A l’issue de son séjour malien, l’hôte d’Amadou Toumani Touré s’est rendu dans la ville spirituelle du Mali,  Tombouctou. Il a d’ores et déjà indiqué que son pays aidera à la restauration des manuscrits du centre Ahmed Baba et à la bonne conservation des archives historiques. C’est seulement après qu’interviendra la question relative au financement de projets de  développement socio-économique du Mali dans les  secteurs de l’agriculture et de l’énergie. Comme pour dire que la coopération culturelle et "religieuse" en particulier passe avant tout.

Les Non-dits d’une visite

En somme, c’est un  secret de Polichinelle que de dire que l’Iran éprouve une grande sympathie pour les dignitaires religieux maliens lesquels se sont particulièrement illustrés par leur opposition au code des personnes et de la famille jugé satanique. Un code finalement renvoyé au calendres grecques par l’Hémicycle, suite à la pression exercée par les associations islamiques. Faut-il, en outre, rappeler que nombre de ces dignitaires religieux maliens sont issus de l’école iranienne ? De nombreuses associations religieuses maliennes sont en effet, d’obédience iranienne. A ce niveau, il faut noter que trois  écoles s’affrontent ici : la tendance iranienne, celle Egyptienne, et dans une certaine mesure, l’école médinoise (de Médine en Arabie Saoudite). La première semble avoir pignon sur rue au Mali.

Dans sa quête de soutiens stratégiques à travers le monde, le Mali ne pouvait donc  mieux tomber pour le président  Mahmoud Ahmadinejad.

L’aspect géopolitique ne semble être la seule motivation du visiteur. Même si rien de spécifique n’a filtré des entretiens avec les hautes autorités maliennes, (il est juste question de la signature d’une convention dont les contours n’ont pas été rendus publics), on imagine aisément que le pays des Ayatollahs n’est pas désintéressé par l’Uranium malien.  

Le Mali, à en croire, des sources officielles, est en passe de devenir le premier producteur d’uranium en Afrique de l’Ouest (lire encadré). L’uranium, cette denrée aujourd’hui plus prisée que l’or ou le pétrole.

Mais comment l’Iran peut-il être intéressé par l’uranium malien pendant qu’il subit pour la quatrième fois consécutive, des sanctions des Nations-Unies justement pour avoir poursuivi son programme d’enrichissement d’uranium ?

Il faut dire d’abord que l’Iran n’a aucunement l’intention d’arrêter son opération d’enrichissement nonobstant la forte pression de l’ONU. Téhéran précise que c’est dans un cadre purement pacifique. Américains et européens ne sont pas de même avis. La Chine et la Russie se montrent réservées. Pour leur part, le Brésil et la Syrie se sont clairement opposées à la décision des Nations Unies. 

A cet effet, Le président syrien Bachar al-Assad a " soutenu l’accord négocié par le Brésil et la Turquie sur un échange d’uranium avec l’Iran. L’accord porte sur l’échange en territoire turc de 1.200 kg d’uranium faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kg de combustible enrichi à 20% destiné au réacteur de recherche médicale de Téhéran ", rapporte l’AFP.

Cet accord tripartite, à en croire les protagonistes,  est " un élément fondamental " dans la perspective d’un retour au calme. Faut-il du coup, s’attendre, dans un proche avenir, à la fin des sanctions contre l’Iran? Nombre d’observateurs le pensent.

A ce stade, rien n’interdira alors, malien et iranien à intensifier les relations commerciales portant sur l’uranium.

Ceci peut expliquer le regain d’intérêt des deux parties de redynamiser une relation diplomatique vieille de 22 ans.

En tout état de cause, le Mali ne sera pas le seul pays à entretenir de bonnes relations avec l’Iran nonobstant les mille et une résolutions de l’ONU et la réticence du groupe de Vienne, à savoir, les Etats-Unis, la Russie, la  France et l’AIEA. Et surtout, ne le dites à personne: certains au sein de ce groupe misent sur l’ouverture du marché iranien à leurs produits !

B.S. Diarra

L’Uranium Malien

La grande convoitise

Il ressort des communiqués émanant de la Direction des Mines, de l’Energie et de l’Eau, et de la société australienne OKLO, l’existence de gisements " avec des niveaux d’uranium,  élevés, largement répandus et avec plusieurs particularités dans la région de Kidal ", une zone d’exploration couvrant au total 19.930 km2. La société australienne, l’une des plus prisées dans ce secteur d’activités a, pour ce motif, investi près d’un million de dollars australiens (plus de 610.000 euros) dans le projet et compte en investir autant pour (les) prochaines phases de l’exploration.

Kidal n’est pas la seule région concernée. La DNGM signale en outre, l’existence d’un grand potentiel d’uranium et de bauxite dans la commune rurale de Faléa (région de Kayes). Ici, la production annuelle d’uranium est estimée à 5 000 tonnes dans une vallée de 150 km2.

A l’heure actuelle, le Niger, avec une production de 5% sur un total mondial de 42.000 tonnes (en 2007), est le premier producteur de la sous région. La Namibie a également une production de 5%, l’Afrique du Sud  8%, le Canada 8%, la Chine 1,2%, les Etats-Unis 6%, l’Australie 23%, Russie 10%, Inde 1,3%, etc. 

Le Mali, avec une production 5.000 tonnes seulement dans la région de Faléa et non compris celle de la région de Kidal, sera bientôt le premier dans la sous et l’un des plus importants producteurs dans le monde. Toute chose à l’origine d’une grande convoitise à l’heure actuelle.

B.S.D

 

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